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Jean-Marc Ayrault somme EELV de sortir de l'"ambiguïté"

Les manifestants à Nantes le 22 février 2014 durant la manifestation des opposants à la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes [Jean-Sebastien Evrad / AFP] Les manifestants à Nantes le 22 février 2014 durant la manifestation des opposants à la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes [Jean-Sebastien Evrad / AFP]

La démonstration de force des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, entachée à Nantes par des heurts violents, a donné lieu dimanche à une passe d'armes entre le Premier ministre socialiste et les écologistes d'EELV, sommés de "sortir de l'ambiguïté" par Jean-Marc Ayrault, ancien élu nantais favorable au projet.

 

Il s'agit d'un nouvel épisode des relations tumultueuses entre partenaires socialistes et écologistes du gouvernement , qui ravive lundi matin dans la presse les spéculations sur un possible remaniement ou une sortie des Verts du gouvernement.

Au lendemain de la manifestation de Nantes, Jean-Marc Ayrault a réaffirmé que les violences l'ayant émaillé étaient "inacceptables dans un Etat de droit". "Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la Zad (zone d'aménagement différé dédiée à l'aéroport, ndlr), organisateurs délibérés de ces violences", a déclaré le Premier ministre dimanche à Presse-Océan, avant d'ajouter: "EELV doit sortir de l'ambiguïté".

 

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Cécile Duflot à Strasbourg le 6 septembre 2013 [Patrick Hertzog / AFP/Archives]
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Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Cécile Duflot à Strasbourg le 6 septembre 2013
 

Plusieurs voix dans l'opposition soulignaient au même moment, pour s'en étonner, l'absence de réaction au sein du gouvernement aux déclarations de la ministre écologiste Cécile Duflot, qui se disait samedi matin -avant la manifestation qui allait dégénérer- "de coeur" avec la mobilisation, et rappelait son opposition "ancienne" au projet d'aéroport.

"Ce qui me choque, ce n’est pas qu’elle reste au gouvernement" mais qu'"un président de la République et un Premier ministre laissent faire ça", a commenté sur RCJ le député UMP Benoist Apparu, prédécesseur de Mme Duflot au ministère du Logement.

"Donc elle soutient aussi les casseurs si elle ne les condamne pas", a lancé la présidente du Front national Marine Le Pen sur France 3, "ça va être sympathique le prochain Conseil des ministres, il va y avoir de l'ambiance!".

Heurts entre les manifestants et la police à Nantes, le 22 février 2014, en marge de la manifestation contre la construction de l'aéroport Notre Dame des Landes [Frank Perry / AFP]
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Heurts entre les manifestants et la police à Nantes, le 22 février 2014, en marge de la manifestation contre la construction de l'aéroport Notre Dame des Landes
 

Arnaud Montebourg, plusieurs fois en désaccord avec Mme Duflot par le passé, est venu à son secours au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. "Je ne pense pas qu'elle aurait dit la même chose si elle avait vu ce qui s'était passé, on peut lui prêter quand même cette intelligence-là, cette délicatesse-là quand même", a déclaré le ministre du Redressement productif.

Côté écologistes, faute de nouvelle prise de parole de Mme Duflot, c'est Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-les Verts, qui est montée au créneau pour rappeler la prise de distance "claire" de son parti par rapport à la minorité d'"éléments perturbateurs" parmi les manifestants.

EELV "a toujours dénoncé les actes de violence", a affirmé Mme Cosse à l'AFP, précisant s'en être entretenu à la mi-journée avec M. Ayrault pour lever l'"ambiguïté" reprochée.

- 'Urgent que les états-majors se rencontrent' -

 

La présence de Mme Duflot au gouvernement est-elle menacée ? "Il n'y a pas de débat", a rétorqué la numéro un écolo. Elle a souligné que dès 2011, quand écologistes et socialistes négociaient ensemble une plate-forme de gouvernement, le projet de Notre-Dame-des-Landes était un des deux sujets de désaccord, "acté des deux côtés".

De fait, cet accroc dans le partenariat PS-EELV resurgit dans une période particulièrement difficile pour la majorité. Le tournant social-démocrate de François Hollande avec son pacte de responsabilité suscite des doutes chez les ténors écologistes, à l'unisson avec l'aile gauche du PS, sur fond d'impopularité chronique pour l'exécutif.

Emmanuelle Cosse, après Mme Duflot la veille, rappelait aussi, dimanche dans le JDD, les fortes attentes de son parti quant à la transition énergétique, avertissant d'une possible "rupture" avec le gouvernement sur ce projet de loi qui doit être présenté en juin au Conseil des ministres.

Sans parler du sort des actuels ministres EELV --Cécile Duflot et Pascal Canfin (délégué au Développement)--, Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écolos, a évoqué vendredi le scénario d'un remaniement après les élections européennes du 25 mai, pour un "nouvel élan à l'équipe" qui resterait dirigée par Jean-Marc Ayrault. Une manière de faire allégeance.

Faut-il alors relativiser les divergences de vue sur Notre-Dame-des-Landes ? Pour Emmanuelle Cosse, personne ne doit chercher à "utiliser" ce dossier contre EELV.

"Je n'accepte ni les violences ni les propos qui laisseraient entendre de la part d'EELV une soi-disant compréhension de ces actes", a martelé la dirigeant écologiste, alors que le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, a mis en demeure "l'opposition institutionnelle" au projet de "cesser d'être la vitrine légale d'un mouvement armé".

Pour Jean-Philippe Magnen, vice-président EELV du conseil régional des Pays de Loire, "il est urgent que les états-majors (politiques) se rencontrent pour dire que ce projet, ça prend trop d'importance pour qu'on ne trouve pas une solution qui peut être un moratoire, un réexamen, un référendum sur les deux régions", Pays de Loire et Bretagne.

 

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