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Noël Mamère : "Emmanuelle Cosse est un rouage de la firme"

Le député Noël Mamère, le 21 novembre 2012 Le député Noël Mamère, le 21 novembre 2012 [Miguel Medina / AFP/Archives]

Sur fond de divisions internes, Emmanuelle Cosse a succédé samedi à Pascal Durand à la tête d'Europe Ecologie-Les Verts. Pour le député écologiste Noël Mamère, qui a quitté le parti fin novembre, l’élection de cette proche de Cécile Duflot ne devrait pas changer la donne pour le parti.

 

Que pensez-vous de l’élection d’Emmanuelle Cosse ?

C’est une élection sans surprise. Je connais bien Emmanuelle Cosse. C’est une jeune femme de qualité, bosseuse, mais elle est aussi très politique. C’est une proche de Cécile Duflot et donc un des rouages de ce que j’ai appelé la firme.

 

Peut-on parler de «firme» alors qu’elle n’a obtenu que 55% des voix ?

Ce qui est révélateur du malaise, c’est moins son score que la faible participation. Sur les 11.000 adhérents qu’il nous reste, à peine la moitié a voté lors du congrès. Il y a donc plus qu’une bouderie, mais de lourdes interrogations sur notre parti, sur sa ligne politique et son mode de gouvernance.

 

Il reste peu de temps avant les élections. Que peut-elle faire pour redresser le cap?

Je pense que sa marge de manœuvre est très étroite. Elle est prise en tenaille entre les différentes sensibilités du parti. Elle risque d’être condamnée à une forme d’immobilisme. Au moment où les écologistes sont très faibles, ce n’est pas ce qui va nous permettre de revenir dans le jeu.

 

Vous soutenez que le départ des deux ministres verts du gouvernement serait bénéfique pour l’écologie…

Aujourd’hui, je pense que notre participation au gouvernement nous coûte plus qu’elle nous rapporte. D’un côté, nous avons deux ministres qui font bien leur boulot mais de l’autre, nous perdons sur tous les tableaux.

La conférence environnementale n'a été qu’une mascarade, le gouvernement s’apprête à allonger l’espérance de vie des centrales nucléaires, il recule sur la taxation sur le diesel. Quant à l’écotaxe, elle n'est que le bouc émissaire d'un système productiviste agricole parvenu à ses limites en termes social et environnemental en Bretagne.

 

En temps de crise, l'opinion ne se soucie guère d'écologie. On le voit avec l’écotaxe. Comment y remédier ?

Je pense que nous ne pouvons pas limiter le rôle de l’écologie à la question de l’écotaxe. Il serait stupide de dire que l’écologie n’a pas infusé dans la société française. Nos idées ont largement avancé. Les écologistes n’ont jamais été aussi présents dans les institutions, mais, paradoxalement, jamais l’écologie n’a autant été considérée comme une punition collective.

Au moment où la crise est forte, les Français pensent plus à leur survie ou à leur pouvoir d’achat. C’est pourquoi nous devons faire un travail pédagogique. Il faut expliquer que l’écologie est un outil qui permet à la fois de lutter contre les injustices sociales et contre les injustices environnementales. L’écologie est une urgence. C’est une des réponses à la crise qui, malheureusement, est mise sous le boisseau par ce gouvernement.

 

Pourquoi EELV ne parvient pas à faire ce travail de pédagogie ?

Le problème, c’est qu’Europe Ecologie-Les Verts est avant tout un syndicat d’élus et de salariés d’élus. Tout ce petit monde se tient. C’est ça qui me désespère, c’est que nous sommes en train de vider politiquement l’écologie, en la condamnant à devenir, petit à petit, une sorte de parti radical vert. Alors que les idées que nous portons et notre projet de société méritent beaucoup mieux que ça.

 

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