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Ralliés qui repartent, exclusions: les accrocs à la "dédiabolisation" du FN

La présidente du FN Marine Le Pen lors d'un meeting à Paris le 17 novembre 2013 [Bertrand Guay / AFP/Archives] La présidente du FN Marine Le Pen lors d'un meeting à Paris le 17 novembre 2013 [Bertrand Guay / AFP/Archives]

La stratégie de "dédiabolisation" de Marine Le Pen connaît des accrocs à l'occasion des municipales avec des candidats récemment ralliés rebroussant chemin et d'autres exclus pour dérapages.

Depuis début novembre, trois ralliés plus ou moins récents, Nadia Portheault (Haute-Garonne), Arnaud Cléré (ex-UMP, Somme) et Anna Rosso-Roig (ex-PCF, Bouches-du-Rhône) ont annoncé avec fracas quitter le Front national ou le Rassemblement Bleu marine.

A chaque fois, les ralliés justifient leur départ en dénonçant des propos ou des attitudes qu'ils jugent extrémistes. Mme Portheault a par exemple annoncé le sien en mettant en cause un responsable FN de Haute-Garonne qui aurait dit qu'il "faut tuer tous les Arabes".

Autre point commun, Marine Le Pen et la ligne officielle du parti ne sont pas directement mis en cause: c'est la base militante, qui serait trop radicale. "Quand j'écoutais Marine Le Pen, je pensais que ce genre de personnage n'existait plus dans le FN", a par exemple affirmé M. Cléré.

Ces départs s'ajoutent aux cas de futurs candidats aux municipales écartés pour dérapages, comme celui, retentissant, d'Anne-Sophie Leclere, suspendue après avoir assumé un photomontage comparant Christiane Taubira à un singe, et qui devrait être bientôt exclue.

La base militante du FN est-elle radicale? "Plusieurs nouveaux adhérents m'ont fait part de leur surprise de constater qu'il y avait des discours racistes, homophobes, sexistes à l'intérieur du parti", raconte à l'AFP Sylvain Crépon, sociologue auteur d'une Enquête au coeur du nouveau FN (Editions Nouveau Monde).

Selon lui, "il y a vraiment beaucoup de gens sincèrement choqués, mais le fait est qu'on peut tenir de tels propos dans l'entre-soi militant du FN sans trop risquer". C'est leur "publicisation" qui pose problème.

"Que la base militante n'ait pas beaucoup évolué sur les préjugés ethnocentristes, c'est la découverte de l'eau chaude", ironise Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, interrogé par l'AFP.

"Epiphénomènes, manipulation"

Engagé dans une course contre le temps pour former ses candidats aux municipales, "15.000" selon Marine Le Pen, et forcément plus nombreux que pour des législatives, le Front national rejette en bloc l'idée d'une différence entre la tête et le corps.

La députée Marion Maréchal-Le Pen et le président d'honneur du FN Jean-Marie Le Pen assistent à un meeting du parti à Paris le 17 novembre 2013 [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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La députée Marion Maréchal-Le Pen et le président d'honneur du FN Jean-Marie Le Pen assistent à un meeting du parti à Paris le 17 novembre 2013

"On serait entourés de gens qui seraient là : +les bougnoules, les noirs+, avec des croix gammées. Ridicule", a jugé mardi la députée FN du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen.

"J'ai déjà entendu +bougnoule+, +négro+, etc." dans la bouche de militants FN, se souvient pourtant M. Crépon. "Quand ils oublient la présence de l'observateur extérieur, on entend toujours ressortir des propos racistes", dit-il.

Marine Le Pen, interrogée par l'AFP sur ces écarts et ces départs, y voit des "épiphénomènes" qui sont "évidemment" des cas individuels.

Arnaud Cléré? De "la grosse magouille copéiste". Nadia Portheault? La patronne du FN a "un enregistrement téléphonique où (l'ex-candidate) dit qu'elle n'a jamais entendu ce qu'elle dit qu'elle a entendu". Anna Rosso-Roig? Du "chantage", selon Marine Le Pen, qui l'accuse d'avoir "dit mot pour mot : +Si je n'obtiens pas ce que je veux, j'irai voir la presse+".

Pressentie pour être deuxième de liste dans un secteur de Marseille, selon plusieurs sources, cette candidate "quitte un parti qui précisément allait lui assurer un siège: il y avait très certainement une part de conviction" dans sa décision de partir, conteste M. Camus.

Marine Le Pen, qui conteste l'étiquette d'extrême droite, voit dans "cette campagne contre le FN" la main "d'organismes politiques et de journalistes se comportant en police politique".

La gauche et l'UMP diabolisent-ils le FN? Jean-Yves Camus observe une "multiplication des initiatives contre le FN et la montée de l'extrême droite, qui à (son) avis, ne procèdent pas d'une génération spontanée".

D'après lui, "le système désigne le FN comme son adversaire principal, c'est une stratégie imprudente, elle lui donne un espace médiatique incontestablement supérieur à ce que les intentions de vote en sa faveur aux municipales devraient lui accorder".

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