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François Bayrou : "On peut s'allier sans être soumis"

François Bayrou, le 26 septembre 2013.[JACQUES WITT / SIPA / POUR DIRECT MATIN]

Passé dans l'opposition au gouvernement, le président du MoDem François Bayrou souhaite un centre rassemblé en vue des prochaines élections.

 

Il y a un an, il s’était prononcé en faveur de François Hollande lors du second tour de la présidentielle. Désormais, le président du Modem, François Bayrou, se place dans une opposition franche au gouvernement  et souhaite s’allier à l’UDI (Union des démocrates et indépendants) de Jean-Louis Borloo.

Lors de l’université de rentrée de son parti qui se tiendra ce week-end à Guidel (Morbihan), le patron du Modem devra convaincre ses troupes du bien-fondé de ce mariage de raison et tenter de rassurer les plus réticents. Le rapprochement doit déboucher sur des accords aux municipales et aux européennes de 2014, et sur la création d’une nouvelle force centriste.

 

En vous rapprochant de l’UDI, ne renoncez-vous pas à un centre indépendant de l’UMP ?

Si le centre est le centre, il est indépendant. Entre l’UDI et le MoDem, les points de vue se sont rapprochés. Jean-Louis Borloo a jugé que l’UMP ne pouvait plus représenter « la droite et le centre ». Et le pouvoir actuel est si décevant que je suis un opposant. Le centre peut donc se rassembler. Bien sûr il faut des alliances, mais sans être soumis et sans perdre sa liberté de jugement.

 

Certains au sein de vos troupes sont tout de même inquiets...

On ne peut pas prétendre rassembler les Français si on ne rassemble pas les plus proches de soi, ceux avec qui on partage une certaine vision de la France, de l’Europe, des priorités de l’action publique, de l’économie.

 

Qu’est-ce que le MoDem peut apporter à l’UDI ?

L’UDI a une sensibilité de centre droit. Le MoDem de son côté apporte la garantie d’un centre indépendant. Si nous additionnons nos forces, il y aura du changement dans la politique française.

 

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"L’élection présidentielle est une échéance cruciale pour un mouvement politique, mais il ne faut pas en faire une obsession"
 

 

En quoi ferez-vous la différence par rapport aux autres partis ?

Aujourd’hui, il y a 70% des Français qui sont désespérés de la politique parce que les deux grands partis les ont déçus. Le rapprochement du MoDem et l’UDI peut faire naître un organisme vivant mieux adapté aux temps qui viennent. En nous rapprochant,  nous montrons que nous mettons les ambitions personnelles au second plan. C’est une entreprise de rénovation civique.

 

Où en sont vos négociations concernant les élections municipales et européennes ?

La première marche de notre rassemblement s’est évidemment formée autour de la perspective des élections européennes. Au printemps, le débat européen promet d’être rude. Il faut donc être ensemble pour le défendre et le rénover. Mais cela ne peut se faire que dans un projet de long terme. Pour les municipales, le MoDem et l’UDI ont une ligne commune dans 90% des villes.

 

Vous songez à vous présenter à la mairie de Pau ?

Quand je parlerai des élections à Pau, je le ferai de Pau. C’est la ville de ma vie. Elle a besoin d’une nouvelle convivialité, d’un nouveau rayonnement. Il faut donc un changement dans sa gestion. Mais pour obtenir ce changement, il faut écarter les divisions. Mon rôle actuel, c’est d’être un fédérateur.

 

Que contiendra la charte que vous allez signer en novembre?

Ce texte doit rappeler nos valeurs communes, préciser notre méthode politique, et dire quelle forme d’organisation nous allons adopter. Chacun doit être respecté dans son histoire, son identité et sa fierté.

 

A quoi ressemblera cette nouvelle force politique ? Cela signifie-t-il la fin du MoDem et de l’UDI ?

L’organisation de notre maison commune doit être amicale, solide et souple. C’est en tout cas comme cela que je le vois. Le MoDem et l’UDI ont chacun leurs vertus, leur originalité. Il faut les additionner, leur permettre de se découvrir, avec les équipes, les projets qui sont les leurs. Réunis, ils iront plus loin que séparés et ils intéresseront davantage les Français.

 

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"François Hollande n’est pas à ce rendez-vous, alors qu’il avait beaucoup d’atouts"
 
 
 

 

Vous avez été le troisième homme en 2007. N’êtes-vous pas le candidat naturel du centre pour 2017 ?

Il n’y a pas de candidat naturel. Et ce n’est pas mon but dans cette construction d’une force nouvelle. L’élection présidentielle est une échéance cruciale pour un mouvement politique, mais il ne faut pas en faire une obsession.

 

Le chômage a baissé. Croyez-vous à l’inversion de la courbe avant la fin de l’année ?

Par les emplois aidés, et par des dizaines de milliers de radiation de Pôle emploi, on obtient une inflexion dans les chiffres.  Mais la vraie réalité du chômage ne change pas. Je ne serai pas satisfait tant qu’il n’y aura pas une inversion réelle du chômage sur le terrain. C’est cette solution durable qui n’apparaît pas.

 

Vous placer dans l’opposition à François Hollande, est-ce admettre que vous vous êtes trompé en vous prononçant pour lui lors de la présidentielle ?

Des millions de Français voulaient une alternance. Y compris parmi ceux qui n’étaient pas de gauche. Ils voyaient les tensions monter. C’est un grand danger en temps de crise. Mais ils attendaient aussi que le nouveau pouvoir prenne à bras le corps les problèmes du pays. François Hollande n’est pas à ce rendez-vous, alors qu’il avait beaucoup d’atouts. La politique suivie ne va pas dans le bon sens. J’en suis donc un opposant.

 

Manuel Valls estime que l’intégration des Roms est illusoire. Quelle est votre position?

D’abord l’urgence ! Il faut poursuivre réellement les réseaux qui exploitent la misère des femmes et des enfants en les installant sur le trottoir soit pour la mendicité agressive, pour le vol ou, encore plus grave, pour la prostitution. Quant à leur intégration, il faut la garantir d’abord dans leur pays d’origine, où ils sont si souvent dans la misère noire et la plus terrible discrimination.

 

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