Avec « Et la France se réveilla » (éditions du Toucan), Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville retracent en 20 dates clé l’histoire de la « Manif pour tous » (troisième et dernière partie).
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À propos de leader, justement, quel peut-être l’avenir de Frigide Barjot qui fut la figure la plus visible de la LMPT ?
VTV : Frigide Barjot a réussi une extraordinaire percée médiatique. Elle a donné à ce mouvement incertain une visibilité inouïe. Grâce à elle, la LMPT a bénéficié de reprises dans les médias, sur les chaînes d’info en continu ou sur les réseaux sociaux. Mais le phénomène LMPT n’est pas que médiatique et Frigide Barjot a été confrontée à un retour au réel, plus profond, plus radical. Elle a cependant montré sa capacité à enchaîner les plateaux, à débattre, à subir les moqueries ou les humiliations. Rien ne permet de conclure que nous ne la reverrons plus.
Frigide Barjot, Ludovine de La Rochère, Béatrice Bourges… Avez-vous été surpris par la présence massive des femmes à la tête de l’opposition au mariage gay et à l’adoption par des couples homosexuels ?
RS : On a souvent entendu que la LMPT obéissait à une organisation de « bisounours ». Mais dans les coulisses, c’est plutôt un combat d’amazones que l’on pouvait observer. Mais par-delà leurs différences et leurs divergences, ces femmes issues de la société civile, ont également réagi en tant que mères de familles, opposées aux conséquences annoncées de la loi Taubira.
Lors de l’université d’été de la Manif pour Tous qui s’est tenue le week-end dernier, on a constaté la présence de nombreux élus de l’UMP. Y a-t-il possibilité de récupération politique ?
VTV : La LMPT est débutante en politique. Aujourd’hui, elle peut tomber sur deux écueils. Le premier serait de maintenir l’illusion naïve que l’on peut exister sans prendre en compte le jeu politique. Le second, au contraire, serait d’en faire immédiatement un mouvement politique comparable aux autres. Le chemin qui semble le plus porteur pour l’avenir serait de se positionner comme un agent d’influence et vivier humain sur tout le spectre politique. A la manière de ce que fut SOS-Racisme ou les mouvements écologistes.
Quels seront les prochains combats de la LMPT ?
RS : Les premières initiatives ont déjà été prises avec la mise en place de comités de vigilance dans les écoles pour s’assurer que la théorie du genre n’y est pas enseignée. On peut par ailleurs s’attendre à l’exercice d’une forte pression sur les partis politiques de droite et leurs candidats à l’approche des prochaines élections municipales et européennes. Enfin, en pointillés, les militants de la LMPT sont dans une position d’alerte permanente face à un éventuel retour de l’ouverture de la PMA aux couples homosexuels.
Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef du Figaro Hors-Série et du Figaro Histoire. Raphaël Stainville est journaliste politique au Figaro Magazine.