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Trémolet / Stainville : "La Manif pour Tous est comparable à SOS-Racisme" (2/3)

Vincent Trémolet de Villers (g) et Raphaël Stainville, ont enquêté sur la "Manif pour Tous".[Patrick Iafrate]

Avec « Et la France se réveilla » (éditions du Toucan), Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville retracent en 20 dates clé l’histoire de la « Manif pour tous » (deuxième partie).

 

 

Lire la première partie de l'interview

 

(...)

Vous avez rencontré de nombreux cadres de l’UMP au cours de votre enquête. Ont-ils été changés par cette mobilisation ?

VTV : Indéniablement ! L’UMP, l’UDI et même le Front National ont été débordés par un mouvement qu’ils n’ont pas vu venir avant de tenter de le récupérer.  Si un Guillaume Peltier est culturellement et politiquement proche de ceux qui composent la LMPT, un Laurent Wauquiez nous a confié avoir été littéralement transformé par la mobilisation. Quant à Xavier Bertrand, il estime qu’il s’agit d’un mouvement profond qui pèsera lourd à droite notamment lors des primaires de 2016. On ne dit plus, à droite, qu’il est impossible de revenir sur une loi sociétale. 88 députés UMP préconisent déjà son abrogation, tandis que beaucoup de leaders de droite souhaitent la toiletter de telle manière qu’il n’en restera presque plus rien.

 

Quels sont les éléments qui ont le plus marqué ces leaders ?

RS : La mobilisation de la jeunesse les a particulièrement frappés. Il faut se souvenir comment l’UMP considérait la jeunesse. En cinq ans, on est passée du « lipdub » de Benjamin Lancar aux bougies des « Veilleurs » qui lisent Dostoïevski, Vaclav Havel, sainte Catherine de Sienne, Gramsci ou Nelson Mandela ! Ils ont découvert une jeunesse nombreuse, énergique et inventive avec laquelle ils vont devoir compter.

 

La Manif pour Tous bouleverse-t-elle l’échiquier politique à droite ?

VTV : Les débats qui agitent l’UMP en raison des récents propos de François Fillon ne sont pas étrangers à ces mouvements. « L’abolition des frontières entre droite (s) et extrême- droite est le principal acquis de la Manif pour tous » a d’ailleurs écrit  Julien Dray. Parmi les manifestants, des électeurs de l’UMP, du centre et du FN ont défilé côte à côte, réalisant dans la rue l’union qui n’existe pas encore dans les urnes. Des digues sont tombées : il y aura à moyen terme des conséquences électorales.

 

Comment la gauche analyse-t-elle la LMPT ?

RS : Jean-Christophe Cambadélis qui est un vieux sage de l’action militante - acquise lorsqu’il était leader étudiant et faisait office de courroie de transmission entre l’Élysée et l’UNEF - qualifie la LMPT de « street party » : un mouvement né dans la rue, qui n’a pas été conçu auparavant. Il pointe deux faiblesses majeures dans ce mouvement : des leaders en nombre trop limité, et une expérience de la rue encore insuffisante pour former une vraie génération politique (...)

 

Lire la troisième et dernière partie

 

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