En direct
A suivre

Municipales : le FN rêve de jouer les arbitres à Marseille

Marine Le Pen le 10 juillet 2013 à Nanterre [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Marine Le Pen le 10 juillet 2013 à Nanterre [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Et si le FN jouait les arbitres des municipales à Marseille? L'hypothèse prend corps, à l'aune d'un nouveau sondage confirmant sa percée des dernières échéances électorales et du débat récurrent sur la violence, entretenu par une série de règlements de comptes mortels.

 

Selon un sondage paru dans le Journal du dimanche le 8 août, le parti lepéniste, qui tient son université d'été ce week-end à Marseille, recueillerait 25% des voix au premier tour, derrière une liste UMP à 34% conduite par le sortant UMP Jean-Claude Gaudin et devant une liste PS (21%).

Ces chiffres doivent être certes appréciés avec précaution au vu de la marge d'erreur (entre 1,6 et 3,8 points) et du fait que le PS, qui organise une primaire en octobre, n'a pas encore choisi son candidat.

Jean-Claude Gaudin le 5 septembre 2013 à Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Jean-Claude Gaudin le 5 septembre 2013 à Marseille
 

Ils n'en confortent pas moins ceux de juillet. Le FN y était toujours à 25%, l'UMP à 32%, et le PS à 23%. Et dans les deux cas, le FN serait à 22% au second tour, distancé par l'UMP (40%) et une liste d'union de la gauche (38%).

"Il ne s'agit pas d'un coup d'éclat +sondagiste+. Nous nous sommes enracinés," clame le délégué départemental du FN Stéphane Ravier. "Je ne me bats pas pour grapiller un poste de conseiller municipal. Même si nous n'emportons pas la mairie, nous devrions avoir un groupe important. Ceux qui auront la majoriré devront composer avec nous. Finies les réunions entre-soi!", promet-il.

Son parti ne compte aujourd'hui qu'un élu au conseil municipal, et trois conseillers dans les mairies de secteur. L'âge d'or -- relatif -- du FN à Marseille remonte à 1995, avec 9 élus.

"A ce rythme, il est à craindre que le FN ravisse une mairie de secteur. Ces chiffres ne me surprennent pas, ils reflètent ce que je ressens sur le terrain. Ils sont le résultat de 30 ans d'abandon de la ville", reconnaît Samia Ghali, sénatrice PS et maire de secteur dans les quartiers nord, les plus défavorisés. C'est dans une zone proche que Stéphane Ravier avait manqué d'un rien la députation en juin 2012, renvoyée en correctionnnel pour détournement de fonds publics: 50,99% contre 49,01%.

Michel Vauzelle et  Jean-Noël Guérini le 7 septembre 2013 à Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Michel Vauzelle et Jean-Noël Guérini le 7 septembre 2013 à Marseille
 

Le FN ne manque évidemment pas d'exploiter les divisions internes et ennuis judiciaires du PS local (mise en examen du patron du conseil général Jean-Noël Guérini, mise sous tutelle de la fédération), sans épargner "l'immobilisme" de M. Gaudin, en poste depuis trois mandats.

"Cette poussée du FN remonte même aux cantonales de 2011, où il avait placé des candidats au second tour dans tous les cantons, y compris d'illustres inconnus", observe Nicolas Maisetti, politologue à Sciences Po Aix.

"Depuis, Stéphane Ravier s'est construit une notoriété. Le FN pourrait se retrouver en position d'arbitre, entre deux groupes UMP et PS très proches. Quelle sera alors la position de l'UMP, dont certains poids-lourds locaux sont très marqués à droite", poursuit M. Maisetti. Dans La Provence, Jean-Claude Gaudin a esquivé le sujet: "je ne travaille pas et je ne réagis pas en fonction du Front national".

A gauche, l'inquiétude est manifeste.

"Le risque que le FN constitue un groupe suffisamment fort pour jouer les juges de paix au conseil municipal est réel", commente Marie-Alette Carlotti, candidate PS aux primaires. "Pendant que tous les élus travaillent sur un +pacte+ pour Marseille, il n'ouvre pas la bouche, espérant tirer son épingle du jeu de la situation compliquée dans laquelle se trouve la ville, où il n'y a plus de pilote à bord".

Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle le 4 mars 2012 à Marseille [Gerard Julien / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle le 4 mars 2012 à Marseille
 

Voulu par Manuel Valls, ce "pacte" pour Marseille vise à trouver des réponses pour éradiquer le trafic de drogue à l'origine d'une bonne partie des 15 règlements de comptes mortels de l'année à Marseille.

"Je ne vais pas nier qu'on profite de ce climat d'insécurité", reconnaît M. Ravier, tout en expliquant qu'il demande "depuis 2008 le développement de la vidéo-surveillance et le triplement des effectifs de la police municipale".

La menace conduit certains leaders PS comme Mme Carlotti à militer pour une liste "élargie du Modem au Front de gauche en passant par les Verts, dès le premier tour". Les Verts, à ce stade, ne l'entendent pas de cette oreille. "Nous ne voulons pas d'une liste sauve-qui-peut, avec d'affreux héritiers du système! Contractualisons après le premier tour", objecte déjà Sébastien Barles, porte-parole régional d'EELV.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités