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Après son tweet, Vialatte, veut faire œuvre de "réparation"

Le député UMP Jean-Sébastien Vialatte, le 11 mars 2002 sur la presqu'îlele  du Gaou à Six-Fours [Eric Estrade / AFP/Archives] Le député UMP Jean-Sébastien Vialatte, le 11 mars 2002 sur la presqu'îlele du Gaou à Six-Fours [Eric Estrade / AFP/Archives]

Le député UMP Jean-Sébastien Vialatte, poursuivi pour "provocation à la haine raciale", a signé mercredi un "protocole de médiation" avec la Fondation du mémorial pour la traite des Noirs, en guise de "réparation" après un tweet raciste.

Le 13 mai, lors des violences autour du sacre du PSG au Trocadéro, à Paris, M. Vialatte, maire de Six-Fours-les-Plages (Var), avait écrit sur le réseau social Twitter: "Les casseurs sont sûrement des descendants d'esclaves, ils ont des excuses #Taubira va leur donner une compensation!"

Le message avait provoqué un tollé général.

Mercredi, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée, M. Vialatte et le président de la Fondation du mémorial pour la traite des Noirs, Karfa Sira Diallo, ont signé un "protocole de médiation".

Selon ce document, l'élu s'engage à "dénoncer des déclarations racisantes qui attaquent l'unité nationale" et "œuvrer à la déconstruction des clichés racistes qui confondent +population noire+, +descendants d'esclaves+ et +délinquants+", "organiser une exposition, dans le cadre du centenaire d'Aimé Césaire, sur la mémoire de l'esclavage et un colloque" le 5 octobre dans sa commune, et "initier un festival culturel annuel sur l'esclavage chaque 27 avril", date anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France le 27 avril 1848.

En conséquence, la fondation a retiré sa plainte pour "provocation à la haine raciale" déposée à Toulon. Mais le retrait de la plainte "n'éteint pas l'action publique", a rappelé M. Vialatte, le procureur de Toulon (tout comme celui de Paris où une autre association a déposé une plainte similaire) pouvant décider de poursuivre malgré tout.

L'élu a indiqué avoir signé ce protocole "parce (qu'il a) eu l'impression de blesser", "on est bien dans un protocole de réparation".

"Je me suis rendu compte que cette blessure était réelle quand M. Diallo et ses amis sont venus à Six-Fours-les-Plages" manifester devant la mairie, a précisé M. Vialatte.

"Le député Jean-Sébastien Vialatte a bien entendu franchi une ligne rouge", mais "la fondation a choisi une solution inédite" car "le maire nous a démontré son engagement ferme contre le racisme et le FN qui fait 45% aux élections" dans le Var, a expliqué M. Diallo.

"Cela peut surprendre (...) que nous fassions une médiation dans cette affaire", a-t-il admis. "Je ne suis pas sûr que si j'avais subi la même attaque, aussi violente que celle subie par le député Vialatte un samedi matin devant sa mairie, je serais revenu m'asseoir avec mes adversaires. (...) C'est là que j'ai décidé de retirer la plainte, quand il m'a cité Aimé Césaire: +Le crayon de Dieu lui-même n'est pas sans gomme+".

Egalement présent, Roger Anglo, président de l'Union nationale de l'outre-mer et de la Fédération des associations africaines et créoles, avait considéré le tweet comme "particulièrement insultant", pour finalement juger "plus efficace d'entreprendre une action pédagogique plutôt que ressasser les dérapages du passé".

Quant à Claudy Siar, ex-délégué interministériel à l'Outre-mer, il a déploré la mollesse du "fouet médiatique" dans cette affaire: "quel modèle de société allons-nous donner à nos générations futures? (...) Nous avons une vraie vision de ce que pourrait être la France, mais surtout de ce qu'elle est aujourd'hui. Et que sera-t-elle demain?"

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