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Valls face au défi corse

Manuel Valls. Manuel Valls.[AFP]

C’est son troisième voyage sur l’île en moins d’un an. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est arrivé hier en Corse pour une visite de deux jours.

Un déplacement où il sera surtout question de l’insécurité qui sévit sur l’île. Il y a quelques jours, un homme a été abattu, devenant ainsi la onzième victime depuis le début de l’année d’une vague de violence et de règlements de compte que rien ne semble être en mesure d’endiguer.

Le ministre, qui a pris à bras-le-corps cette problématique, se sait attendu. Le dossier corse n’est pas une condition sine qua non pour la suite de sa carrière mais un renversement de tendance serait un joli fait d’armes.

 

Un discours de fermeté apprécié

La méthode Valls consiste en un discours de fermeté. «Nous ne lâcherons rien !», martelait-il hier dans Corse-Matin. Chaque homicide commis sur l’île depuis son arrivée place Beauvau a d’ailleurs été suivi d’une réaction de sa part.

En octobre, pour la première fois, le mot de «mafia» avait été utilisé, tranchant avec le discours de ses prédécesseurs. «Sur les mots, je salue sa fermeté, analyse Hélène Constanty, journaliste et auteur de Razzia sur la Corse (Fayard). D’autant que longtemps l’Etat ne s’est intéressé qu’à la menace nationaliste, mettant de côté le banditisme qui a prospéré dans son coin.»

Au-delà des mots, le ministre a promis un renforcement des moyens. La police judiciaire devrait bénéficier cette année de 23 recrues supplémentaires et la section de recherche de la gendarmerie de 15 militaires.

Mais, pour les observateurs, on est encore loin du compte. «Quand les responsables de la lutte anti-mafia italiens se déplacent en Corse, ils sourient face au manque de moyens», juge Jean-Michel Verne, auteur de Main basse sur la Corse (Nouveau Monde).

 

Un accueil glacial

Mais la méthode Valls basée sur des déclarations chocs et un volontarisme affiché a aussi ses écueils. Hier, lors de son arrivée, plusieurs élus de l’Assemblée de Corse avaient décidé de boycotter la rencontre pour protester contre ses propos du mois d’avril dernier, où il avait affirmé que la violence est «enracinée dans la culture» insulaire.

Une déclaration publiée hier dans Corse-Matin, où Valls jugeait qu’il n’était «pas concevable qu’il y ait sur une partie du territoire, une deuxième langue officielle (le corse, ndlr)», prenait, elle, à rebours les propositions votées en ce sens par l’Assemblée de Corse il y a quelques semaines. Le ministre est également peu populaire auprès des habitants.

Dans un sondage paru en décembre, 68 % des Corses ont des doutes face à son discours sur la violence. Un manque de confiance qui risque de ne pas faciliter le travail des forces de l’ordre. Sur l’île, les témoignages ne se bousculent pas. «Les gens ont peur de parler et ils ont raison, confie Hélène Constanty. La criminalité a infiltré tous les réseaux.»

 

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