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Affaire Tapie : Lagarde échappe à la mise en examen

La directrice générale du FMI Christine Lagarde sort de sa deuxième journée d'audition à la CJR, le 24 mai 2013 à Paris [Jacques Demarthon / AFP] La directrice générale du FMI Christine Lagarde sort de sa deuxième journée d'audition à la CJR, le 24 mai 2013 à Paris [Jacques Demarthon / AFP]

Christine Lagarde a été placée vendredi sous le statut de témoin assisté par les magistrats de la Cour de justice de la République (CJR) dans l'enquête sur le règlement en 2008 du litige avec Bernard Tapie après la vente d'Adidas.

Elle échappe donc à la mise en examen, le statut de témoin assisté étant intermédiaire entre celui de témoin et de mis en examen.

Le FMI évoquera "dans les prochains jours" la situation de sa directrice générale, après lui avoir apporté sa confiance "à plusieurs reprises", a annoncé l'institution.

"Mon statut de témoin assisté n'est pas une surprise pour moi puisque j'ai toujours agi dans l'intérêt de l'Etat et conformément à la loi", a déclaré à la presse la patronne du Fonds monétaire international (FMI) à l'issue de deux jours d'audition par la CJR.

"Mes explications ont permis d'apporter une réponse aux doutes qui avaient été soulevés concernant les décisions que j'avais prises à l'époque", a dit Mme Lagarde, qui a annoncé qu'elle rentrait à Washington "poursuivre (sa) mission à la tête du FMI et rendre compte" au conseil d'administration du Fonds.

Mme Lagarde, ministre de l'Economie de 2007 à 2011, s'est expliquée pendant environ 24 heures sur deux jours sur son rôle dans la décision de s'en remettre à un tribunal arbitral qui a octroyé 403 millions d'euros, intérêts compris, à l'homme d'affaires en juillet 2008.

L'enquête visant l'ancienne ministre avait été ouverte en août 2011 pour "complicité de faux et complicité de détournement de fonds publics".

Prié de dire si elle agirait aujourd'hui de la même façon qu'en 2007-08, l'avocat de Christine Lagarde, Me Yves Repiquet, a répondu sur BFM TV: "compte tenu des éléments dont elle disposait à l'époque, oui". En revanche, à la lumière des éléments dont elle dispose désormais, "pas forcement maintenant", a-t-il ajouté.

Christine Lagarde "reste bien sûr à la disposition de la justice", a-t-il encore déclaré, mais "pour le moment c'est une phase qui est derrière nous et nous ne pouvons que nous en réjouir".

L'enquête de la CJR se poursuit et les magistrats peuvent décider à tout moment de modifier le statut de la patronne du FMI, selon l'évolution des investigations.

L'ex-ministre de l'Economie a toujours justifié le choix de l'arbitrage par la volonté de mettre fin à une procédure, selon elle longue et coûteuse.

"Irréaliste"

Le choix d'un arbitrage, décidé dans son principe quand Jean-Louis Borloo était ministre de l'Economie en mai 2007, a été entériné par Christine Lagarde en septembre/octobre 2007 par des instructions écrites données aux représentants de l'Etat dans le conseil d'administration de l'EPFR.

L'EPFR est l'entité publique contrôlant le Consortium de réalisation,(CDR) la structure gérant le passif du Crédit Lyonnais qui a payé l'indemnisation de M. Tapie.

Interrogée par les députés en 2008, elle avait répété avoir pris elle-même cette décision tout comme celle de ne pas former un recours contre cet arbitrage. Il s'agissait, selon elle, d'une décision prise sans ordre de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.

Pourtant, au printemps 2011, le procureur général de la Cour de Cassation, à l'époque Jean-Louis Nadal, avait saisi la CJR, n'épargnant pas Mme Lagarde.

Il lui reprochait d'avoir recouru à un arbitrage privé alors qu'il s'agissait de deniers publics, d'avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres et d'avoir fait modifier le protocole initial pour y intégrer la notion de préjudice moral - ce qui avait permis aux époux Tapie de toucher 45 millions d'euros.

Il avait aussi épinglé le choix de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé, alors que plusieurs spécialistes l'y avaient encouragée.

Mercredi, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, avait déclaré que le gouvernement envisageait un recours contre la décision d'arbitrage, en fonction des développements de l'enquête.

Parallèlement, le rôle d'autres personnalités - hauts fonctionnaires, membres des cabinets ministériels - dans cet arbitrage est au coeur d'une enquête conduite par trois juges d'instruction à Paris.

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