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Guéant se défend de tout blanchiment d'argent

Claude Guéant, le 20 mars 2012 à Toulouse [Pascal Pavani / AFP/Archives] Claude Guéant, le 20 mars 2012 à Toulouse [Pascal Pavani / AFP/Archives]

L'ancien ministre UMP et proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a dû mardi se défendre de tout blanchiment d'argent, après la découverte d'une somme de 500.000 euros sur son compte principal, provenant, selon lui, de la vente de tableaux.

"Je n'ai jamais rien blanchi, je ne sais pas comment on fait ça", a affirmé M. Guéant mardi sur Canal+. "Ces informations qui sont diffusées me portent préjudice, portent atteinte à mon honneur, me peinent, c'est déloyal", a-t-il ajouté, déplorant que le secret de l'instruction soit "de plus en plus souvent bafoué".

Ce virement d'un demi-million a été découvert lors d'une perquisition au domicile de l'ancien secrétaire général de l'Elysée, en février dernier, dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des accusations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Selon Le Canard enchaîné, qui a révélé l'information, les enquêteurs ont également retrouvé des factures payées en liquide.

Mardi tout au long de la journée, Claude Guéant s'est démultiplié dans les médias pour nier sur un ton catégorique un quelconque rapport entre le virement et un éventuel financement libyen de la campagne de M. Sarkozy. "Je n'ai jamais vu", "ni entendu parler" du "moindre financement libyen, sous quelque forme que ce soit" de la campagne de 2007, a-t-il affirmé à l'AFP.

Sur ces 500.000 euros, provenant d'un compte à l'étranger, M. Guéant a affirmé qu'il s'agissait d'une "transaction privée". "J'avais fait l'acquisition il y a une vingtaine d'années de deux tableaux hollandais qui représentaient des bateaux dans la tempête et je les ai vendus en 2008".

Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2013 à Ajaccio [Pascal Pochard-Casabianca / AFP/Archives]
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Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2013 à Ajaccio
 

M. Guéant a précisé à l'AFP avoir vendu ces deux tableaux d'un peintre flamand du XVIIe siècle, Andries van Eertvelt, à "un confrère" avocat "malaisien".

"Il s'agit de deux toiles d'environ 30 cm sur 60, peintes sur bois", a-t-il ajouté. Il a également indiqué que les 500.000 euros figuraient sur son "compte principal". "J'ai deux comptes. Je n'ai pas et n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Mes comptes ont fait l'objet de vérifications par les services compétents de Bercy lorsque je suis devenu ministre", a également indiqué M. Guéant, rappelant que les oeuvres d'art étaient soumises à "un régime fiscal spécifique".

Selon la société Artprice, le prix record aux enchères d'une des toiles de ce peintre flamand, hors frais, se monte à 140.000 euros. Toutefois, selon Le Monde daté du 2 mai, en 2005, un autre tableau du peintre a été estimé entre 300.000 et 500.000 euros. Mais le lot n'a pas été vendu.

M. Guéant assure avoir en sa possession les pièces justificatives à la vente de ces deux tableaux, qu'il "réserve à la justice".

Autre découverte à son domicile: des factures payées en liquide. "Il y avait moins de dix factures, pour une somme de 20 à 25.000 euros", selon M. Guéant, qui affirme avoir réglé de cette manière des "achats de la vie courante" comme "de l'électroménager". Ces sommes en liquide proviennent de "primes de cabinet, réglées en espèce" dont il aurait bénficié dès son arrivée au ministère de l'Intérieur "en 1977".

Invité au journal de 20 heures de France 2, M. Guéant a précisé qu'au-delà de la suppression des fonds secrets des ministères en 2002, avait subsisté "jusqu'à 2006" un régime spécifique de paiement de primes en liquide "à plusieurs milliers de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur". Avec Nicolas Sarkozy, locataire de la place Beauvau dont il était alors le directeur de cabinet on a "mis un terme à ce dispositif", a-t-il assuré.

Claude Guéant à l'Assemblée nationale, le 6 mars 2012 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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Claude Guéant à l'Assemblée nationale, le 6 mars 2012
 

Rappelant la suppression en 2002 des fonds secrets servant à payer les primes de cabinet en espèces, l'ancienne ministre UMP Roselyne Bachelot, interrogée à la mi-journée, avait commenté ainsi la ligne de défense de son ancien collègue : "soit c'est un menteur, soit c'est un voleur".

Sur France 2, Claude Guéant a ironisé sur "la délicatesse" de Mme Bachelot "qui sans doute peine un peu pour remonter l'émission à laquelle elle participe", une allusion à son nouveau statut d'animatrice télé sur la chaîne D8. Elle "se trompe complètement", a-t-il dit aussi.

Depuis les perquisitions au domicile de M. Guéant, et à la suite des déclarations de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine affirmant détenir des preuves d'un financement de la campagne de M. Sarkozy par la Libye, une information judiciaire a été ouverte. Claude Guéant a redit son intention de porter plainte contre M. Takieddine.

Le PS pour sa part a estimé que si l'enquête "vient confirmer la nature frauduleuse et la provenance douteuse de ces sommes d'argent, nous serons alors en présence d'une véritable affaire d'Etat".

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