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"Manif pour tous", "Printemps français"... : et maintenant ?

Un homme manifeste contre le mariage homosexuel à Paris le 23 avril 2013 Un homme manifeste contre le mariage homosexuel à Paris le 23 avril 2013 [Kenzo Tribouillard / AFP]

Un "Tea party" à la française? Des candidats aux municipales? Certains, au sein de la grande nébuleuse qui s'est mobilisée contre le mariage homosexuel, voient le mouvement perdurer après la loi Taubira, mais il leur faudra fédérer autour d'enjeux plus larges.

"On ne lâche rien", "après mardi on continue"... : sur les réseaux sociaux, où les militants sont très actifs, les appels à maintenir la pression après l'adoption définitive au Parlement de cette réforme historique ne manquent pas. "On va leur montrer que ce n'est pas fini", a lancé Frigide Barjot, qui manifestait encore mardi en fin de journée.

"Rien n'est joué. Les lois peuvent être promulguées et ne pas entrer en vigueur. Ça s'est déjà vu" lors du CPE en 2006, assure à l'AFP le délégué général du Parti chrétien-démocrate (PCD), également membre de la "Manif pour tous", Matthieu Colombani.

Mais si le projet est validé par le Conseil constitutionnel et la loi promulguée, il sera peut-être difficile de faire descendre une marée humaine dans la rue le 26 mai, date de la prochaine grande mobilisation. A moins que le mot d'ordre ne soit plus large. Un grand "+non+ à la politique du gouvernement", comme l'a souhaité le leader de l'UMP Jean-François Copé.

"Il y a un mouvement social qui est né et qui s'est levé. Ces gens-là, plutôt jeunes, ne veulent plus de cette société libérale-libertaire et veulent une société où l'homme n'est plus une variable d'ajustement", explique Matthieu Colombani, qui s'était distingué le 26 mars en perturbant un débat avec le député PS et rapporteur du projet de loi Erwann Binet, à l'université de Saint-Quentin-en-Yvelines.

La leader de "La Manif pour tous", Frigide Barjot, défile à Paris le 21 avril 2013 [Pierre Andrieu / AFP/Archives]
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La leader de "La Manif pour tous", Frigide Barjot, défile à Paris le 21 avril 2013
 

Sur Twitter ou sur des sites internet de droite, d'extrême droite ou proches des catholiques traditionalistes, beaucoup rêvent même d'une sorte de "Mai 68 à l'envers".

"Le deuxième étage de la fusée, c'est la globalisation des enjeux de la mobilisation. Mais ça n'en prend pas encore le chemin", explique à l'AFP le politologue Jean-Yves Camus (Iris), qui cite l'exemple des "Veilleurs", ces groupes s'asseyant sur des pelouses ou des places et prônant une "résistance pacifique", devant des bougies, en entonnant des chants ou en écoutant des textes.

"C'est spirituellement intéressant pour le public catholique, mais politiquement ça n'est pas porteur", juge M. Camus.

D'autres initiatives ont vu le jour, comme celle, plus radicale, du "Printemps français", mais après plusieurs actions coups de poing, ce collectif a mis la sourdine. Mardi soir, dans une déclaration sur internet, le "Printemps français" semblait vouloir à nouveau durcir le ton, en appelant à la "dissidence" et à "l'insoumission".

Des personnes participent à "La Manif pour tous" à Paris le 21 avril 2013 [Pierre Andrieu / AFP/Archives]
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Des personnes participent à "La Manif pour tous" à Paris le 21 avril 2013
 

Selon Jean-Yves Camus, pour que le mouvement perdure, "il faut qu'ils deviennent ce qu'ils ne sont pas: un +Tea party+ à la française. Ça peut être le cas si leur agenda politique s'élargit, avec des revendications économiques, comme la protestation anti-fiscale, le moins d'Etat, la réduction drastique des dépenses publiques". Mais "l'espace politique entre l'UMP et le FN est étroit et il faut des figures pour l'incarner", estime le politologue.

Au-delà des prochaines manifestations, l'égérie médiatique de la "Manif pour tous", Frigide Barjot, a évoqué des candidatures aux municipales de 2014. Mais elle a précisé que ce serait seulement là où il n'y aurait "pas d'autres listes qui portent fortement cette défense du mariage" entre un homme et une femme, à l'exception du FN, qui "n'est pas très fédérateur". Elle a cité un cas, celui de Strasbourg, où la sénatrice-maire UMP Fabienne Keller a voté pour le mariage homosexuel.

Parmi plusieurs jeunes interrogés par l'AFP qui manifestent le soir à Paris, la suite ne semble pas s'inscrire dans les mouvements politiques classiques. "J'ai envie de me battre pour des valeurs, dans une organisation comme celle-ci, mais les politiques je ne leur fais pas confiance", a expliqué Louis, 19 ans, étudiant en école d'ingénieur. Quelles valeurs? "La famille, le combat contre l'avortement, protéger les générations futures", a énuméré ce jeune électeur, qui avait choisi Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle 2012.

Pour Jean-Yves Camus, quelle que soit la suite, "de façon plus profonde, on a une génération qui accède à la maturité politique et qui a une volonté de prendre le contre-pied des valeurs de Mai 68. C'est quelque chose qui infuse dans la société et que Nicolas Sarkozy a fait infuser pendant son quinquennat".

 

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