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Transparence de rigueur

Photo de famille du gouvernement. [LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Chaque ministre a rendu public hier sa déclaration de patrimoine sur le site du gouvernement. Une obligation qui fait débat. 

Certains redoutaient l’instant, d’autres l’avaient anticipé. Les ministres sont désormais sur un pied d’égalité. Depuis hier, en fin d’après-midi, leur ­déclaration de patrimoine est en ligne sur le site du gouvernement.

Un premier pas dans la révolution pour la transparence voulue par François Hollande pour tenter de tourner la page de l’affaire Cahuzac. Une étape qui ne fait pas l’unanimité dans une classe politique dont une partie crie au «voyeurisme».

 

Fabius, plus gros patrimoine

Dix mois après leur entrée en fonction, les 38 membres de l’équipe Ayrault se sont donc livrés à un inventaire assez précis de tout ce qu’ils possèdent.

Propriétés, comptes en banque, meubles, bijoux ou voitures ont fait l’objet d’une déclaration publique. «Il s’agit en réalité d’une actualisation de la déclaration qu’ils avaient faite en entrant au gouvernement et qui avaient été transmise à la seule commission pour la transparence de la vie politique», nous a-t-on expliqué à Matignon, qui a ainsi centralisé depuis jeudi les documents. Les adresses des logements détenus et les numéros de compte ont en revanche été masqués pour des questions de sécurité et de respect de la vie privée.

Ces précautions n’empêchent pas de constater que plusieurs ministres ont un patrimoine supérieur à la moyenne des Français. Outre Marisol Touraine (Affaires sociales), qui avait révélé payer l’ISF pour son patrimoine évalué à près de 1,5 million d’euros, Michèle Delaunay (Personnes âgées) a expliqué hier matin à Sud Ouest détenir pour 5,4 millions d’euros de biens avec son conjoint.

Mais le plus gros patrimoine, avec un total de 6,1 millions, est détenu par Laurent Fabius (Affaires étrangères).

 

Une mesure non pertinente ?

«Cette publication n’a en elle-même aucun intérêt pour la moralisation de notre vie publique. Ce n’est que du voyeurisme», a réagi sur son blog l’ancien Premier ministre UMP Alain Juppé, qui a lui-même dévoilé son patrimoine «sous la pression médiatique».

Ainsi, la déclaration d’un patrimoine élevé n’est pas forcément synonyme de malhonnêteté. Pour lui, comme pour beaucoup, «la seule mesure pertinente, c’est la comparaison entre le montant de la fortune d’un responsable public au moment où il entre en charge et le moment où il en sort».

Cette mission va revenir à la Haute autorité annoncée par François Hollande. «Ses pouvoirs d’investigation et de sanction vont être renforcés. C’est cela la véritable révolution», veut-on croire dans l’entourage du Premier ministre. Elle prendra la suite de la Commission pour la transparence de la vie politique après le vote du projet de loi présenté dans huit jours en Conseil des ministres ; il rendra obligatoire la publication du patrimoine des parlementaires et des présidents des collectivités territoriales.

En attendant la discussion de ce texte, prévue avant l’été, on n’a pas fini d’entendre parler des 433 ha de terres agricoles de Michel Sapin (Travail), de la Clio de Stéphane Le Foll (Agriculture), estimée «zéro euro», ou bien du compte courant à découvert de 173 euros de Christiane Taubira (Justice).

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