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L’armée française a-t-elle précipité la chute de Cahuzac ?

Jérôme Cahuzac. Jérôme Cahuzac.[AFP]

Selon le journal suisse L’Hebdo, les services de renseignements français et le lobby militaro-industriel seraient à l'origine de la chute de Jérôme Cahuzac. L’armée française n’aurait pas pardonné à l’ancien ministre du Budget son projet de procéder à des coupes drastiques dans le budget de la Défense et de menacer, de facto, de nombreux emplois du secteur ainsi que l’avenir de l’armée française.

La préparation du Livre blanc de la Défense a-t-elle été fatale à Jérôme Cahuzac, ex-ministre du Budget démissionnaire de son poste le 2 avril 2013 après avoir été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale ? C’est la question que se pose aujourd’hui le quotidien suisse L’Hebdo. Rappel des faits.

 

Cahuzac militait pour le scénario "Z", Hollande a choisi le "Y"

En mars dernier, Bercy envisageait deux hypothèses pour déterminer les orientations militaires de la France entre 2014 et 2019. Le scénario du pire, le « Z », soutenu par Cahuzac, proposait d’abaisser le budget de la Défense de 1,56% du PIB en 2013 à 1,18% du PIB d’ici 2025. Avec pour conséquence principale, des milliers de suppressions de postes dans le secteur public (on parlait de 31 régiments dans l’Armée de terre)… comme dans le privé, l’industrie de la défense nationale pesant 17,5 milliards d’euros de chiffres d’affaire en 2011 – source CIDEF. Aujourd’hui, cette hypothèse est balayée, François Hollande l’ayant écartée pour lui préférer le deuxième scénario, le « Y », plus doux.

 

"L'armée a eu sa peau. On ne s'attaque pas impunément à nous"

Toutefois, le mal était déjà fait. La riposte se serait organisée dès février dernier lorsque les premières fuites du futur Livre blanc ont surgi dans la presse. Et selon L’Hebdo, les services de renseignements français qui pistent les fraudeurs du fisc, auraient été directement à l’origine de l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris le 19 mars. "L'armée a eu sa peau. On ne s'attaque pas impunément à nous. Il voulait notre mort. Nous l'avons eu. Et d'autres ministres pourraient suivre si Hollande continue sur cette voie", affirme une source anonyme à L'Hebdo.

 

Une vengeance des renseignements français ?

Un certain nombres d’informations seraient "gardées au chaud" par les renseignements plutôt que d’être livrées à la justice, afin de conserver une certaine influence sur les politiques en cas de besoin, est-il expliqué dans L’Hebdo. Toujours d’après le journal suisse, cette information serait même mentionnée dans un document collectif signé par des officiers de la Direction centrale du renseignement intérieur - un organisme pourtant civil - remis le 16 février à un groupe de travail sur les exilés fiscaux.

Jérôme Cahuzac aurait donc bénéficié du silence des renseignements français pendant 11 ans jusqu’au jour où ces derniers, par souci préventif, auraient  décidé de transmettre leurs éléments à la justice ? Si le scénario de L'hebdo était vérifié, on n'ose imaginer l’onde de chocs qu’elle susciterait en France. 

Parallèlement, un deuxième front "anti-Cahuzac" aurait été ouvert par le lobby militaro-industriel, très actif dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Ces représentants du secteur auraient été écœurés après avoir appris que Bercy envisageait  de renforcer le mécanisme de contrôle et de contre-expertise dans les achats du Ministère de la défense. Une manœuvre destinée à destabiliser le député Lot-et-Garonne au sein du Palais Bourbon aurait alors été conduite par ce groupe de pression.

Aucun de ces éléments ne figure dans l’enquête publiée par le journaliste de Fabrice Arfi dans Mediapart. Mais la publication de son livre sur l’affaire Cahuzac  le 17 mai prochain, pourrait permettre d’en savoir plus sur le rôle éventuel qu’auraient joué les services de renseignements français et le lobby militaro-industriel dans la chute de Jérôme Cahuzac. Le journaliste Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions de Défense, a d'ailleurs jugé l'hypothèse émise par le journal L'Hebdo, peu probable

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