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Guillaume Bernard : "Pour le FN, cette élection est un bon présage"

Guillaume Bernard, politologue Guillaume Bernard, politologue[MERIADECK POUR DIRECTMATIN]

Dimanche soir, Jean-François Mancel (UMP) ne l'a emporté que d'une courte tête face à Florence Italiani, la candidate du Front National, lors de la législative partielle organisée dans la deuxième circonscription de l'Oise. Interview de Guillaume Bernard, politologue, maître de conférence (HDR) à l'ICES (Institut catholique d'études supérieures).

Le score du FN est-il une surprise ?

La réponse à cette question doit être nuancée. D’une part, le FN a effectivement fait un très bon score puisqu’il dépasse les 48 %. Pour le FN, cette élection est un bon présage pour les prochaines échéances électorales car, d’habitude, son électorat est peu mobilisé lors d’élections partielles. L’enracinement du vote FN progresse. Mais, d’autre part, ce résultat doit tout de même être quelque peu relativisé en raison du très fort taux d’abstention (près de 65 %) même s’il est en légère baisse par rapport au premier tour.

Des électeurs du PS ont-il pu voter FN ?

Assurément. Et, de manière générale des électeurs de gauche. Car le nombre des bulletins FN a très largement progressé (presque un doublement) entre les deux tours. Le « populisme » du FN lui permet de rassembler des électeurs venant de droite et de gauche (du moins une certaine gauche, celle qui est restée « populaire »). Les divergences stratégiques entre les instances nationales et locales du PS ont sans doute joué en la faveur de la candidate frontiste. En effet, celle du PS avait été éliminée de la compétition au soir du premier tour parce qu’elle n’avait pas atteint les 12, 5 % des inscrits. Or, contrairement à la direction du PS, elle n’a pas appelé à faire barrage au FN, considérant que les deux candidats restés en lice étaient sinon identiques du moins (de plus en plus) proches. Il semble qu’elle voulait dénoncer le rapprochement entre une partie de la droite « modérée » et la droite « extrême » qui est le signe de ce que j’ai appelé (pour la première fois, d’ailleurs, dans vos colonnes) le « mouvement dextrogyre ».

Est-ce un avertissement pour le PS ou pour l'UMP ?

Toutes les élections partielles depuis la victoire de la gauche (au élections présidentielle et législatives) ont été gagnées par la droite. C’est, bien entendu, le signe que la majorité présidentielle s’effrite et que l’effet de balancier (qui veut que l’opposition au niveau national gagne les élections locales) jouera certainement pour les municipales de 2014. Cependant, l’UMP ne doit pas trop pérorer. Il connaît des divisions (idéologiques et stratégiques) internes : quel rapport y a-t-il vraiment entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Lionnel Luca, par exemple ? Par ailleurs, les municipales auront lieu à la même période que les européennes. Les grands partis (l’UMP et le PS) sont divisés sur la question de l’intégration européenne) : cela jouera en leur défaveur car cela pèsera sur leur crédibilité. Il est certain que le résultat de cette législative partielle d’hier est, une nouvelle fois, le signe d’une défiance de plus en plus palpable des Français vis-à-vis des élites politiques et intellectuelles en place.

 

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