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Rocard favorable à la retraite à 65 ans

L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard le 22 novembre 2012 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives] L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard le 22 novembre 2012 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]

L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard plaide dans le Journal du dimanche pour un "ralentissement" dans la réduction des déficits, une réduction du temps de travail et un départ à la retraite à 65 ans.

"Il y a le feu", affirme M. Rocard dans un entretien. "Regardez où en sont les moteurs de la croissance. La consommation est en panne à cause du chômage, l'investissement aussi puisque les perspectives sont nulles, les exportations sont en berne car l'Europe est en récession et la dépense publique est contrainte par l'objectif de réduire les déficits."

"Michel Rocard aime le fracassant", a commenté lors du "forum" Radio J, le ministre du Travail, Michel Sapin, un ancien rocardien. Il a jugé "parfaitement légitime que les +sages+ (...) tirent la sonnette d'alarme". "Non, on ne peut pas rester dans la situation actuelle (...) il y a une urgence sociale et il faut une action dans la durée", a-t-il ajouté.

Pour M. Sapin, "aucune sirène ne doit nous détourner de notre objectif de réduire nos déficits".

Pour l'ancien chef du gouvernement (1988-1991), âgé de 82 ans, "aussi longtemps que nous n'aurons pas fait accepter à nos partenaires européens un ralentissement dans la réduction de la dette, nous serons sous contrainte".

"La première des urgences, c'est de faire baisser le chômage. Comme nous n'avons pas de croissance économique, la seule façon d'y parvenir est de réduire le temps de travail", assure-t-il. Reconnaissant que "ce sujet est un tabou", il souhaite "que la réflexion s'ouvre à nouveau".

"En France, les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne et moins de 31 aux Etats-Unis. Il faut y parvenir par la négociation, en réduisant les cotisations sociales des entreprises", propose-t-il.

"Je dis qu'il faut travailler plus, tous collectivement, pour gagner plus collectivement. Ce qui permettra de réduire un peu la durée de chacun. Si les partenaires sociaux s'en saisissent, Hollande n'ira pas contre", assure Michel Rocard, qui vient de publier avec l'économiste socialiste Pierre Larrouturou un livre intitulé "La gauche n'a plus droit à l'erreur".

Il considère en outre "dangereux et mauvais" de s'engager dans le gel des retraites complémentaires. "L'amputation du pouvoir d'achat est imbécile, alors que le pays a besoin de davantage de consommation".

Il estime que "la seule solution est d'allonger la durée de cotisation, d'aller peut-être jusqu'à 43 annuités". Il relève que la France est "le seul pays développé qui a fixé un âge de droit de départ à la retraite". "La réforme Sarkozy, poursuit-il, a fait passer au forcing les 62 ans ... C'est décoratif, cet âge n'est pas une limite physique, ni intellectuelle".

"Il faut dire la vérité aux Français, le vrai calcul se fonde sur la durée de cotisations, pas sur un droit lié à un âge borné et inutile", dit encore Michel Rocard pour qui "en conséquence on peut aller jusqu'à 65 ans", prenant ainsi le contre-pied du gouvernement.

Estimant que "l'âge du départ à la retraite n'était pas une question décisive", M. Sapin a défendu "le dialogue social" pour résoudre "le problème des retraites à l'horizon 2020".

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