En direct
A suivre

Le torchon brûle entre PCF et PS

Le numéro un du PS Harlem Désir à Paris, le 10 décembre 2012 [Eric Feferberg / AFP/Archives] Le numéro un du PS Harlem Désir à Paris, le 10 décembre 2012 [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Le torchon brûle entre communistes et socialistes, dont le numéro un Harlem Désir a vivement dénoncé une vidéo du PCF très incisive à l'égard de François Hollande, mais la perspective des municipales pourrait inciter ces partenaires historiques du PS à mettre une sourdine à leurs critiques.

Particulièrement remonté, le premier secrétaire du PS a appelé jeudi le PCF "à cesser de se tromper d'adversaire et à se garder d'une dérive contraire à sa tradition de responsabilité".

Harlem Désir avait en ligne de mire les voeux du PCF fustigeant de façon sarcastique les sept premiers mois de François Hollande à l'Elysée en les comparant avec les promesses qu'il avait avancées comme candidat.

"Ce clip est de mauvaise foi, mensonger et caricatural: il est une faute contre la gauche (...) épargne totalement la droite et l'extrême droite" et constitue "une honte pour ses auteurs", a accusé le responsable socialiste.

Les communistes "sont clairement dans l'opposition", s'est agacé aussi sur son blog le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, un allié très proche du PS.

Le co-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, le 30 novembre 2012 au Palais de l'Elysée à Paris [Martin Bureau / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le co-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, le 30 novembre 2012 au Palais de l'Elysée à Paris
 

"Le gouvernement et son nouveau porte-parole feraient bien de cesser de se tromper d'adversaire", a rétorqué vendredi Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche (allié du PCF dans le Front de gauche), dénonçant les "invectives" de M. Désir.

Cette vidéo diffusée sur internet constitue la dernière illustration des relations de plus en plus tendues entre le PCF et la majorité gouvernementale.

Le PCF ne se considère pas comme faisant partie de l'opposition, mais les communistes manifestent leur malaise profond vis-à-vis d'une politique "sociale-libérale".

Leurs sénateurs ont rejeté ces dernières semaines l'ensemble des textes budgétaires: projet de loi de finances 2013, budget de la Sécurité sociale, projet de loi de finances rectificative 2012.

Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est étonné vendredi de la réaction "totalement disproportionnée" de Harlem Désir.

"Notre clip (...) ne mérite en rien l'usage d'une artillerie aussi lourde", a-t-il ajouté, glissant que la vidéo controversée a connu "près de 200.000 visites dès les deux premiers jours".

"2013 doit être une année de conquêtes, de luttes face aux puissances de l'argent qui gouvernent", a souligné M. Dartigolles.

Au Parti de gauche, on s'est même félicité de la vidéo. "On n'hésite pas, le PCF et nous, à parler d'une opposition à la politique d'austérité du gouvernement", dit à l'AFP Eric Coquerel, responsable du PG, rappelant que le Front de gauche mènera à partir de janvier une "grande campagne contre les politiques d'austérité".

Entre le PS et son ex-allié communiste, "on sent que le divorce n'est pas totalement consommé mais on n'en est pas loin", remarque Eddy Fougier, chercheur associé à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).

Mais ce politologue doute que le PCF "aille jusqu'à la rupture" totale. "Ils ont besoin du PS pour avoir des municipalités, avec la dimension financière qui est importante pour le parti", explique-t-il.

Pour un proche de Marine le Pen (FN), Bertrand Dutheil de La Rochère, cette année 2013 sans élection permet aux "supplétifs du PS (de) s'enivrer d'une indépendance factice". Mais "tous ont été élus, au premier ou au second tour, avec l'aide du PS, et tous feront alliance avec lui pour les scrutins de 2014, de 2015 et d'après", prédit-il.

"Localement, le PCF est pris dans des alliances très fortes avec le PS (...). Les listes (pour les municipales) vont être construites dans six mois", confirme l'universitaire Rémi Lefebvre, membre du PS.

Le PCF, ajoute-t-il, "est devenu un parti d'élus" dont les ressources sont précisément "ses élus qui, très concrètement, financent le fonctionnement" du parti.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités