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Voyage en Algérie : Hollande critiqué à droite comme à gauche

François Hollande et Abdelaziz Bouteflika à Tlemcen, en Algérie, le 20 décembre 2012 [Philippe Wojazer / Pool/AFP] François Hollande et Abdelaziz Bouteflika à Tlemcen, en Algérie, le 20 décembre 2012 [Philippe Wojazer / Pool/AFP]

François Hollande, l'homme de la synthèse, a été une nouvelle fois fidèle à sa méthode cette semaine en Algérie, au risque de se retrouver critiqué de toutes parts, par une droite hostile et radicalisée et par une gauche frustrée par sa tiédeur.

Lors d'une visite d'Etat mercredi et jeudi sur l'autre rive de la Méditerranée, le chef de l'Etat a reconnu solennellement "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien", mais sans formuler d'excuses ni faire acte de repentance au nom de la France.

De la même manière, il a célébré à la tribune des deux chambres du Parlement algérien le printemps arabe dont la "leçon" selon lui est que "partout dans le monde, les peuples entendent prendre en main leur destin".

Mais il a endossé aussi une thèse souvent avancée par le régime du président algérien Abdelaziz Bouteflika, selon laquelle l'Algérie était restée à l'écart de cet élan révolutionnaire, l'ayant anticipé de plusieurs années.

Sans surprise, ses propos sur la colonisation, "système profondément injuste et brutal", ont soulevé l'ire de la droite et de l'extrême droite françaises mais aussi de la frange gauche de sa majorité.

L'ancien ministre UMP Gérard Longuet a jugé "parfaitement inutile" de vouloir traiter ainsi d'un "sujet aussi complexe que l'aventure coloniale française". Pour le député UMP Jacques Myard, le président Hollande "est tombé dans le piège de la réécriture de l'histoire".

Quant à Marine Le Pen, la présidente du Front nationale, elle a vu dans ces propos une "salissure de la France par son propre président (...) indigne de sa fonction".

François Hollande et Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 19 décembre 2012 [Bertrand Langlois / AFP]
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François Hollande et Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 19 décembre 2012
 

A gauche aussi, et pour des raisons diamétralement opposées, François Hollande a déçu, sinon indigné. A la une, le quotidien Libération, qui avait pourtant apporté un soutien assumé à sa candidature présidentielle, fustigeait vendredi un "rendez-vous manqué" avec l'Algérie.

"La colonisation fut bien pire que brutale et injuste", a dénoncé son éditorial. Quant à la guerre d'Algérie, elle fut, selon Libération, "scélérate, faite de massacres, tortures et crimes contre l'humanité".

"Hollande n'a pas eu un mot pour condamner l'étouffoir algérien, un système répressif imposé par une sécurité militaire omniprésente et une caste enrichie", a encore déploré le quotidien.

Prenant les devants, à la veille de la visite d'Etat du président de la République en Algérie, le PCF l'avait exhorté à "reconnaître enfin la réalité du colonialisme et des crimes d'Etat".

La méthode Hollande, toute en compromis, en louvoiements et en synthèses, exercice dans lequel il excellait déjà à la tête du Parti socialiste, déçoit les nombreux partisans d'un régime présidentiel.

Elle a trouvé ses limites, disent ses détracteurs, dans le dossier des hauts fourneaux de Florange avec les déchirements publics du gouvernement autour de l'hypothèse d'une "nationalisation temporaire". Même malaise sur la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes, laissée aux bons soins du Parlement, ou sur le mariage gay. François Hollande avait d'abord laissé entendre que les maires pourraient ne pas les célébrer au nom de la "liberté de conscience" avant de se rétracter.

"Hollande est serein, il conserve le cap", tempère cependant un ministre alors que la cote de popularité du chef de l'Etat stagne autour des 40%. Mais un autre pointe le défaut "d'esprit d'équipe" au sein d'un gouvernement, critique à peine voilée contre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

"On aurait pu avoir une dream team façon Lionel Jospin en 1997, et, au lieu de ça, on a une somme d'individualités", observe-t-il.

 

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