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Thierry Rolando : « Il faut que l’Algérie fasse son chemin de vérité »

Abdelaziz Bouteflika, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, le Président algérien[AFP / Archives]

Président national du Cercle Algérianiste, l’une des principales organisations représentatives de la communauté des Français d’Algérie, Thierry Rolando livre son analyse sur le voyage de François Hollande en Algérie.

Quel regard portez-vous sur ce voyage présidentiel ?

Pour les Français d’Algérie, cette visite s’annonce sous les plus mauvais auspices. Les signes que François Hollande et la majorité ont déjà donnés - qu’il s’agisse de la reconnaissance des violences commises à Paris le 17 octobre 1961 lors d’une manifestation pro-FLN, ou encore l’institution du 19 mars comme journée nationale du souvenir de la guerre d’Algérie – indique que le discours du Président devrait aller dans le sens de la repentance. L’hommage qu’il devrait rendre à Maurice Audin, militant communiste partisan du FLN disparu pendant la bataille d’Alger, en est le signe évident. Cela revient à cracher sur nos tombes. Pour les Français d’Algérie, c’est les condamner à une double-peine : l'arrachement et l'oubli de leur drame.

Dans l’absolu, qu’attendriez-vous de François Hollande ?

À vrai dire, pas grand-chose. À son tour, il va se retrouver piégé par un discours de complaisance du simple fait que ses interlocuteurs au sommet du gouvernement algérien - à commencer par le président Bouteflika - sont des acteurs de la guerre d’Algérie. Il ne faut pas oublier par exemple que la vice-présidente du conseil de la Nation (le sénat algérien, NDLR), Zohra Drif, était l’une des terroristes les plus sanguinaires du FLN, responsable des attentats à la bombe pendant la bataille d’Alger. Bernard Kouchner l’avait dit en son temps : il faudra que cette génération s’en aille.

Sur quel principe pensez-vous qu’il faille rebâtir les relations franco-algériennes ?

Sur celui de la réciprocité, qui doit être le maître mot. Nous refusons la repentance unilatérale. Il faut que l’Algérie fasse elle-aussi son chemin de vérité et que le FLN reconnaisse sa responsabilité dans les massacres abominables qui ont été commis, en particulier après la signature des accords d’Evian. Qu’il s’agisse des Européens enlevés ou des harkis massacrés par exemple. Il faut savoir que les harkis n’ont toujours pas le droit d’aller en Algérie aujourd’hui, cinquante ans après. Quant à la communauté des Français d’Algérie, elle n’a pas à s’excuser : c’est elle qui a mis ce pays en valeur. D'ailleurs, ils ne sont pas les seuls à refuser cette repentance. Je vous renvoie au sondage publié ce matin sur BFM, selon lequel 35% des Français sont opposés à la repentance et 26% seraient d'accord sous condition de réciprocité.

La France et l’Algérie ont-elles un lien privilégié à construire ?

Du point de vue économique et géostratégique, c’est incontestable. Mais cela ne sera pas possible tant que l’Algérie ne sera pas une vraie démocratie. Le régime demeure tenu par un parti unique, le FLN, entouré de partis marionnettes, tandis que le vrai pouvoir réside entre les mains d’une caste politico-militaire. On voit ce que le FLN, au pouvoir depuis 50 ans, a fait du pays. Et face à cet échec, son seul ressort est de maintenir une pratique accusatoire et permanente contre la France. Le gouvernement français ne peut pas accepter de se coucher.

 

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