En direct
A suivre

Des futurs profs à séduire

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale[Bertrand Guay / AFP]

La tâche s’annonce ardue. Le ministère de l’Education nationale lance aujourd’hui dans les médias une campagne nationale de recrutement des enseignants. Son objectif est ambitieux : il faut trouver, d’ici à deux ans, pas moins de 43 000 professeurs, soit une part majeure des 60 000 embauches promises par François Hollande lors de sa campagne présidentielle, hors renouvellement des départs à la retraite.

Les deux tiers seront affectés au primaire, et le reste au secondaire. L’an prochain, 22 000 postes d’enseignants seront donc ouverts aux concours en vue de la rentrée 2013. Une deuxième vague de 21 000 enseignants doit rejoindre en théorie les classes à la rentrée 2014. Mais le ministère fait face à un obstacle de taille : le manque de candidats pour venir enseigner dans les classes.

Une image dévalorisée

Le plus beau métier du monde ne fait en effet plus rêver aujourd’hui. Si l’enseignement en primaire est dans l’ensemble épargné par la crise des vocations, collège et lycée souffrent, eux, d’une véritable pénurie de candidats. Illustration de ce phénomène : à la rentrée 2012, 706 postes étaient restés vacants aux concours du Capes (secondaire), soit près de 15 % des places à pourvoir. Les mathématiques, l’anglais et les lettres sont les matières les plus touchées. «Les 11 000 postes nécessaires pour la rentrée dernière n’ont pas été remplis, s’inquiète ainsi Daniel Robin, cosecrétaire général du syndicat SNES-FSU. Alors, avec 43 000 enseignants à mettre dans les classes, le saut quantitatif est énorme.»

Ce manque de vocations a plusieurs explications, selon le responsable syndical. D’une part, un simple constat démographique. Le nombre de professeurs ayant l’âge de partir à la retraite est massif, alors que dans le même temps, la génération d’étudiants en âge de se lancer dans l’enseignement est faible.

Autre écueil, les conditions de travail. Pris entre des classes surchargées, parfois avec 35 élèves à gérer, et un rythme accru au quotidien, l’écrasante majorité des enseignants s’inquiète pour son avenir et pour la dégradation du métier, selon un récent sondage de la CGT. La violence en milieu scolaire, qui fait régulièrement la une des médias, noircit encore un peu plus le tableau. Résultat, les étudiants, découragés, sont plus facilement tentés de travailler ailleurs que dans l’enseignement. Le manque de formation est également pointé du doigt : de jeunes recrues se retrouvent propulsées face à des classes difficiles avec, pour seul bagage pédagogique, quelques jours d’initiation.

L’aspect financier, enfin, entre en ligne de compte. Un professeur commence aujourd’hui sa carrière à 1 700 euros net, pour la finir, au mieux, aux alentours de 3 000 euros. «C’est trop peu, il faut inverser la vapeur», estime Daniel Robin. Mais un coup de pouce salarial n’est pas d’actualité. «Nous le ferons lorsque nous aurons les moyens de le faire», a promis hier le ministre Vincent Peillon dans Le JDD. Sans plus de précision. •

Quelques chiffres : 

12 125 300 élèves ont fait leur rentrée en septembre dernier dans le système éducatif français, selon les prévisions du ministère pour l’année 2012-2013. Ils sont 6 716 300 en primaire, et 5 409 000 dans le secondaire.

849 650 enseignants composent le corps professoral français dans les écoles, les collèges et les lycées.

64 835 établissements, publics et privés, accueillent les élèves français. On compte 53 418 écoles, 7 046 collèges et 4 291 lycées dans le pays.

96,6 milliards d’euros ont été dépensés en 2011 par l’Etat, les collectivités territoriales, les entreprises et les ménages pour l’enseignement scolaire en France.

Source : ministère de l’Education nationale.

A lire égalment : 

Prof : un métier à haut risques

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités