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Sans-abri : Duflot irrite les cathos

La ministre du Logement Cécile Duflot, le 25 novembre 2012 à Paris [Bertrand Langlois / Pool/AFP/Archives] La ministre du Logement Cécile Duflot, le 25 novembre 2012 à Paris [Bertrand Langlois / Pool/AFP/Archives]

Face à la pénurie de logements d'urgence à l'entrée de l'hiver, la ministre du Logement Cécile Duflot a interpellé l'archevêché de Paris pour qu'il mette des locaux vides à disposition, une demande qui agace les catholiques déjà mobilisés pour les sans-abri.

"Toutes les personnes morales --les banques, les assurances, l'Eglise-- qui sont en situation de posséder des bâtiments qui sont inoccupés, sont concernés par l'appel qui est le mien de mettre à disposition des lieux qui permettront de loger des familles", a rappelé lundi la ministre, qui a déjà évoqué la possibilité de réquisitions avant la fin de l'année.

Estimant qu'un "choc de solidarité" est nécessaire, alors que le déficit de places d'urgence est "inquiétant", la ministre a choisi de rendre public son appel à l'archevêque de Paris.

Une demande reçue comme une mise en cause par l'Eglise, pointée du doigt dans un article du Canard Enchaîné mi-novembre intitulé "L'Eglise prie les sans-abri de rester à la porte".

"L'Eglise n'a pas attendu 2012 et les appels de Mme Duflot pour s'occuper des pauvres, elle le fait depuis 2000 ans", a répondu Charles Gazeau, délégué épiscopal aux solidarités, rappelant notamment qu'avec l'opération Hiver solidaire, les paroisses parisiennes accueillent 120 personnes pendant l'hiver.

La plupart des prêtres estiment en effet que l'Eglise fait le maximum: "On fait avec nos moyens. On ne peut pas se substituer à l'Etat", a estimé Eugène Doussal, vicaire général du diocèse de Saint-Denis.

"Tout cela est très caricatural. Considérer que l'Eglise possède des milliers de mètres carrés vides relève plus du mythe que de la réalité", ajoute Anne-Claire Dangeard, de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref). "Si nous avions des mètres carrés disponibles, je les aurais déjà investis pour accueillir des personnes en détresse", a ajouté M. Gazeau.

Clivage

En France, quelque 47.000 ménages jugés prioritaires au titre du droit au logement opposable (Dalo) n'ont pas de toit et 1,7 million de familles attendent un logement social.

D'après Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement (DAL), l'Eglise étant le plus grand propriétaire foncier à Paris après l'Etat et la Mairie, cet appel de Mme Duflot traduit la "volonté du gouvernement d'avancer".

Cet appel créé un fort clivage entre la gauche et la droite. Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë, qui mobilise 1.040 places d'urgence, a apporté son soutien à Mme Duflot, tandis que le groupe PCF/PG au Conseil de Paris, demande que "l'arme de la réquisition (soit) utilisée sans attendre, autant de fois que nécessaire".

Mais pour Camille Bedin, secrétaire nationale à l'égalité des chances de l'UMP, Mme Duflot est dans "la recherche de boucs émissaires, de gesticulations et de coups de communication pour donner l'impression d'agir". Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate s'inquiète d'une "catholiphobie".

Pourtant les associations espèrent que la ministre ira au bout et procédera à réquisitions.

"La réquisition, oui évidemment, vu la situation il faut le faire, et ensuite il faudra traiter le fond du problème", estime Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre.

Evoquant une "urgence humanitaire", Victoire Lecoeur, du Secours catholique estime que "la réquisition serait un symbole fort, de la part de l'Etat, de sa volonté de d'aider les personnes en grande difficulté".

Mme Duflot a toutefois dit avoir "bon espoir" de ne pas avoir besoin de faire preuve d'autorité.

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