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Florange : la question de la nationalisation "toujours sur la table"

Arnaud Montebourg le 30 novembre 2012 à Paris [Fred Dufour / AFP] Arnaud Montebourg le 30 novembre 2012 à Paris [Fred Dufour / AFP]

Tout était réuni pour faire de Florange l'emblème de la mission de redressement productif d'Arnaud Montebourg, mais Matignon n'a pas retenu le projet de nationalisation défendu par le ministre, qui se retrouve isolé, malgré un communiqué de réconfort de Jean-Marc Ayrault. Arnaud Montebourg a avoué sur TF1 que la question nationalisation restait toujours en suspens dans le cas où Mittal ne tiendrait pas ses engagements.

"S'il perd la bataille de Florange, il va être réduit au ministre qui va jeter quelques bouées de secours", estimait récemment un de ses proches, le député socialiste de l'Essonne Malek Boutih.

Car Florange concentrait l'essence du redressement productif, une industrie historique à la splendeur fanée (la sidérurgie et les hauts-fourneaux), un bassin d'emploi sinistré et une incarnation du capitalisme transnational dont le ministre dénonce les méfaits : ArcelorMittal.

Arnaud Montebourg a perdu. Florange ne sera pas nationalisé pour être revendu ensuite. ArcelorMittal a négocié avec Matignon et a obtenu vendredi soir un accord pas trop contraignant.

Indiscutablement ironique, un responsable gouvernemental lançait en ricanant: "C'est un immense triomphe pour Arnaud Montebourg", qui, quelques heures avant cet épilogue, disait encore que la nationalisation était une "solution qui est sérieuse".

Mais pas pour Matignon, qui a fait savoir vendredi soir que Jean-Marc Ayrault estimait que le repreneur annoncé par Arnaud Montebourg pour Florange, condition sine qua non à une nationalisation temporaire, n'était pas "crédible". Ce n'était "pas solide" et "pas bordé", insiste-t-on.

 

Ayrault salue l'action de Montebourg

Face à la pluie de commentaires affirmant que Montebourg a été giflé, Jean-Marc Ayrault s'est fendu samedi d'un communiqué de réconfort, saluant le travail de son ministre du Redressement productif, dont les coups d'éclat réguliers et la flamboyance médiatique exaspèrent parfois son propre camp.

Arnaud Montebourg "n'a pas ménagé sa peine pour chercher toutes les solutions possibles comme il le fait sur de nombreux dossiers particulièrement difficiles, contribuant ainsi à créer un rapport de forces favorable à la conclusion de l'accord", selon le communiqué.

C'est la ligne défendue par le gouvernement : l'activisme de Montebourg a en réalité servi à effrayer Mittal pour le contraindre à négocier.

Selon un membre du gouvernement, "Montebourg voulait vraiment nationaliser. Mais pas les autres. On s'en est servi comme arme dans la négociation".

La député socialiste Karine Berger a, elle, estimé sur Twitter que "Montebourg est l'un des gagnants de l'épisode" et que son action "avait créé le rapport de force indispensable à l'accord".

Mais pour autant, pas de nationalisation. L'exécutif pense, comme le disait M. Ayrault vendredi soir qu'elle "peut certes être nécessaire dans des circonstances historiques particulières ou pour sauvegarder des intérêts supérieurs de la nation. Mais elle n'est pas efficace face à un problème de débouchés pour une entreprise".

Le ministre du Travail Michel Sapin avait d'ailleurs affirmé la semaine dernière : "On n'est plus dans une époque où on nationalise la sidérurgie".

Reste à savoir quand Arnaud Montebourg a été informé de cette position gouvernementale, lui qui avait vu une "unité nationale" se construire autour de son projet.

Il n'avait pas réagi samedi après-midi mais devait s'exprimer au journal télévisé du soir de TF1, selon son entourage.

François Hollande (g) et Arnaud Montebourg le 29 novembre 2012 à Rueil-Malmaison [Philippe Wojazer / Pool/AFP/Archives]
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François Hollande (g) et Arnaud Montebourg le 29 novembre 2012 à Rueil-Malmaison
 

Sur le fond, la situation de Montebourg, qui évolue sur l'aile gauche du Parti socialiste, devient plus inconfortable dans un gouvernement qui revendique une "révolution copernicienne" dans son rapport aux entreprises.

"Le gouvernement a fait le choix du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Il s'agit d'une priorité nationale", a rappelé vendredi soir M. Ayrault, en référence aux mesures de relance de la compétitivité adoptées jusqu'ici, notamment le crédit d'impôt sur le coût du travail octroyé aux entreprises, critiqué par la gauche de la gauche.

"Qu'il y ait des tensions (...), c'est évident", selon Eddy Fougier, chercheur associé à l'Iris (BIEN Iris) et spécialiste de la gauche, pour qui "sur le fond", M. Montebourg n'est pas compatible avec la révolution copernicienne du PS.

"En même temps, il y a des déséquilibres internes (...) et Montebourg a un rôle pour que le parti ne penche pas trop à droite", selon lui.

Le PS avait largement critiqué Nicolas Sarkozy sur le dossier Gandrange, une aciérie d'ArcelorMittal que le Président n'avait pas maintenu à flot en dépit de ses engagements.

Pour M. Fougier, "le Florange de Montebourg peut être le Gandrange de Sarkozy".

Même si Arnaud Montebourg n'est pas le premier inspirateur de l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal, il est quand même chargé par Jean-Marc Ayrault de veiller à son application. "Le Premier ministre demande au ministre du Redressement productif, au ministre du Travail, à la ministre chargée de la Recherche et au ministre de l'Economie et des Finances de s'assurer dans la durée de la réalisation des engagements pris".

 

Montebourg annule un rendez-vous médiatique

Le ministre du Redressement productif, qui n'est pas exprimé sur l'accord, a annulé sa participation à l'émission "Tous politiques", organisée par France Inter/Le Monde/AFP, prévue dimanche en fin d'après-midi.

Selon la radio, Arnaud Montebourg a justifié l'annulation par "un agenda chargé".

 

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