En direct
A suivre

La crise à l'UMP, aubaine pour un exécutif critiqué

Le président François Hollande (g) et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (d) à Paris le 19 novembre 2012 [Philippe Wojazer / AFP/Archives] Le président François Hollande (g) et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (d) à Paris le 19 novembre 2012 [Philippe Wojazer / AFP/Archives]

La guerre des chefs à l'UMP tombe au bon moment pour l'exécutif, embourbé dans le dossier de l'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes et en butte à une forte opposition sur le mariage homosexuel.

"C'est vraiment une aubaine, on n'en demandait pas tant!" Comme cette ministre, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, en baisse régulière dans les sondages depuis plusieurs mois, ne peuvent que se réjouir des malheurs de l'opposition qui monopolisent l'attention des médias et font passer au second plan leurs propres difficultés.

La sortie ratée de François Hollande sur la "liberté de conscience" des maires au sujet du mariage homosexuel a ainsi vite laissé place à la guerre sans merci que se livrent Jean-François Copé et François Fillon. Le chef de l'Etat s'est pourtant recadré lui-même devant les représentants de l'Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) reçus à l'Elysée.

De même, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), chaque jour plus embarrassant pour Jean-Marc Ayrault, qui l'a porté de longue date, n'a sans doute pas l'écho médiatique qu'il aurait reçu sans le psychodrame à l'UMP. Et le recul du Premier ministre, qui a concédé samedi soir la mise en place d'une "commission du dialogue" après avoir affiché sa fermeté, est passé sans encombre.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui a choqué les opposants à l'aéroport en évoquant un "kyste" qu'il ne faut pas laisser s'installer, reste lui toujours aussi populaire.

"Il y a une attention très forte des médias, mais on arrive presque au bout! On a déjà franchi beaucoup d'étapes à l'UMP, il ne reste presque que la scission ou le procès", tempère le politologue Jérôme Fourquet (Ifop), pour qui il y a un "très fort décalage entre l'intérêt des médias et celui des Français".

Accélération des réformes

Interrogés sur le sentiment dominant après l'élection interne du président de l'UMP, les Français ont ainsi choisi le mot "indifférence" (40%), puis "déception" (22%), "inquiétude" (21%), "colère" (11%) et "satisfaction" (6%), selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche.

"Les sujets ne se limitent pas à leur traitement médiatique", abonde Stéphane Rozès (Cap), convaincu que ce sont plutôt "l'absence d'inventaire des années Sarkozy et la ligne droitière de Patrick Buisson qui sont les meilleures alliées de l'actuelle majorité".

Et puis, relève M. Fourquet, Notre-Dame-des-Landes ou le mariage homosexuel ont "leur propre agenda, leur propre dynamique". "Si les anti-mariage homosexuel parviennent par exemple en janvier à rassembler dans une manifestation encore plus de monde, la difficulté augmentera encore pour le gouvernement", relève-t-il.

M. Fourquet évoque aussi "d'éventuels nouveaux règlements de compte à Marseille, en Corse ou ailleurs, qui à terme rejailliront forcément sur M. Valls si sa politique ne porte pas ses fruits".

Le couple exécutif ne compte en tout cas pas sur la crise à l'UMP pour baisser de rythme et prendre son temps.

François Hollande veut au contraire voir un gouvernement "encore plus exemplaire" et une accélération du rythme des réformes sur la compétitivité, les banques ou la vie politique.

Les mesures sur la compétitivité devraient ainsi être adoptées "dès le mois de décembre". "De la même manière pour la réforme bancaire, c'est maintenant qu'il faut la faire", a lancé lundi le chef de l'Etat.

"Idem d'ailleurs pour la réforme Jospin (sur la vie publique, ndlr): notre idée, c'est d'aller assez vite", a expliqué le président, qui s'attend à "un calendrier parlementaire assez chargé à la fin de l'année et au début de l'année prochaine".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités