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Mosquée de Poitiers : quatre militants d'extrème-droite toujours en garde à vue

Des militants du mouvement d'extrême droite "Génération identitaire" occupent la mosquée en construction à Poitiers, le 20 octobre 2012 [ / AFP] Des militants du mouvement d'extrême droite "Génération identitaire" occupent la mosquée en construction à Poitiers, le 20 octobre 2012 [ / AFP]

La garde à vue de quatre militants d'extrême droite ayant occupé samedi la future grande mosquée de Poitiers, a été prolongée dimanche, alors que les appels à une réaction judiciaire ferme et à l'interdiction des groupes identitaires d'extrême droite se sont multipliés.

Les quatre jeunes, âgés de 23 à 26 ans, parmi lesquels deux étudiants et deux jeunes actifs, auraient "un rôle important" au sein du groupe Génération identitaire (GI), a-t-on indiqué de source proche de l'enquête.

La présidente du FN, Marine Le Pen, s'est déclarée lundi "atterrée" par les "réactions d'hystérie de la classe politique" à l'occupation du chantier par un groupuscule d'extrême droite, dont elle ne "partage pas" le "mode d'action". Elle a jugé "disproportionnées" les demandes de dissolution de Génération identitaire, dont 73 militants ont investi le chantier. "Il faut aussi demander la dissolution du Gisti, de SOS Racisme qui avaient poussé à l'occupation d'un certain nombre d'églises", a-t-elle estimé, en allusion à la présence de sans-papiers à Saint-Bernard à Paris en 1996 et à la basilique-cathédrale de Saint-Denis en 2002.

73 militants, dont une majorité d'étudiants venus de Paris, Lyon, Grenoble, Lille, Cannes, Nice ainsi que de Bretagne et de Normandie, selon les organisateurs, avaient investi samedi, vers 5H45, le grand bâtiment gris, encore en chantier, situé en banlieue de Poitiers, à Buxerolles. Ils se sont installés sur le toit et ont déployé une banderole affichant le nom de leur mouvement et une autre évoquant "732" lorsque "Charles Martel a battu les Arabes à Poitiers". Peu avant 13H00, ils ont évacué le site, sans encombre, selon eux parce que la préfecture leur avait promis qu'il n'y aurait pas d'interpellation.

Leur action a suscité des condamnations quasi unanimes au sein de la classe politique. Dimanche les appels à une grande fermeté judiciaire les visant, ou à leur dissolution pure et simple, se sont multipliés.

Dans un communiqué, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a ainsi demandé "la dissolution immédiate de toutes les poupées gigognes de la mouvance identitaire d'extrême droite qui a occupé le chantier de la mosquée de Poitiers", appelant aussi à la fermeture de ses sites internet et à des poursuites "pour incitation à la haine raciale". Dès samedi, Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche (PG) avait aussi estimé que ces groupes devaient être dissous.

"Ils se sentent portés et légitimés par les vents mauvais qu'entraînent les déclarations xénophobes des responsables du Front national et de certains dirigeants de l'UMP", a estimé le MRAP.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a pour sa part "fermement" condamné cette occupation, soulignant "le droit à la libre expression de la religion".

"C'est avec la plus grande fermeté que de tels actes doivent être condamnés par la classe politique toute entière et faire l'objet de poursuites judiciaires. Ces actes ne peuvent rester impunis", estime également SOS Racisme dans un communiqué.

Le Rassemblement des musulmans de France s'est lui inquiété "du climat d'islamophobie", de plus en plus large en France et a appelé à des mesures "pour endiguer cette forme de xénophobie qui porte atteinte aux grandes valeurs de la République".

"Pour nous c'est un succès", s'est félicitée de son côté dimanche Louise Demory, porte-parole de ce mouvement de jeunesse, émanation récente du Bloc identitaire, un parti d'extrême droite spécialisé dans l'activisme sur internet, qui rejette l'immigration et l'islam avec virulence.

"Nous avons choisi de faire notre action à Poitiers, qui est une ville symbolique en raison de l'histoire et il se trouve en plus qu'une mosquée-cathédrale (nom donné aux mosquées d’envergure, ndlr) très ostentatoire y est en construction avec un minaret de 32 m", a aussi affirmé à l'AFP Damien Rieu, un autre porte-parole de GI.

GI, a-t-il ajouté est "le syndicat des petits blancs, c'est-à-dire des jeunes français de souche touchés de plein fouet par l'immigration", des personnes "issues de milieux modestes".

Samedi, leur action avait été condamnée par presque tous les partis, et au sein du gouvernement notamment par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, ce dernier promettant "la plus grande fermeté" à leur encontre.

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