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Rencontre avec Camille Pascal, la "plume" de Sarkozy

Durant 18 mois, Camille Pascal a été l'une des plumes de Nicolas Sarkozy.[MIGUEL MEDINA / AFP]

Conseiller audiovisuel de Nicolas Sarkozy de janvier 2011 à juin 2012, Camille Pascal fut aussi, avec Henri Guaino, la plume du Président. Une expérience «exaltante mais épuisante» qu'il raconte dans un ouvrage publié la semaine dernière.

 

Dans votre livre, Scènes de la vie quotidienne à l'Elysée, vous racontez votre «entretien d’embauche» avec Claude Guéant alors secrétaire général de l’Elysée. Comment votre nom est-il arrivé jusqu’à Nicolas Sarkozy ?

C’est un peu mystérieux. En tant que secrétaire général de France télévisions, j’étais en quelque sorte l’officier de liaison entre l’Elysée, Matignon, les ministères et Patrick de Carolis (alors PDG du groupe, ndlr). Il se trouve que j’avais des amis parmi les collaborateurs du Président, Franck Louvrier ou Grégoire Verdeaux, avec qui j’ai travaillé et qui ont du lui parler de moi en lui proposant de me rencontrer.

 

Comment se glisse-t-on dans la peau de Nicolas Sarkozy ? Avez-vous réécouté ses discours ?

Je n’ai pas eu le temps, je n’ai eu que 48 heures pour écrire mon premier discours ! Mais très vite je me suis imprégné de son style. Je l’écoutais attentivement, j’examinais sa syntaxe, ses expressions et je réinterprétais les raisonnements qu’il avait tenus devant moi. Je me mettais au service de sa pensée et son action et c’est ce qui lui a plu.

Il y a quelque chose d’un peu chamanique dans ce lien. Quand j’écrivais, c’est sa voix que j’entendais, pas la mienne.

 

Quel regard portez-vous sur votre passage à l’Elysée ?

Ce fut une expérience unique. J’ai eu une vie professionnelle passionnante mais là, j’ai eu l’impression d’être au cœur de l’Histoire.

Pour le reste, je n’éprouve ni regret, ni nostalgie. Le président me manque, c’est un fait mais j’ai emporté de l’Elysée tout ce que je pouvais emporter, des souvenirs inoubliables. J’aurais été ravi que cela continue mais les Français en ont décidé autrement.

 

On imagine pourtant que le pouvoir est grisant… 

Vous savez, l’exercice du pouvoir est un poids. C’est une incroyable adrénaline mais vous avez sur les épaules une responsabilité énorme. Quand vous écrivez pour le Président, vous avez toujours la crainte qu’une phrase soit mal interprétée, de laisser un mot de trop. C’est exaltant mais épuisant. Aujourd’hui, j’ai retrouvé du temps pour ma famille, pour passer mes dimanches avec elle.

 

Après le meeting de la Concorde le 15 avril, vous dites à votre fils «mais oui mon chéri on va gagner, bien sûr le Président ne peut pas perdre». Vous avez toujours cru en la victoire ?

Même dans les moments de doute, j’ai pensé que ce serait difficile mais possible. Je me disais «il y a chez cet homme la capacité de faire mentir les prophéties». Le samedi soir, on savait que l’élection était pliée mais jusqu’au vendredi, on était quelques-uns à y croire.

On a réussi à remonter un handicap énorme en gagnant près de dix points en trois mois de campagne. Mais on n’a pas réussi à convaincre les deux millions d’électeurs qui ont voté blanc et fait la victoire du candidat socialiste.

 

Si la stratégie de campagne était bonne, comme vous le pensez, à quoi la défaite était-elle due ?

C’est très présomptueux de donner une réponse. Mais peut-être que le Président aurait du évacuer plus tôt les scories du début de mandat. Il a perdu beaucoup de temps à s’expliquer sur ces histoires de Fouquet’s, de yacht dont, à mon avis, les français n’ont rien à faire. Par ailleurs, le Président n’a jamais voulu revenir sur l’ouverture qu’il a faite ce que l’électorat de droite le lui a difficilement pardonné.

 

«Le Président me manque», dites-vous. Gardez-vous le contact ?

On se voit de temps en temps, je l’ai au téléphone, je passe dans ses bureaux rue de Miromesnil. On parle de tout, littérature, famille enfants. Ce sont souvent des conversations très personnelles. Et quand on parle politique, il écoute mais ne répond pas.

 

Que pensez-vous de son regain de popularité ?

Des hommes d’Etat de la trempe de Nicolas Sarkozy ça ne court pas les rues surtout à notre époque ! Qu’il ait eu des défauts, qu’il ait fait des erreurs, sans doute mais on lui a fait de nombreux procès. Je suis heureux de ce frémissement de l’opinion, il me fait plaisir même si pour le pays, il aurait peut-être été mieux qu’on se rende compte de ses qualités plus tôt. Lors de la présidentielle, les Français ne l’ont pas l’humilié et on a presque l’impression qu’ils voudraient aujourd’hui se faire pardonner de ne pas l’avoir réélu.

 

Scènes de la vie quotidienne à l'Elysée, Camille Pascal, Ed. Plon, 272 pages, 19 euros.

 

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