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Copé / Fillon : ce qui les sépare, ce qui les rapproche

Le duel sera départagé par les militants le 18 novembre.[GERARD JULIEN / AFP]

Cette fois-ci c’est réellement parti. La campagne officielle pour la présidence de l’UMP débute aujourd’hui. L’occasion de scruter les deux prétendants.

 

Ils ne sont finalement que deux à briguer la présidence de l’UMP. Deux candidats, François Fillon et Jean-François Copé, qui s’affrontent pour succéder à Nicolas Sarkozy à la tête du principal parti d’opposition. Entre l’amateur de sport automobile et le passionné de jazz, les différences ne s’affichent pas uniquement sur le plan des loisirs.

 

Parcours

De dix ans plus âgé que Jean-François Copé, François Fillon (58 ans) a commencé sa carrière politique à la fin des années 1970. Député de la quatrième circonscription de la Sarthe dès 1981, il a été réélu à chaque élection avant d’être parachuté à Paris en juin dernier. Jean-François Copé est pour sa part élu de Seine-et-Marne depuis 1995. Maire de Meaux il est également député de la sixième circonscription.

S’ils se sont côtoyés dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin (2002-2005), François Fillon bénéficie d’une expérience plus grande. Alors que Jean-François Copé a toujours été secrétaire d’Etat ou ministre délégué, son rival a été ministre de plein exercice dans les gouvernements d’Edouard Balladur, d'Alain Juppé et de jean-Pierre Raffarin avant d’être pendant cinq ans le seul chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy.

 

Implantation à droite

Après avoir dirigé le groupe UMP à l’Assemblée nationale (2007-2010), Jean-François Copé a succédé à Xavier Bertrand à la tête du parti il y a deux ans. Avec son club Génération France, il est parvenu à construire un maillage national important. Bénéficiant du fichier des adhérents du parti, il comptait sur la course aux parrainages pour remporter une première victoire sur François Fillon. Mais après une belle partie de bluff, les deux candidats ont finalement obtenu tous les deux plus de 45 000 signatures sur les 264 000 militants qui voteront dans quelques jours.

Au-delà des militants, François Fillon est nettement plus populaire, un récent sondage Harris Interactive pour 20 minutes le créditant de 71% des voix contre 23 à son adversaire. L’ancien Premier ministre est également plus populaire auprès des parlementaires. Selon un pointage effectué par Le Monde, il serait soutenu par 147 députés et sénateurs contre 98 à Jean-François Copé.

 

Image dans l'opinion

La popularité de François Fillon est liée à la stature nationale qu’il a acquise durant son quinquennat à Matignon. «On a besoin de personnalités qui rassemblent, pas qui divisent les Français. On a également besoin d’un homme d’Etat avec une vision pour le pays. C’est précisément la qualité qui lui est reconnue», résume Laurent Wauquiez qui deviendra vice-président du parti en cas de victoire filloniste. A l’inverse, Jean-François Copé peine à sortir du carcan d’homme de parti. Il a tenté durant le début de campagne de se présenter «comme le candidat des militants, du terrain» face à Fillon qui serait le candidat des «barons». Mais son attaque ne semble pas avoir porté ses fruits.

Pour Bruno Le Maire, c’est un match «entre un Fillon plus consensuel et un Copé plus combattant».

 

Ligne politique

Sur le fond, la plupart de leurs propositions se rejoignent. Mais les deux, n’ont pas choisi de mettre les mêmes propositions en avant. Dans son Manifeste pour une droite décomplexée (Ed. Fayard), Jean-François Copé reprend des arguments mis en avant par le Front national, évoquant «un racisme anti-blanc». François Fillon s'était déclaré "pas choqué" par les propos de son concurrent avant de déclarer sur Atlantico : "Ce n'est pas en copiant les extrémistes que nous convaincrons nos électeurs". Mais pour l'ex-Premier ministre, qui se revendique du gaullisme social, la priorité est à mettre sur les enjeux économiques.

«A droite, on compte quatre familles : la droite libérale incarnée par Copé, la droite sociale de Fillon, la droite morale et la droite sécuritaire. Il est intéressant de noter qu’aucun des deux n’a cherché les voix de la droite morale malgré le conservatisme de l’électorat de droite. Quand à la droite sécuritaire, les deux se sont engagés mais Jean-François Copé est allé le plus loin. On devrait parler non pas de droitisation mais de frontisation», analyse Thomas Guénolé, politologue, professeur à Sciences Po.

 

Rapport à Nicolas Sarkozy

«C’est un fait, l’ombre de Nicolas Sarkozy plane sur cette élection car il reste le véritable chef de l’UMP», explique Thomas Guénolé. Conscient de l’omniprésence de l’ancien-président, Jean-François Copé tente de reprendre le fil conducteur de la campagne présidentiel avec son discours de «droite décomplexée». Un serment de fidélité exprimé encore plus ouvertement à l’évocation de la future présidentielle : «quelle que soit sa décision, je serai à ses côtés», a-t-il annoncé.

Rien de tel dans les propos de François Fillon qui se veut pourtant solidaire du bilan du quinquennat. «Attaquer Nicolas Sarkozy, c’est m’attaquer», reconnait-il. Mais l’ancien Premier ministre ne compte pas «passer le quinquennat qui vient à se demander s’il va revenir». Ce n’est pas la première fois qu’il prend ses distances. Dans un récent entretien au Point, il avait affirmé que le fillonisme pouvait être «une approche plus sereine et plus pragmatique des choses».

Le sondage, publié vendredi matin selon lequel 55% des Français ne regretteraient pas Nicolas Sarkozy, pourrait permettre aux deux rivaux de s'affranchir de la tutelle de l'ex-locataire de l'Elysée.

 

Ambition affichée

Officiellement, Jean-François Copé n’a qu’une idée en tête. Et ce n’est pas la présidentielle de 2017 comme l’avait avancé François Hollande lors d’un débat durant la campagne présidentielle. S’il pense bien évidemment à l’Elysée, il s’efforce de braquer son objectif sur les municipales de 2014 avec pour rêve «une vague bleue» à offrir aux militants. François Fillon lui ne s’en cache pas. Après avoir un temps réfléchi à la possibilité de briguer la mairie de Paris, c’est 2017 qu’il vise. Pour lui, cette élection à la présidentielle est un marchepied idéal vers la primaire qui se tiendra dans quatre ans. «Quand vous avez été Premier ministre, il n'y a rien d'autre qui vous stimule que d'être candidat à la présidentielle. Or perdre (le 18 novembre), c'est pas la meilleure façon de rester dans la course de 2017 », a-t-il confié.

Les sondages lui sont là encore favorables : c’est lui qui, à droite, possède le meilleur potentiel de voix dans un face à face avec François Hollande. 61% des Français sont prêts à voter pour lui contre 54% pour Nicolas Sarkozy et seulement 47% pour Jean-François Copé.

 

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