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Steeve Briois, l'homme de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont

Steeve Briois, secrétaire général du FN et suppléant de Marine Le Pen aux législatives,le 6 octobre 2011 à Nanterre près de Paris[AFP/Archives]

Militant de terrain inlassable, Steeve Briois, secrétaire général du FN et suppléant de Marine Le Pen aux législatives, a fait d'Hénin-Beaumont un modèle d'enracinement pour le parti d'extrême droite.

Si Marine Le Pen l'emporte le 17 juin dans cette 11e circonscription du Pas-de-Calais, elle le devra beaucoup à cet homme de 39 ans, peu connu du grand public mais qui lui est indispensable au niveau local.

Pour mesurer sa popularité, il suffit de le voir arpenter les allées du marché de la ville, au coeur du pays minier, et de s'arrêter sans cesse pour entamer la discussion et saluer les commerçants. Au milieu des étals, un vieux couple, dont la femme porte un voile, lui voue sa sympathie : "notre fils, Ali, était en classe avec vous".

Au sein du FN, qui souffre d'un manque d'implantation sur le terrain, Steeve Briois fait quasiment figure d'exception. En 2009, il a échoué de peu - 500 voix - à ravir la mairie d'Hénin-Beaumont à la gauche.

L'homme est un frontiste pur jus, qui a commencé à militer à Hénin-Beaumont en 1988, à 15 ans, en diffusant au lycée des pétitions pour le retour de la peine de mort.

"A l'époque, on voulait caser le Front national dans la case immigration et insécurité. Ca me convenait tout à fait", assure-t-il à l'AFP, à l'étage de sa permanence, un léger accent "ch'ti" dans la voix.

Près d'Hénin-Beaumont, le FN n'a pas hésité, pour attaquer Jean-Luc Mélenchon, à faire diffuser un faux tract appelant à voter pour le leader du Front de gauche en français et en arabe, sur fond vert, la couleur de l'islam.

"Vous croyez qu'ils ne font pas pareil avec nous ?", assure M. Briois, assumant la méthode, avant de s'en prendre aux "bobos parisiens" et "pucelles effarouchées" qui s'en étonnent.

Elu municipal depuis 1995, cet ancien commercial a installé le FN dans le paysage local, à coups de porte-à-porte et de présence sur les marchés, et en formant les militants au travail de terrain.

"Avec Laurent Brice", l'autre figure frontiste à Hénin-Beaumont, "ils ont mis en place une organisation très pointue. Ils sont capables de distribuer un tract dans les 12.000 boîtes aux lettres en 24 heures", souligne Pierre Ferrari, ex-élu PS, pour qui "il faut prendre ces gens au sérieux".

Sur le terrain, "il est comme un poisson dans l'eau. Il interpelle les gens, sourit, sait entrer dans l'empathie. C'est un peu l'assistante sociale du coin", ajoute Georges Bouquillon, premier adjoint à l'actuel maire divers gauche.

Dans cette ville d'environ 25.000 habitants, où le chômage atteint 16,6% (chiffres Insee 2008), le FN a aussi prospéré sur les affaires qui ont impliqué des élus PS, notamment l'ex-maire Gérard Dalongeville (2001-2009), mis en examen dans un dossier de fausses factures.

Fidèle lieutenant de Marine Le Pen, qu'il a convaincue en 2007 de s'implanter dans sa ville, Steeve Briois a été nommé secrétaire général du FN, en janvier 2011... Pour "diffuser ses méthodes au niveau national", explique la présidente du FN à propos de son homme de confiance, qui avait choisi Bruno Mégret lors de la scission de 1998, avant de revenir au FN en 2000.

En interne, la méthode Briois ne fait pas que des heureux.

"Il ne fait confiance à personne, veut avoir la main sur tout et s'adresse aux gens de manière inacceptable. Dans une entreprise, il aurait déjà fini 3.000 fois aux prud'hommes", critique, sous couvert d'anonymat, un cadre frontiste. Pour un élu local, "il met en place un copinage hallucinant. On reprochait ça à (Jean-Marie) Le Pen. Avec lui c'est puissance dix".

"Tout ça, je sais d'où ça vient. Mais je ne réponds pas aux anonymes. Qu'ils s'occupent de leur fédération ou de leur région. A leur place je me ferais tout petit", répond le secrétaire général.

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