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Assassinats, suicide, overdose: la "malédiction" des Kennedy

John F. Kennedy, sa femme Jackie avec leur fils John F. Kennedy lors du baptême de ce dernier, le 10 décembre 1960 à la chapelle de l'Université de Georgetown [Sam Schulman / AFP] John F. Kennedy, sa femme Jackie avec leur fils John F. Kennedy lors du baptême de ce dernier, le 10 décembre 1960 à la chapelle de l'Université de Georgetown [Sam Schulman / AFP]

"La malédiction des Kennedy frappe encore", titrait The Independent l'an dernier après le suicide d'une belle-fille de Bobby Kennedy, accréditant l'idée, ignominieuse pour certains, selon laquelle le clan le plus scruté d'Amérique vivrait une éternelle tragédie grecque.

Comment expliquer sinon qu'à "chaque fois qu'un Kennedy est sur le point de toucher au but, il est condamné à en payer le prix fort"?, se demande Edward Klein dans "La Malédiction des Kennedy". "Il faut remonter à la Grèce antique, aux Atrides, aux figures légendaires d'Agamemnon, Clytemnestre, Oreste et Electre, pour trouver une famille soumise à une série de calamités aussi époustouflante", écrit-il.

Car la litanie de drames qu'a vécues le clan est à la mesure de sa démesure.

Depuis l'assassinat du président John F. Kennedy il y a tout juste 50 ans, le clan a dû faire face au meurtre de son frère Bobby en 1968, au décès par overdose de David, fils de ce même Bobby, en 1984, ou encore à la mort dans un accident de ski de Michael, autre fils de Bobby, en 1997.

Dernier drame en date: le suicide de Mary Richardson Kennedy, deuxième femme de Bobby Junior, en mai 2012.

Mais, c'est bien la mort de John John, fils de JFK et Jackie Kennedy, dans le crash du petit avion qu'il pilotait le 16 juillet 1999 qui achèvera de donner corps au mythe de la malédiction.

Pourtant, le mot avait déjà été repris à son compte 30 ans plus tôt par Ted Kennedy, frère de JFK et de Bobby et sénateur du Massachusetts. Dans un discours télévisé tout en contrition, le jeune espoir démocrate revient sur l'accident de l'Oldsmobile qu'il conduisait et qui finit sa course dans un bras d'eau sur l'île de Chappaquiddick, tuant sa passagère Mary Jo Kopechne.

"Une affreuse malédiction s'est-elle abattue sur tous les Kennedy?", se demande ainsi Ted Kennedy dans son intervention du 25 juillet 1969, un peu plus d'un an après l'assassinat de son frère Bobby.

"La rencontre d'Hollywood et de Washington"

Certains partisans de la théorie du complot interrogent les astres à grand renfort d'horoscopes du patriarche Joe Kennedy, le père de JFK, Bobby et Ted, pour expliquer les affres du clan. D'autres croient au sort qu'un rabbin aurait jeté au même Joe Kennedy après une altercation...

John F. Kennedy Jr et sa femme  Carolyn Bessette-Kennedy aux funérailles de Michael Kennedy, le 3 janvier 1998 dans le Massachusetts [John Mottern / AFP/Archives]
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John F. Kennedy Jr et sa femme Carolyn Bessette-Kennedy aux funérailles de Michael Kennedy, le 3 janvier 1998 dans le Massachusetts

Des arguments qui tiennent de l'irrationnel et ont le don d'irriter Thomas Maier, journaliste et auteur de "The Kennedys: America's Emerald Kings", une somme sur la dynastie. "Parler de malédiction, un peu comme si une déité se vengeait des Kennedy pour quelque chose qu'ils auraient fait, est absurde et injurieux à l'égard de la foi" catholique des Kennedy, explique-t-il à l'AFP.

Et de souligner qu'avec Joe Kennedy, représentant au Congrès et petit-fils de Bobby, la famille en est à sa "quatrième génération au service de l'intérêt général".

"Toutes les familles n'ont pas donné trois sénateurs, un président et deux candidats à la présidence", renchérit Larry Sabato, politologue à l'université de Virginie, dans une interview accordée à l'AFP. "La théorie de la malédiction est très populaire parce que nous ne cessons de nous intéresser à cette famille. Nous connaissons chacun de ses membres", dit-il.

L'accident d'avion de John John en 1999, qui avait aussi coûté la vie à sa femme Carolyn et à sa belle-soeur Lauren Bessette, avait ainsi poussé non seulement la famille Kennedy mais "le pays tout entier à prendre le deuil", comme le soulignait le Guardian dans son édition du 23 juillet 1999.

Si l'histoire des enfants chéris de l'Amérique continue à fasciner et intriguer, c'est sans doute parce qu'ils incarnent "la rencontre d'Hollywood et de Washington", explique Larry Sabato.

Et dans le fond, estime Laurence Leamer, journaliste et fin connaisseur de la dynastie, leur histoire est celle "d'une famille d'immigrés (...). En Amérique, tout le monde dit à ses enfants: +tu peux devenir président des Etats-Unis+, mais personne n'y croit vraiment".

Pour les Kennedy, l'affaire est différente. "Ils ont été élevés en sachant que c'était tout à fait possible", résume-t-il.

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