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George Clooney, avocat des grandes causes

George Clooney[CC/csztova]

George Clooney n’est pas qu’une belle gueule. Oscarisé et récompensé par les festivals du monde entier, l’acteur veut faire entendre ses idées. Après des débuts difficiles, le comédien américain, devenu réalisateur et producteur s’engage aujourd’hui dans des films de genre qui s’attaquent à la doctrine néoconservatrice.

 

(ARCHIVES)

 

Certes, il est né dans une famille déjà bien implantée dans le monde du spectacle: sa mère est une ancienne reine de beauté, son père un journaliste et politicien démocrate du Kentucky, son oncle est l’acteur Jose Ferrer. Mais jusqu’à sa révélation dans la série Urgences, en 1994, la vie de George Clooney est plus jalonnée d’échecs que de réussites. Lycéen médiocre, il ne se distingue que dans le base-ball, mais il est recalé lors des sélections des Cincinnati Reds en 1977. Etudiant médiocre, il s’inscrit successivement dans deux universités, desquelles il ressort sans diplôme. Il se dirige ensuite vers la carrière d’acteur.

 

Des séries Z à Urgences

George Clooney enchaîne les figurations avant de décrocher, en 1984, un petit rôle dans une série. Le contrat ne couvre que quatre épisodes. Il retourne parmi la foule des figurants des feuilletons qui font florès à la télé dans les années 1980. Lors d’une petite embellie, il joue le rôle de Booker Brooks dans la sitcom Roseanne, qui narre les non-aventures d’une famille d’Américains obèses et apparaît au générique de la série Z de Matt Stevens, Le retour des tomates tueuses. Nous sommes en 1988. Les six années qui suivent seront vécues au jour le jour par le beau George.

 

Vidéo : George Clooney dans Le Retour des tomates tueuses

 

 

Du petit au grand écran

Le grand bouleversement un matin de 1994 : son agent l’appelle pour lui annoncer qu’il vient d’être choisi pour incarner le docteur Doug Ross dans le show de la chaîne NBC, ER («Emergency Room», Urgences en France). Son charme, ses tempes déjà grisonnantes et sa gueule de gentleman un peu lisse et sans âge font le reste. Les femmes succombent, les hommes le reconnaissent. Pendant 108 épisodes, il s’installe comme un sex-symbol incontournable, au rythme des exploits de son personnage.

Cette célébrité soudaine ne semble pas poser de problème à Clooney, qui multiplie dès lors les rôles. D’abord en apparaissant dans le rôle d’un docteur (on ne risque pas une célébrité encore fragile) auprès des six compères de la série Friends. Ce sont Quentin Tarantino et Robert Rodriguez qui lui confèrent les premiers une vraie légitimité sur grand écran, avec le rôle de Seth Gecko dans Une nuit en enfer, le film qui révéla aussi Salma Hayek.

 

Vidéo : Une Nuit en enfer de Robert Rodriguez

 

 

On le retrouve dans Le Pacificateur (1997) de Mimi Leder, où il sauve le monde et Nicole Kidman, puis sous la cape de l’homme chauve-souris dans Batman & Robin de Joel Schumacher. Les temps ont déjà changé pour Clooney, qui n’est pas renvoyé dans son placard après ces choix discutables. Son magnétisme continue d’attirer le succès. En 2000, il crève l’écran dans O’Brother des frères Coen et obtient pour ce rôle le Golden Globes du meilleur acteur dans une comédie en 2001. Avec les Coen, Clooney tournera deux autres films, Intolérable Cruauté et Burn After Reading, une trilogie dite « des idiots » où Clooney s’illustre par son autodérision. Sa rencontre avec Steven Soderbergh est aussi décisive. Ensemble, ils tournent Hors d’atteinte (1998), Solaris (2002), The Good German (2006) et surtout Ocean’s Eleven, remake à succès du film de Lewis Milestone (1960), qui a depuis donné lieu à deux suites, Ocean’s Twelve et Ocean’s Thirteen.

 

Vidéo : George Clooney dans Ocean’s Thirteen

 

 

Le système Clooney

C’est alors que se met en place le système Clooney: entre deux blockbusters, l’acteur joue dans des films à plus petit budget, souvent des films engagés. Le même genre de longs métrages qui le font passer derrière la caméra et devenir producteur à travers la compagnie qu’il crée avec Soderbergh. George Clooney réalise d’abord Confessions d’un homme dangereux (2002), qui connaît un succès critique. Le film raconte la vie du présentateur télé Chuck Barris, qui animait un célèbre jeu pendant les années 1970, et qui aurait également été un tueur au service de la CIA. Avec cette première réalisation, Clooney s’empare du sujet des méthodes de la CIA, qui occupent depuis une partie de sa filmographie.

 

Vidéo : Bande-annonce Confessions d’un homme dangereux

 

 

Ensuite vint Good Night and Good Luck, film politique sur le maccarthysme, qu’il écrit, réalise et produit en 2005 et pour lequel il sera nominé aux oscars comme meilleur réalisateur et récompensé à Venise. Son succès et les rémunérations qui s’ensuivent permettent aussi à George Clooney de produire les projets qui lui tiennent à cœur, comme Syriana (2005), qui raconte les liens troubles qui unissent la CIA, les compagnies pétrolières et les monarchies du Golfe et dans lequel il incarne un agent américain en bout de course.

 

En 2000, George Clooney fonde avec son complice Steven Soderbergh la société de production Section Eight, affiliée à la Warner. Ils produisent notamment les deux suites de Ocean’s Eleven, ou The Jacket, thriller fantastique avec Keira Knightley (2005). Malgré la dissolution de la société en mars 2007, Clooney continue de produire des films qui se démarquent des autres, avec la complicité de ses amis acteurs. En août 2006, il fonde avec son ami et scénariste de Good Night and Good Luck, Grant Heslov une nouvelle société de production, Smockhouse. C’est par cette société que George Clooney produire en 2012 Argo de Ben Affleck, pour lequel il reçoit l’oscar du meilleur film.

 

Vidéo : Good Night and good luck

 

 

A 50 ans, ses cheveux s’éclaircissent de plus en plus et il se dévoile un peu plus à l’écran en enchainant les films dramatiques où il incarne des personnages en crise. Une première pour le comédien qui était surtout employé pour son physique. Dans The American, Clooney incarne un tueur à gages dont la dernière mission se déroule dans un village des Abruzzes en Italie. Avec ce rôle presque mutique, il est devenu un monstre sacré du cinéma, capable de se réinventer à chaque film. L'année 2011 marque un tournant dans sa carrière où il incarne successivement dans Les Marches du pouvoir et dans The Descendants des rôles à contre-emploi.

 

Médiateur lors de la grève des scénariste

En Juillet 2008, près de cinq mois après la grève des scénaristes qui avait paralysé Hollywood, faisant perdre au secteur plus de deux milliards de dollars, George Clooney avait tenté de débloquer la situation. L’échec des négociations salariales entre producteurs et acteurs faisait alors planer la menace d’un nouvel arrêt de travail. Alors que la situation semblait bloquée, George Clooney, fidèle à sa réputation d’acteur engagé, avait endossé le costume du médiateur. Son statut de chouchou des studios lui permettait de discuter d’égal à égal avec eux.

«Notre secteur se trouve désormais en grève de facto, avec une production de films quasiment interrompue et une production télévisée gravement menacée», avait annoncé l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP), le patronat d’Hollywood. Après l’expiration du contrat sur trois ans qui liait acteurs et producteurs, le principal syndicat des acteurs, la Screen Actors Guild (SAG), avait rejeté le texte destiné à le renouveler. Mais l’«American Federation of Television and Radio Artists» (Aftra), un autre syndicat d’acteurs, avait accepté une précédente proposition des producteurs, proche de celle refusée par l’AMPTP.

 

Vidéo : La carrière de George Clooney, du Retour des tomates tueuses à Fantastic Mr. Fox

 

 

La SAG réclamait une hausse des salaires pour les acteurs touchant moins de 100 000 dollars par an, ainsi qu’une augmentation des cotisations patronales au sein de la caisse de santé et de retraite. Et, à la manière des scénaristes, un intéressement accru sur les profits générés par les «nouveaux médias», DVD et Internet. Les studios jugaient ces revendications «irréalistes», faisant valoir que leur offre équivalait déjà à offrir «250 millions de dollars supplémentaires » aux acteurs.

Pour débloquer la situation, l’acteur George Clooney se pose en médiateur entre les protagonistes de la crise. Jeudi dernier, il a appelé les deux syndicats d’acteurs à rester unis. «Opposer Jack Nicholson, membre d’un syndicat, à Tom Hanks, adepte d’un autre, fait tout bonnement le jeu des studios», avait-t-il mis en garde. L’acteur a proposé des réunions annuelles entre chefs de studio et un panel de dix acteurs parmi les plus reconnus afin de fixer la part des acteurs dans les revenus générés par les nouveaux médias. Il a aussi plaidé en faveur d’un déplafonnement des cotisations syndicales, pour permettre aux acteurs percevant les plus gros salaires de contribuer de manière accrue aux fonds de solidarité et de retraite des comédiens. George Clooney a compris qu’il pouvait utiliser son statut de superstar pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur. «Je ne suis pas un stratège, mais je suis un défenseur, dit-il. Je suis peut-être même un peu plus qu’un défenseur. Je suis un diplomate d’un genre bizarre, presque effrayant ».

 

Vidéo : Pour sa prestation dans The Descendants, George Clooney a reçu une nomination aux oscars

 

 

Un homme engagé

Le vrai visage de Clooney est celui d’un homme engagé, qui sait utiliser la gloire hollywoodienne pour défendre les causes auxquelles il croit. Il se décrit lui-même comme un libéral, proche du parti démocrate. A ce titre, il s’oppose à la guerre en Irak. Il a ainsi déclaré : « Je crois que Rumsfeld pense que cette guerre peut-être gagnée, mais il n’y a plus de conflits de ce genre. Nous ne pouvons plus battre personne.». Son pacifisme a fait le bonheur de Trey Parker et Matt Stone, les créateurs du cartoon satyrique South Park, qui le caricaturent dans Team America, police du monde (2004) comme leader naïf des acteurs pacifistes qui veulent faire la paix avec le dictateur coréen Kim Jon-gil (qui dans le film est en fait une limace extraterrestre belliqueuse…). George Clooney les aurait remerciés pour cette apparition insolite

Après Confessions d’un homme dangereux et Good Night, and Good Luck, George Clooney confirme qu’il est un réalisateur engagé avec Les marches du pouvoir (2011). Un film adapté de la pièce Farragut North de Beau Willimon, inspirée de la campagne à la primaire démocrate d’Howard Dean en 2004. George Clooney joue Mike Morris, gouverneur de Pennsylvanie et candidat à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle. Il s’agit d’un petit rôle, plus sombre qu’à l’accoutumée. Pour ce film, il cède sa place à Ryan Gosling qui interprète le personnage principal, Stephen Meyers, le jeune mais expérimenté adjoint du directeur de campagne, Paul Zara (Philip Seymour Hoffman). Contrairement à ce dernier, blasé, Stephen est encore idéaliste. Il est sûr que son candidat est le meilleur, politiquement et moralement. Une chronique qui vire au thriller machiavélique, dans laquelle l’acteur-réalisateur décortique la machine politique avec distance et brio.

 

Vidéo : Bande-annonce de The Monuments Men, le cinquième film réalisé par George Clooney

 

 

Le style Clooney, c’est aussi une pointe d’autodérision : dans ses publicités pour Martini ou Nespresso, il s’amuse volontiers de sa réputation de charmeur et d’éternel célibataire. En occupant systématiquement l’espace médiatique, il a contribué à sensibiliser le monde sur le drame du Darfour. Au côté de ses amis Brad Pitt et Matt Damon, il anime l’association Not on our watch («Pas sous nos yeux»), qui lutte contre les exactions de masse. Ses deux amis ont émis l’idée que George Clooney, qui soutient Barack Obama pour l’élection de 2008, devrait se présenter à la Maison Blanche. L’intéressé aurait répondu : «Non. J’ai couché avec trop de femmes, je me suis trop drogué et j’ai trop fait la fête». Mais après tout, un autre acteur de série B a déjà dirigé la première puissance mondiale: Ronald Reagan, le président républicain des années 1980.

 

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