En direct
A suivre

Gérard Depardieu Belge ? Rien n'est fait

Gérard Depardieu à Bakou, le 13 décembre 2010 [Osman Karimov / AFP/Archives] Gérard Depardieu à Bakou, le 13 décembre 2010 [Osman Karimov / AFP/Archives]

Après la maison, le passeport ? La perspective d'une demande de naturalisation de Gérard Depardieu a été accueillie lundi avec un scepticisme teinté d'ironie en Belgique, où l'obtention de la nationalité nécessite de la patience et des preuves d'attachement au royaume.

La prudence restait de mise car le célèbre acteur français n'a pas confirmé son souhait de devenir belge.

"Je n'ai pas encore reçu de demande officielle", a indiqué lundi à l'AFP Georges Dallemagne, le président de la commission parlementaire qui accorde la naturalisation.

Seul Daniel Senesael, le bourgmestre (maire) d'Estaimpuis, qui englobe le village de Néchin où l'acteur a acheté une maison, a indiqué dimanche que Gérard Depardieu l'avait appelé pour se renseigner sur les conditions nécessaires à l'obtention de la nationalité belge.

Consacrant une partie de leur une aux propos tonitruants de l'acteur, les journaux francophones belges ne cachaient pas leurs doutes. "C'est du Gégé tout craché", a résumé Le Soir en utilisant le surnom de l'acteur et en y voyant "un coup d'esbroufe".

"Il est évident que Cyrano de Néchin aime faire de son nez" (NDLR : faire l'important), écrit aussi, moqueur, La Libre Belgique.

Gérard Depardieu, le 1er octobre 2012 à Berlin [Johannes Eisele / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Gérard Depardieu, le 1er octobre 2012 à Berlin
 

Pour les médias, l'affaire Depardieu est une répétition, en plus polémique, de l'affaire Bernard Arnault.

Le patron du groupe LVMH avait suscité en septembre une vague de protestation en France en décidant de se domicilier à Uccle, près de Bruxelles, et de demander la nationalité belge.

Trois mois après, la demande de l'homme d'affaires "est toujours en cours d'examen" par l'administration, a indiqué M. Dallemagne.

Quelque 50.000 dossiers, dont ceux de 500 Français, parfois déposés depuis plusieurs années, sont actuellement en attente devant la commission. "Il y a eu environ 120 dossiers déposés cette année par des Français, ce qui représente une progression de 15 à 20%. C'est une hausse modérée mais pas une ruée", selon M. Dallemagne.

Si Gérard Depardieu entamait cette procédure, son cas serait différemment traité car la législation belge change le 1er janvier. Le comédien pourrait ainsi bénéficier de la procédure particulière prévue pour des personnes pouvant "témoigner à la Belgique de mérites exceptionnels" dans divers domaines, notamment la culture.

Le précédent Johnny Hallyday

L'acteur "pourrait être un talent utile pour le rayonnement de la Belgique", a estimé M. Dallemagne, élu d'un parti centriste.

Mais, pour Karine Lalieux, autre membre de la commission, "il faudra que Gérard Depardieu puisse nous convaincre qu'il ne veut pas devenir belge uniquement pour éviter le fisc français". "Il devra prouver qu'il aime la culture belge et souhaite la promouvoir", a-t-elle précisé à l'AFP.

Cette élue PS rappelle le précédent Johnny Hallyday qui avait déposé une demande de naturalisation en 2006. La procédure avait été ajournée car les députés belges doutaient de "la sincérité" des sentiments du chanteur vis-à-vis de la Belgique.

Johnny Hallyday, dont le père était belge, avait finalement renoncé et décidé de rester français, après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007.

L'acteur Gérard Depardieu pris en photo chez une commerçante du village belge d'Estaimpuis, le 12 décembre 2012 [Philippe Huguen / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
L'acteur Gérard Depardieu pris en photo chez une commerçante du village belge d'Estaimpuis, le 12 décembre 2012
 

"Nous nous méfions des riches Français qui passent par la case belge pour pouvoir s'installer ensuite à Monaco", a indiqué Mme Lalieux. Les citoyens français ne peuvent en effet légalement demander la nationalité monégasque.

Les experts rappellent d'ailleurs que Gérard Depardieu peut légalement être domicilié en Belgique et y payer ses impôts sans pour autant demander à devenir belge. "La question de la nationalité n'a pas grand chose à voir avec le débat fiscal en France", a encore souligné M. Dallemagne.

Pour éviter que l'exode fiscal ne s'amplifie, le président François Hollande a estimé qu'il n'y avait "pas d'autre moyen de faire" que de "revoir (les) conventions fiscales" avec les pays offrant une fiscalité avantageuse, à l'image de la Belgique où il n'y a ni impôt sur la fortune, ni taxes sur les plus-values.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a appelé au "retour au calme" sur ce dossier, soulignant que, à contrario, "des Belges vont faire du shopping en France car la TVA y est plus basse qu'en Belgique".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités