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Florence Watrin : "Chaque semaine, ces magazines violent des vies privées"

Le Prince William et Kate Middleton à Singapour le 12 septembre Le Prince William et Kate Middleton à Singapour le 12 septembre[ROSLAN RAHMAN / AFP]

Le tribunal de grande instance de Nanterre a rendu sa décision : la société Mondadori qui édite le magazine Closer doit restituer les clichés de Kate Middleton dénudée à la famille royale dans les 24H.

Pour Florence Watrin, avocate en droit de la presse et droit à l'image, ce genre de décision est largement justifiée mais pas réellement efficace. Elle revient sur la décision du tribunal de Nanterre et ses conséquences.

 

Est-ce dans les habitudes de la famille royale d’attaquer un magazine people ?

C’est assez rare. A ma connaissance, en ce qui concerne Kate Middleton et le Prince William, c’est une première. Si les magazines ont publiés des photos intimes de ces gens par le passé, la nature particulièrement intrusive de ces clichés-ci explique largement la procédure. L’atteinte est d’une particulière gravité : les jeunes gens ont été pris en photo dans un lieu privé, ce qui constitue un délit pénal, et dans des attitudes qui relèvent de leur intimité et qui n’ont rien à voir avec leurs fonctions. Tout le monde peut mesurer le niveau d’intensité dans la violation d’intimité de ces gens là.

Ces clichés là sont bien plus "graves" que ceux du Prince Harry (qui avait été pris en photo nu lors d’une partie de strip poker, ndlr) parce que les circonstances ne sont pas les mêmes. D’un côté, on a un garçon qui fait la fête avec beaucoup de gens, de l’autre une jeune femme à moitié dénudée en train de prendre un bain de soleil en compagnie de son mari. Personne ne peut chercher une quelconque justification à une telle photo. C’est très bien d’avoir lancé cette procédure car plus généralement, elle donne à réfléchir sur le fait que tout le monde a le droit à son intimité. Il faudrait se mettre un instant à la place de ce couple qui assume énormément de représentations officielles : être apprêté fait partie de leur fonction.

 

Est-ce que la décision d’interdire la diffusion de ces photos est quelque chose de courant ?

Quand les photos sont considérées comme intrinsèquement ostentatoires, la décision d’interdire la diffusion des clichés pour l’avenir est assez classique. Ce qui est plus original est l’injonction faite à Mondadori de remettre les clichés. Je ne vois pas comment Mondadori va pouvoir faire cela. Et je ne crois pas tellement à l’honnêteté de ce type de magazine. Il ne faut pas se leurrer, une clé USB sera remise, mais des copies existeront toujours certainement. A l’ère d’Internet et du numérique, je ne suis pas sûre que ce genre de décision soit réellement efficace.

 

Le magazine Closer savait-il qu’il allait être sanctionné avant de publier ces clichés ? Est-ce que le magazine a visé là un coup de pub ?

Closer a publié ces clichés en pleine conscience. Ces magazines là font de ce genre d’affaires leur fond de commerce. Ils sont toujours dans la recherche de scoops. Ces magazines ne sont d’ailleurs pas de la presse, mais des produits commerciaux. Leurs « unes » sont juste des produits d’appel pour les clients. Avec ces photos, ils ont évidemment fait « un coup ». Et je ne serais pas surprise d’apprendre qu’ils avaient prévu un tirage supplémentaire. C’est une véritable logique économique. Ils brandissent à chaque fois l’étendard de la liberté de la presse mais la réalité est bien plus terre à terre... Chaque semaine, ces magazines violent des vies privées, c’est intégré dans leur logique budgétaire. Je regrette que les montants des dommages et intérêts accordés aux personnalités qui portent plainte ne soient jamais assez élevés. Si on les revoyait à la hausse, on n’en serait pas là.

 

Quelles vont être les suites de cette affaire ?

Il y a eu deux procédures entamées : une procédure de référé (Civil) : la décision de rendre les clichés et les interdire a été prise aujourd'hui par le tribunal de Nanterre. Et une procédure pénale avec le dépôt de plainte du couple princier, ce qui implique qu'il va maintenant y avoir une enquête qui cherchera à savoir qui est responsable dans cette affaire : qui a pris la photo ? Comment cette dernière est-elle arrivée au journal ? Combien a été vendu le cliché ? Les suites sont finalement peu contraignantes. Les responsables risquent au maximum une grosse amende. Mais je crois que le but de la plainte réside surtout dans la recherche de la vérité.

 

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