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Patrick Poivre d'Arvor "Don Giovanni : séducteur mais pas serial violeur"

Patrick Poivre d'Arvor et Manon Savary mettent en scène Don Giovanni Patrick Poivre d'Arvor et Manon Savary mettent en scène Don Giovanni[DR]

Passionné d’art lyrique, Patrick Poivre d’Arvor signe, dans le cadre des Opéras en plein air, sa seconde mise en scène d’opéra. Après avoir fait ses armes avec Carmen en 2010, il s’attèle avec assurance à un monument du répertoire : Don Giovanni de Mozart. Un personnage de séducteur qui le fascine. 

 

Quatre ans après Carmen, vous montez Don Giovanni dans le cadre des opéras en plein air. Pourquoi cette œuvre?

J’avais gardé un souvenir formidable ce qui s’était passé avec Carmen. Ce fut une parenthèse enchantée. J’ai eu envie de recommencer d’autant qu’il s’agissait de Don Giovanni. J’avais fait savoir que si je revenais c’était pour monter cette œuvre avec Manon Savary.

 

Pour cette seconde mise en scène d’opéra, vous sentez-vous plus sûr de vous ?

Assurément. La première fois, j’avais des intentions très nettes, mais je ne savais pas comment elles allaient se concrétiser. Grâce à Manon Savary, qui est pleine d’astuces et de bons conseils, j’ai pu explorer ce maquis. Pour ce Don Giovanni, je suis plus que prêt.

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Don Giovanni est souvent considéré comme  « l’opéra des opéras ». Partagez-vous cette vision ?

C’était une formule de Wagner et je la fais mienne. Don Giovanni est un opéra très accompli. C’est une sorte de tragi-comédie où se mêlent tous les grands codes de l’opéra. C’est également l’exploration d’un mythe européen fascinant  qui a été traité par de très nombreux auteurs tels que Byron ou Molière. Je suis heureux de me mettre dans les pas de tous ces illustres prédécesseurs.

 

Ce personnage vous est familier, que vous évoque-t-il ?

J’ai écrit, il y a une dizaine d’années, un livre qui s’appelait La mort de Don Juan. Je trouve passionnant cet homme capable d‘aimanter les gens autour de lui.

 

Quel est votre parti-pris de mise en scène ?

Un don Giovanni de son époque donc  pré révolutionnaire parce que cet opéra a été écrit en 1787. Nous restons en Espagne et nous avons conservé les codes de l’époque tout en apportant une touche personnelle. Nous avons imaginé un Don de Giovanni, très séducteur mais pas serial violeur comme j’ai déjà pu le voir à l’opéra. Nous orchestrons  une grande course contre le temps tout au long de ces deux heures d’opéra.

 

« Rapprocher et susciter un rapport nouveau avec l’art lyrique » telle est l’ambition des opéras en plein air. En quoi remplissent-ils leur mission de démocratisation de l’art lyrique ?

A mon sens, quand les gens viennent voir ces opéras, ils n’ont pas peur des codes de l’opéra classique qui parfois peuvent être contraignants  tel que bien s’habiller par exemple. Des codes qui empêchent un  certain nombre de gens de franchir les portes de l’opéra. Là, il n’y a pas cette dimension. Par ailleurs, il y a une certaine proximité avec les chanteurs que nous faisons arriver par les allées centrales,  côté public. Et puis, nous sommes en plein air, dans des décors somptueux. Les gens viennent aussi pour voir le Château de Sceaux, de Vincennes, du champ de Bataille. Tous ces éléments peuvent donner envie d’aller à l’opéra. C’est ce que je souhaite. C’est important de renouveler le public.

 

L’accessibilité de l’opéra passe-t-elle également par des tarifs abordables ?

Cela compte. L'argent peut être un obstacle. Je me souviens que, quand j’étais jeune, je ne pouvais pas aller à l’opéra de Paris. La première fois, que je suis allé à l’opéra, c’était à Prague. Cela m’avait couté 5 francs de l’époque. C’était au poulailler en plein régime soviétique.

 

L’art lyrique vous accapare en ce moment. Vous venez de finir l’écriture du livret de « Un amour en guerre ». Qu’avez-vous découvert avec ce nouvel exercice ?

C’était une première passionnante.  C’est évidemment très différent de l’écriture à laquelle j’étais habitué. C’est beaucoup plus court, très ramassé. Il faut penser essentiellement  au fait que cela va être chanté et joué. Et puis, je me suis amusé en m’imposant une petite contrainte supplémentaire : écrire ce livret entièrement en alexandrins. 

 

Avec cet opéra, que va découvrir le public ?

Un amour en guerre se passe sur fond de guerre 14 – 18 parce qu’on célèbre le centenaire. C’est une histoire d’amour entre un soldat au front, dans les tranchées, et sa fiancée restée à Paris. La musique est écrite par Caroline Glory. Il sera joué fin octobre à l’opéra de Metz. Je le mettrai en scène, à nouveau, avec Manon Savary.

 

Don Giovanni, demain et après-demain au Château du Champs de Bataille, du 26 au 28 juin au Château de Vincennes. Puis en tournée à travers l'Hexagone jusqu'au 20 septembre.

 

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