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La radicalisation complexe du terroriste britannique de Guantanamo

Photo de Jamal Al-Harit prise en 2001 en Afghanistan.[BANARAS KHAN / AFP]

Le 13 février dernier, une série d'attaques a frappé Mossoul en Irak. Parmi les kamikazes, le britannique Ronald Fiddler, qui a été enfermé à Guantanamo de 2002 à 2004. Un séjour qui pourrait avoir précipité sa radicalisation.

En 2002, dans des documents dévoilés par Wikileaks, le major général Michael E. Dunlavey, alors aux commandes de Guantanamo, recommande la «libération ou le transfert à un autre gouvernement du détenu». Il parle de Ronald Fiddler, ou de son nom musulman : Jamal Al-Harit. Ce dernier a été arrêté par les forces américaines en 2001 en Afghanistan, alors qu'il était détenu par les talibans.

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Dix années sans problème

Le prisonnier explique qu'il était dans cette zone du monde pour voyage religieux, et les Américains l'emmènent, au départ, pour le questionner sur les méthodes des talibans. Il finit, sans que les documents expliquent pourquoi, accusé de complicité avec Al-Qaida.

Il ne ressortira de cette prison qu'en 2004, après plusieurs demandes de libération des autorités britanniques. Jamal déclarera y avoir subi des tortures et des traitements dégradants. A son retour, il est brièvement interrogé par la police mais également par des institutions européennes. «Lorsqu’il est revenu, l’évaluation qui a été faite était qu’il ne représentait aucune menace. Et pendant ces dix ans, il n’a représenté aucune menace directe contre la population britannique», a déclaré Richard Barrett, ancien chef du contre-terrorisme britannique dans une interview télévisée.

Pourtant en 2014, il part pour la Syrie, rejoint Daesh et devient Abou Zakariya al-Britani. L'année suivante, son épouse, Shukee Begum, se rend elle aussi en Syrie avec ses cinq enfants, déclarant vouloir convaincre son mari de quitter l'organisation terroriste, sans succès. 

Radicalisé à Guantanamo ?

Sa famille est persuadée que ses trois ans d'enfermement sur l'île cubaine ont radicalisé le jeune homme. Dans un communiqué daté du 22 février ses membres écrivent que Jamal, «avant 2001, quand il a été emmené à Guantanamo, n’aurait pas été impliqué dans une organisation méprisable comme le soi-disant Daesh. C’était une personne paisible et douce. Quoi qu’il ait fait ou non depuis, nous pensons qu’il a été complètement changé par la cruauté physique et mentale et le traitement inhumain qu’il a enduré pendant deux ans là-bas.»

D'après son épouse, il se serait radicalisé vers 2013 à cause des «atrocités commises par le régime en Syrie». Selon des documents de Daesh obtenus par Le Monde, il se serait également radicalisé au contact de l’ex-rappeur Raphael Hostey, l’un des principaux recruteurs de Daesh.

Plus de deux semaines après l'attentat, le gouvernement britannique n'est toujours pas certain que c'est bien Jamal Al-Harit qui est mort à Mossoul. Sa famille en revanche, est certaine d'avoir reconnu le sourire de leur proche dans les vidéos de Daesh où il apparaîtrait cagoulé.

 

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