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Quand les Japonais étaient interdits d’entrée aux Etats-Unis

Une photographie du «Manzanar War Relocation Center» comme preuve du racisme vécu par la communauté japonaise aux États-Unis durant la Seconde guerre mondiale.[JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

À peine arrivé à la Maison Blanche, Donald Trump a déjà prouvé qu'il comptait tenir les promesses faites pendant sa campagne. Son décret anti-immigration, voté vendredi 29 janvier, n'est pas sans rappeler une période sombre de l'Histoire américaine.

En 1924 était voté le «Johnson-Reed Act». Ce décret limitait le nombre d'immigrants autorisés à entrer aux États-Unis, en imposant des quotas de nationalités, et en excluant totalement les immigrants asiatiques. Cette mesure visait particulièrement le Japon.

Une «répétition similaire»

C'était la première fois, aux États-Unis, qu'une catégorie entière de la population mondiale était interdite sur des critères purement raciaux. Les Japonais ne pouvaient plus mettre un pied sur le territoire américain, ce alors que les Chinois étaient bannis depuis 1882, quand le Congrès américain avait voté le «Chinese Exclusion Act».

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La chaîne de télévision américaine NBC News a interviewé Tom Ikeda, à la tête de l'organisation «Densho», qui protège l'héritage japonais-américain. L'homme a notamment affirmé que dans les années 1920, les Japonais «étaient perçus comme moralement suspects ou potentiellement dangereux, étrangers à la culture américaine». Selon lui, des journalistes participaient à cette propagande, écrivant des articles sur une possible invasion du Japon si les États-Unis ne mettaient pas un terme à l'immigration.

«Et je crois que nous assistons à une répétition similaire aujourd'hui, en terme de déclarations dramatiques contre les musulmans et leurs actions, sur la façon dont les réfugiés de ces pays en particulier sont dangereux, alors qu'il n'y a juste aucune preuve de cela», a-t-il affirmé.

Un signe de discorde internationale

Pour Tom Ikeda, une telle politique peut avoir de terribles conséquences. Selon lui, le «Johnson-Reed Act» n'a pas facilité «les relations diplomatiques, menant finalement les États-Unis à déclarer la guerre en 1941, lorsque le Japon a bombardé Pearl Harbor».

Après cette entrée en guerre, la situation des personnes originaires d'Asie vivants sur le sol américain ne s'est pas améliorée. En 1942, le président Franklin D. Roosevelt signa le décret présidentiel 9066, qui lui permit d'envoyer des groupes ethniques dans des camps de concentration sous couvert de prévention. 122.000 Japonais ont été envoyés dans ces camps, parmi lesquels presque 70.000 détenaient la nationalité américaine.

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Beaucoup d'activistes ont aujourd'hui peur que le décret anti-immigration ne soit qu'un premier pas vers des mesures plus radicales, comme ce fut le cas en 1942. De nombreux Japonais-Américains se sont exprimés sur le sujet, notamment lors d'une grande interview conduite par le Huffington Post américain. Tous affichent leur crainte de voir la communauté musulmane stigmatisée et traitée comme ils l'ont été durant la Seconde guerre mondiale.

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