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Theresa May : le Brexit signifiera la sortie du marché unique

Theresa May a lancé son pays sur la route d'un Brexit davantage «dur» que «mou». [Kirsty Wigglesworth / POOL / AFP]

La Première ministre britannique Theresa May a défendu une rupture «claire et nette» mardi avec l'Union européenne (UE) en déclarant que le Brexit signifiait aussi la sortie du marché unique.

«Le Royaume-Uni ne peut pas continuer à faire partie du marché unique», a souligné Theresa May lors d'un discours très attendu à Londres où, après des mois à manier le flou, elle a dévoilé ses priorités pour les négociations à venir avec l'UE.

Alors qu'elle a prévu de déclencher la procédure de divorce d'ici à fin mars, prélude à deux ans de négociations avec Bruxelles et les partenaires européens, elle a également annoncé qu'elle soumettrait l'accord final au vote du Parlement britannique, ce qui a immédiatement fait remonter la livre britannique.

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Pour la Première ministre, un maintien dans le marché unique de 500 millions de consommateurs était incompatible avec la priorité N°1 de Londres : la maîtrise de l'immigration européenne qui passe par la fin du principe de libre-circulation des travailleurs européens. «Le Royaume-Uni est un pays ouvert et tolérant mais le message du peuple a été très clair : le Brexit doit permettre de contrôler le nombre d'Européens qui viennent au Royaume-Uni», a-t-elle souligné.

Lors du référendum du 23 juin 2016, 52% des Britanniques avaient voté pour une sortie de l'UE et beaucoup ont cité le contrôle de l'immigration comme principale motivation. «Nous voulons un nouveau partenariat équitable (...) pas un statut de membre partiel ou associé de l'UE, qui nous laisserait à moitié dedans ou à moitié dehors», a-t-elle insisté, plaidant également pour un «nouvel accord» sur l'union douanière. «Nous n'allons pas chercher à rester membre du marché unique mais nous allons chercher à avoir le plus grand accès possible», a-t-elle développé, alors que 44% des exportations britanniques sont allées vers l'UE en 2015.

Un Brexit «par étapes»

Afin d'éviter «un changement trop brutal», Mme May a prôné «une mise en oeuvre par étapes» d'un accord avec l'Union européenne à l'issue des négociations avec l'UE. «Le succès de l'UE est dans l'intérêt du Royaume-Uni», a-t-elle dit.

La Grande-Bretagne va donc rester «le meilleur ami et voisin de nos partenaires européens», a-t-elle promis, mettant en garde les Européens contre toute volonté de punir son pays. «Vous serez toujours les bienvenus dans ce pays comme nous espérons que nos citoyens resteront les bienvenus chez vous», a lancé la cheffe du gouvernement conservateur devant des ambassadeurs des 27 pays européens conviés à Lancaster House. Mais la Grande-Bretagne va également devenir «un pays qui regarde aussi au-delà des frontières de l'Europe», a-t-elle ajouté, vantant le projet d'une «grande nation marchande à l'échelle mondiale».

Discours de rupture

Jusque-là, la Première ministre ne s'est guère aventurée au-delà d'une formule frustrante -«le Brexit signifie Brexit»- pour essayer de qualifier les termes de la rupture à venir. Le discours de mardi a marqué une vraie rupture, lançant son pays sur la route d'un Brexit davantage «dur» que «mou».

En affichant sa volonté de sortir le Royaume-Uni du marché unique, Theresa May a montré qu'elle a pris acte des mises en garde des Européens, rappelant qu'il n'y aura pas d'accès possible sans respect du principe de libre circulation. Mme May a insisté sur la construction d'un Royaume-Uni «ouvert sur le monde» qui signerait ses propres accords commerciaux avec des pays du Commonwealth, les géants asiatiques et les Etats-Unis. A cet égard, elle a reçu dimanche le soutien enthousiaste du président élu américain Donald Trump, qui a annoncé au Times vouloir conclure «très rapidement» un tel accord.

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Mais Theresa May risque de se heurter à l'intransigeance des autres leaders européens, la chancelière allemande Angela Merkel en tête, qui refusent une «Europe à la carte». Quelques heures avant son discours, la Première ministre polonaise Beata Szydlo a répété sa préférence pour un «soft» Brexit qui garantisse «les droits des citoyens polonais et européens».

Le ministre des Affaires étrangères autrichien, Joerg Schelling, a lui estimé que «le Brexit allait prendre cinq plutôt que deux ans». «Personne ne sait ce qui va se passer exactement», a-t-il dit. Pour Theresa May, il s'agissait mardi non seulement d'exposer son plan mais aussi de pacifier un pays profondément divisé depuis le référendum. Dans son discours, elle a ainsi également appelé ses concitoyens à «mettre de côté les vieilles divisions et s'unir pour faire du Brexit un succès», plaidant pour la fin des «insultes» et de la rancoeur.

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