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Le premier bébé au monde avec trois parents biologiques est né

Les médecins ont transféré les matériaux génétiques contenant les chromosomes de la mère dans un ovule d'une donneuse dont les matériaux génétiques avaient été enlevés.[CC / TawnyNina / Pixabay]

Une première mondiale mais des réactions mitigées. Un bébé conçu grâce à l'utilisation de l'ADN de deux femmes pour éviter la transmission d'une maladie héréditaire maternelle est né en avril dernier a-t-on appris mardi. Cet enfant a donc deux mamans et un papa.

Une équipe médicale internationale du Centre New Hope Fertility à New York, a utilisé une technique inédite de transfert des matériaux génétiques du noyau pour éviter que la mère ne transmette à son enfant des gènes responsables du syndrome de Leigh

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Minimiser la transmission de gènes maternels défectueux

Cette technique de conception assistée n'est pas autorisée aux Etats-Unis, ce qui a conduit l'équipe médicale à réaliser cette procédure au Mexique, où l'enfant est venu au monde. Les médecins ont transféré les matériaux génétiques contenant les chromosomes de la mère dans un ovule d'une donneuse dont les matériaux génétiques avaient été enlevés.

La femme qui a bénéficié de cette technique de procréation assistée avait déjà transmis ses gènes du syndrome de Leigh à ses deux précédents enfants, tous deux morts de cette pathologie. Elle avait aussi fait deux fausses couches. Dans la mesure où l'ADN mitochondrial est transmis seulement par la mère, cette technologie permet de minimiser la transmission de gènes maternels défectueux.

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L'American Society for Reproductive Medicine (ASRM) précise que l'équipe médicale a pu féconder cinq ovules avec du sperme du père, dont quatre étaient viables. Parmi ceux-ci, un était normal et les médecins l'ont réimplanté dans la mère. «Si d'autres recherches permettent d'établir la sûreté et l'efficacité de cette technique de transfert des matériaux génétiques, on pourrait l'envisager comme une option pour les femmes risquant de transmettre des maladies mitochondriales à leurs enfants» a estimé le Dr Owen K. Davis, président de l'ASRM.

Technique risquée

La procédure effectuée au Mexique par le Dr John Zhang fera l'objet d'une présentation à la conférence annuelle de l'ASRM, qui se tiendra en octobre à Salt Lake City (Utah). Selon le New Scientist, le petit garçon se prénomme Abrahim Hassan et ses parents sont Jordaniens mais ni le magazine ni l'ASRM n'ont révélé leur identité.

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Une autre technique de transfert de l'ADN mitochondrial, autorisée en Grande-Bretagne, avait été rejetée par le couple, de confession musulmane, car cette approche aurait détruit deux embryons, selon l'article du New Scientist. «Si toutes les données cliniques sont solides cela représente une première pour le traitement de certaines maladies très graves», a souligné le professeur Justin St John, du Centre des maladies génétiques à l'université Monash en Australie. Mais, a-t-il pointé, «une surveillance étroite et prolongée est nécessaire étant donné le peu d'expériences effectuées avec des modèles animaux appropriés pour évaluer cette technologie».

Déjà une controverse sur la méthode

Selon lui, «vu que cette technologie est controversée et qu'il s'agit d'une première avec des humains, l'équipe de recherche aurait dû soumettre préalablement une étude clinique complète avec toutes les données pour être examinées par des experts». De nombreux scientifiques pensent que cette technique est «risquée avec des conséquences imprévisibles sur la santé de l'enfant et des futures générations.

A propos de la technique utilisée au Mexique, Marcy Darnovsky, directrice du Center for Genetics and Society, une ONG basée à Berkeley, en Californie trouve «cette action irresponsable et non éthique créé un précédent dangereux». Des embryologistes avaient déjà essayé de créer un bébé en utilisant de l'ADN provenant de trois personnes dans les années 1990, mais ils n'avaient jamais pu déterminer s'il y avait effectivement eu transfert de l'ADN.

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