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Le président philippin accusé d'avoir abattu un fonctionnaire

Homme de main repenti, Edgar Matobato a lancé ces accusations devant la commission sénatoriale chargée d'enquêter sur la recrudescence d'homicides depuis l'investiture du président. Homme de main repenti, Edgar Matobato a lancé ces accusations devant la commission sénatoriale chargée d'enquêter sur la recrudescence d'homicides depuis l'investiture du président. [NOEL CELIS / AFP]

Le président philippin Rodrigo Duterte a abattu un fonctionnaire et ordonné le meurtre d'opposants quand il était encore maire, a affirmé jeudi devant le Sénat un homme se présentant comme un «tueur» repenti.

Edgar Matobato, 57 ans, a lancé ces accusations devant la commission sénatoriale enquêtant sur la recrudescence d'homicides depuis l'investiture du président, le 30 juin. Il a affirmé qu'il avait appartenu à un «escadron de la mort» composé de policiers et d'anciens rebelles communistes qui, sur ordres de Rodrigo Duterte, avait en 25 ans tué un millier de personnes.

«Il a vidé deux chargeurs de Uzi sur lui»

Le témoin a raconté ce jour de 1993 où son escadron de la mort était tombé nez à nez sur une route avec le véhicule d'un certain Jamisola, un agent du Bureau national d'investigation, un service du ministère de la Justice. L'affrontement verbal avait, selon lui, dégénéré en fusillade.

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Alors maire de la grande ville méridionale de Davao, Rodrigo Duterte était ensuite arrivé sur les lieux. «C'est le maire Duterte qui l'a achevé. Jamisola était toujours en vie quand il est arrivé. Il a vidé deux chargeurs de Uzi sur lui», a assuré Edgar Matobato. C'est la première fois qu'un témoignage aussi précis vient soutenir les allégations portant sur le président philippin, accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir financé des escadrons de la mort à Davao pendant ses mandats.

Des meurtres «sadiques»

Parmi les victimes de ce commando assassin, on compte notamment une personne jetée vivante aux crocodiles. Beaucoup d'autres furent étranglées, leur dépouille brûlée, coupée en morceau et enterrée dans une carrière appartenant à un policier du sinistre groupe. Des cadavres furent abandonnés en mer. «Notre boulot était de tuer des criminels, des violeurs, des dealers et des voleurs. C'est ce que nous faisions», a déclaré Edgar Matobato, pris en charge par un programme de protection des témoins.

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Le groupe se faisait passer pour des policiers pour enlever les victimes, les emmener dans une carrière où elles étaient tués et enterrés. Des squelettes ont d'ailleurs été mis au jour sur les lieux des crimes. «Les officiers nous disaient de ne pas nous contenter de meurtres ordinaires. Ils étaient sadiques», a assuré Edgar Matobato, en décrivant les strangulations. «Puis on les déshabillait, on les brûlait et on les découpait en morceaux», a-t-il ajouté, en avouant «une cinquantaine» de meurtres. Parfois, des mains étaient abandonnées avec un pistolet dans les rues de Davao.

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Parmi les victimes, selon le témoignage : un étranger soupçonné de terrorisme, le petit ami de la sœur du maire, un journaliste trop critique, les gardes du corps d'un adversaire politique, des ennemis de Paolo Duterte, aujourd'hui maire adjoint...

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