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Une militante des droits de l'Homme met fin à une grève de la faim de seize ans

La militante indienne des droits de l'Homme, Irom Sharmila, le 9 août 2016 à Imphal en Inde [Biju BORO / AFP] La militante indienne des droits de l'Homme, Irom Sharmila, le 9 août 2016 à Imphal en Inde [Biju BORO / AFP]

Une militante indienne des droits de l'Homme, Irom Sharmila, a mis fin mardi à une grève de la faim de seize ans, considérée comme la plus longue au monde, souhaitant poursuivre son combat en se présentant aux élections locales.

Surnommée la "dame de fer de Manipur" pour son engagement contre les exactions commises par les forces de sécurité dans cet Etat du nord-est de l'Inde, Irom Sharmila a été libérée contre une caution de 10.000 roupies (environ 135 euros) après s'être engagée par écrit devant un tribunal à mettre fin à sa grève de la faim. Elle était jusqu'à présent alimentée de force par une sonde nasale.

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Sous contrôle judiciaire depuis le début de son jeûne

La militante de 44 ans était sous contrôle judiciaire pratiquement depuis le début de sa grève de la faim qu'elle a entamée en 2000 pour demander la fin des pouvoirs spéciaux accordés aux forces de sécurité dans cette région confrontée à une insurrection séparatiste.

Elle était confinée dans une chambre d'hôpital de la principale ville du Manipur, Imphal, inculpée pour tentative de suicide --toujours puni par la loi en Inde-- et était nourrie de force par sonde nasale plusieurs fois par jour.

Lors d'une conférence de presse donnée dans l'hôpital, la militante est apparue émue aux larmes alors qu'elle retirait de son nez les tubes utilisés pour la forcer à se nourrir, et avalait un peu de miel.

La militante indienne des droits de l'Homme, Irom Sharmila, le 9 août 2016 à Imphal en Inde [Biju BORO / AFP]
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La militante indienne des droits de l'Homme, Irom Sharmila, le 9 août 2016 à Imphal en Inde

 

Elle a annoncé son ambition de devenir le prochain chef de gouvernement de l'Etat de Manipur. "Je ne connais rien à la politique, et mon niveau d'études est très, très faible, mais je veux convaincre notre peuple", a-t-elle dit dans un anglais hésitant. "Je vais utiliser tout ce que j'ai pour améliorer la société".

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La militante, qui avait fait savoir plus tôt son intention de se présenter en candidate indépendante aux élections d'Etat l'année prochaine, a annoncé que sa première action si elle accédait au pouvoir serait d'abroger la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées adoptée en 1990.

Appliquée dans le nord-est de l'Inde et au Cachemire, cette législation spéciale est justifiée par le gouvernement par la nécessité de combattre les multiples groupes rebelles qui demandent une plus grande autonomie et des droits accrus aux communautés tribales.

La militante indienne des Droits de l'Homme Irom Sharmila (C) s'adresse aux médias à Imphal le 9 août 2016 [Biju BORO / AFP]
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La militante indienne des Droits de l'Homme Irom Sharmila (C) s'adresse aux médias à Imphal le 9 août 2016

 

Mme Sharmila avait cessé de manger et boire après avoir assisté à la mort de 10 civils à un arrêt de bus, tués probablement par l'armée, près de chez elle. Plus tôt, s'adressant aux journalistes à la sortie du tribunal d'Imphal, elle avait reconnu que sa longue grève n'avait pas donné de résultat et avait dit vouloir essayer une nouvelle méthode.

"J'ai jeûné pendant près de seize ans, en pensant que je pourrais changer le système, mais je réalise maintenant que cela ne donnera aucun résultat", a dit la militante, qui est apparue frêle mais déterminée. Amnesty International avait déclaré Mme Sharmila "Prisonnière d'opinion" en 2013 et elle a également reçu plusieurs prix internationaux.

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