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Le Brexit, un terrible désaveu pour l'Union européenne

La Bourse de Paris a terminé sur un plongeon de 8,04% vendredi.[Thomas SAMSON / AFP]

Les Britanniques ont choisi de quitter l'UE, un désaveu cinglant pour la construction européenne qui a plongé les marchés mondiaux dans la tourmente et coûté son poste au Premier ministre conservateur David Cameron.

Selon les résultats définitifs, 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit lors du référendum organisé jeudi, marqué par une forte participation (72,2%). Prises à contre-pied par ce vote qu'elles n'avaient pas anticipé, les places boursières européennes ont terminé la séance en déroute vendredi, à l'exception notable de Londres, qui tirait son épingle du jeu du fait de la présence de nombreuses multinationales qui, pour certaines, ont peu d'activité en Europe. 

Le vote laisse un pays divisé, avec Londres, l'Ecosse et l'Irlande du Nord qui voulaient rester, tandis que le Nord de l'Angleterre ou le Pays de Galles ont largement voté pour le Out. Le Premier ministre conservateur David Cameron, qui a lancé ce référendum et mené toute la campagne pour un maintien dans l'UE, a annoncé sa démission quelques heures après la publication des résultats, dans une brève allocution devant ses bureaux au 10, Downing Street.

"Les Britanniques ont pris une décision claire (...) le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction", a-t-il déclaré, très ému, précisant qu'il resterait en poste jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader par son parti. Il a ajouté qu'il appartiendrait à son successeur de mener la négociation avec l'UE sur le processus de sortie de son pays.

"Coup porté à l'Europe"

Entré dans le club européen en 1973, mais voulant surtout y voir un marché unique et non un projet politique, le Royaume-Uni est le premier pays à le quitter en 60 ans de construction européenne. 
Ce départ a fait plonger les marchés mais aussi la livre britannique, et la Banque d'Angleterre a été obligée de faire savoir qu'elle était prête à débloquer 250 milliards de livres (326 milliards d'euros).Ignorant les mises en garde du camp du maintien, les Britanniques ont préféré croire aux promesses de reconquête de leur "indépendance" vis à vis de Bruxelles, comme à celle d'arrêter l'immigration en provenance de l'UE.

"C'est le côté émotionnel qui l'a emporté", a constaté Iain Begg, de la London School of Economics. Leur décision est un terrible désaveu pour une Union déjà affaiblie par la crise des réfugiés et la persistance de la crise économique."Le vote des Britanniques met gravement l'Europe à l'épreuve", a déclaré le président français François Hollande. "L'Europe ne peut plus faire comme avant", a-t-il ajouté.

L'Italien Matteo Renzi a renchéri en estimant essentiel de "rénover" la "maison Europe". La chancelière allemande Angela Merkel a regretté "un coup porté à l'Europe" et au "processus d'unification européenne". Alors que les mouvements populistes prospèrent à travers l'Europe, le Brexit pourrait provoquer une réaction en chaîne. Déjà, la dirigeante de l'extrême droite française Marine Le Pen (FN) a appelé à un référendum en France, et le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a réclamé la même chose pour les Pays-Bas.

En visite en Ecosse, le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, a lui salué une nouvelle "fantastique". Sans surprise, le président Barack Obama a assuré que Londres et l'UE resteraient des "partenaires indispensables" des Etats-Unis.

Pour l'Otan et l'ONU, le Royaume-Uni demeurera respectivement "un allié fort et engagé" et "un important partenaire". Face au spectre d'une décomposition de l'UE, dirigeants et responsables européens se mobilisent.Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l'Union doivent se réunir dès samedi à Berlin. Mme Merkel a invité lundi à Berlin François Hollande, Donald Tusk et Matteo Renz, avant un sommet à Bruxelles, mardi et mercredi. Paris et Berlin présenteront aux autres pays européens des solutions pour rendre l'UE "plus efficace" sans se lancer dans "une fuite en avant institutionnelle", a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault

 

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