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Schengen : vers un rétablissement des frontières ?

Certains pays ont rétabli les frontières de manière provisoire. [BEBERT BRUNO/SIPA]

Confronté avec un afflux de migrants jamais vu ainsi qu’une menace terroriste à son paroxysme, certains pays veulent limiter la libre circulation.

C’est un des grands principes de l’Europe, qui est actuellement mis à mal. L’espace Schengen, cette zone de libre circulation regroupant vingt-six pays, est remis en cause depuis plusieurs mois. Certains de ses membres, touchés par un afflux de migrants hors du commun, ont en effet ­rétabli les contrôles aux frontières de manière provisoire. Une mesure déjà utilisée depuis la signature des accords en 1995, mais inédite à cette ampleur, illustrant les dangers qui ­pèsent sur l’ouverture du continent.

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Plus d’un million de migrants, principalement venus de Syrie et d’Afghanistan en guerre, sont entrés en Europe en 2015, laissant les différents pays face à la plus grande crise migratoire qu’ils aient connue depuis des décennies. Porte d’entrée des migrants dans l’UE, la Hongrie a décidé d’ériger des murs. Sans aller jusqu’à cet extrême, de nombreux pays souhaitent voir étendus les contrôles aux frontières jusqu’à deux ans. Car leur efficacité est réelle.

En novembre, la Suède a en effet constaté la chute d’un tiers du nombre de migrants arrivant dans le pays après l’instauration de ces dispositifs. Mais s’ils s’avèrent payants pour les pays concernés, les contrôles ne font que déplacer le problème. Bloqués par Stockholm, les réfugiés se sont retrouvés au Danemark, qui a à son tour décidé de se ­replier sur lui-même. Plus à l’est, face aux barrières hongroises, les flux de ­population se sont déportés vers la Roumanie ou la Croatie.

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L’autre objectif avoué de l’entrave à la libre circulation est sécuritaire. En rétablissant les frontières, chaque pays serait en mesure d’imposer plus de filtres permettant de vérifier l’identité de ceux qui souhaitent entrer et de les comparer aux bases de données des polices européennes, voire aux casiers judiciaires et aux services de renseignement. Des mesures qui, en théorie, pourraient ­diminuer la menace terroriste.

Un risque économique

Les conséquences d’un abandon de Schengen seraient toutefois moins bénéfiques sur le plan économique. Le secteur du tourisme serait un des premiers touchés. Et des travailleurs frontaliers pourraient perdre leur emploi. Avec des files aux abords des frontières, le transport de marchandises serait aussi impacté. Autant de bouleversements qui calmeraient les investissements étrangers.

Selon une étude de France Stratégie publiée hier, le coût pour l’économie française serait de un à deux milliards d’euros par an à court terme, et plus de 10 milliards d’euros par an à plus long terme. Pour certains, comme le numéro deux des Républicains Laurent Wauquiez interrogé hier sur Europe 1, c’est le coût de "notre ­sécurité", "les victimes du Bataclan" valent bien cela. Pour d’autres, comme le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, c’est le risque de "détruire l’Europe". 

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