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L'ONU suspend les discussions de Genève sur la Syrie

L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura s'adresse à la presse à Genève lors des pourparelrs sur la Syrie, le 3 février 2016 [FABRICE COFFRINI / AFP] L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura s'adresse à la presse à Genève lors des pourparelrs sur la Syrie, le 3 février 2016 [FABRICE COFFRINI / AFP]

Plombées par un fossé insurmontable entre les belligérants et la poursuite sur le terrain d'une guerre sans merci, les discussions de paix sur la Syrie organisées à Genève ont été suspendues jusqu'au 25 février par l'ONU, qui s'est refusé à parler d'"échec" et a renvoyé la balle aux grandes puissances.

"J'ai conclu, après une première semaine de discussions préparatoires, qu'il y a encore du travail à faire, non seulement par nous, mais par tous les acteurs impliqués", dans la crise syrienne, a déclaré l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, qui venait de s'entretenir pendant plusieurs heures dans un hôtel genevois avec les responsables de l'opposition syrienne.

"J'ai pris la décision d'une pause temporaire. J'ai déjà fixé une date pour les prochaines discussions le 25 février", a ajouté le diplomate onusien, répétant: "ce n'est pas la fin. Ce n'est pas l'échec des pourparlers" et assurant que les deux parties "voulaient voir démarrer un processus politique".

Syrie : les pourparlers avec l'ONU suspendus [Maud ZABA, Thomas SAINT-CRICQ / AFP]
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Syrie : les pourparlers avec l'ONU suspendus

 

"Je demanderai au groupe international de soutien sur la Syrie de se réunir aussi vite que possible" ,a poursuivi M. de Mistura, ajoutant qu'il se rendrait "probablement" à Londres jeudi, où est prévue une conférence internationale des donateurs.

Le groupe international de soutien à la Syrie, qui comprend une vingtaine de pays impliqués dans le dossier, dont les parrains iranien et russe du régime de Damas, est censé se réunir à Munich le 11 février.

Les pourparlers de Genève, arrachés sous la pression de ce groupe, étaient censés amener le régime de Damas et l'opposition à discuter, même indirectement, pour enclencher un processus politique et mettre un terme à une guerre qui a fait plus de 260.000 morts et des millions de réfugiés en cinq ans. Mais elles n'ont jamais réellement démarré, malgré la présence dans la ville suisse des délégations du régime et de l'opposition.

Guerre sans répit sur le terrain

Le processus avait "commencé" vendredi dernier avec l'arrivée de la délégation du régime de Damas, qui s'était entretenue au Palais des Nations avec M. de Mistura.

L'opposition, venue en Suisse le lendemain après des jours d'hésitation, avait à son tour rencontré le diplomate onusien lundi, mais a refusé d'entrer dans un processus de négociations tant que ses exigences humanitaires n'étaient pas satisfaites.

Le négociateur pour le principal groupe d'opposition syrien Mohammed Alloush à Genève, le 3 février 2016 [FABRICE COFFRINI / AFP]
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Le négociateur pour le principal groupe d'opposition syrien Mohammed Alloush à Genève, le 3 février 2016

 

Or, depuis le début du processus de Genève, aucun signe de trêve ou d'amélioration sur le terrain n'a été observé. Au contraire. Le régime syrien, épaulé par son allié russe, marque des points et a effectué mercredi une importante avancée militaire et stratégique face aux rebelles dans la région d'Alep (nord), où l'armée syrienne a coupé la route d'approvisionnement des rebelles et brisé le siège de deux villes chiites encerclées par les insurgés depuis trois ans.

Cette avancée, la plus importante dans cette province depuis 2012, a été appuyée par d'intenses bombardements russes - plus de 320 frappes dans le secteur selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Moscou, fidèle allié du régime de Damas, intervient militairement depuis fin septembre en Syrie, officiellement contre des cibles "terroristes". Ses bombardements, dans lesquels près de 1400 civils ont été tués selon l'OSDH, ont permis de "renverser la situation" au profit du régime, a reconnu récemment le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov.

Ce dernier a d'ailleurs martelé mercredi que Moscou n'avait aucune intention d'arrêter ses bombardements. Outre l'arrêt de ces frappes, l'opposition exigeait la libération de détenus et la levée des sièges d'une quinzaine de villes en Syrie, où, selon l'ONU, près de 500.000 personnes vivent en état de siège.

Un convoi d'aide médicale et alimentaire de dix camions a pu pénétrer mercredi dans la ville de Mouadamiyat al-Cham, près de Damas, assiégée par les forces du régime syrien, a annoncé un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

L'aide a été livrée de manière irrégulière ces dernières semaines à Madaya, une autre ville assiégée par le régime, ainsi qu'à Foua et Kafraya, encerclées par les rebelles. Les ONG humanitaires affirment cependant que l'accès reste insuffisant et, selon Médecins sans frontières, au moins 16 personnes sont mortes de faim à Madaya depuis la mi-janvier.

Des dirigeants du monde entier doivent se réunir jeudi à Londres pour tenter de lever neuf milliards de dollars en faveur des 18 millions de Syriens victimes de la guerre, avec l'ambition d'endiguer la crise des réfugiés qui, du Moyen-Orient à l'Europe, pèse sur les pays d'accueil.

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