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Attaque de Ouagadougou : l'enquête se poursuit

Un soldat derrière un cordon de sécurité à Ouagadougou, le 17 janvier 2016, au Burkina Faso [ISSOUF SANOGO / AFP] 18 enquêteurs français participent aux investigations. [ISSOUF SANOGO / AFP]

L'enquête se poursuivait lundi au Burkina pour déterminer les circonstances précises de l'assaut jihadiste qui a fait 29 morts à Ouagadougou, où l'armée s'est déployée après cette attaque d'une ampleur inédite dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Sur le théâtre de l'attaque, des enquêteurs, dont certains en blouse blanche, poursuivaient lundi leur travail de collecte d'informations et de données. Dix-huit enquêteurs français, dont des magistrats et des membres de la police scientifique, étaient sur place pour épauler les Burkinabé.

BURKINA FASO [Vincent LEFAI, Paz PIZARRO / AFP]
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BURKINA FASO

 

Quatorze ou 15 étrangers, dont un enfant de neuf ans, et sept ou huit Burkinabè figurent parmi les victimes du raid qui a frappé vendredi soir plusieurs hôtels et restaurants de Ouagadougou, selon deux bilans divergents communiqués par les autorités du Burkina Faso. Sept corps devaient encore être identifiés. Le ministère français des Affaires étrangères a de son côté fait état d'un bilan de 30 morts, dont 10 non identifiés.

Après ce raid meurtrier, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la capitale avec une surveillance accrue des hôtels et de plusieurs points stratégiques. Des barrages ont été installés aux entrées et sorties des principales villes du pays, selon une source sécuritaire.

Le lycée français de Ouagadougou a notamment été fermé en attendant une sécurisation plus importante.

Attaque revendiquée par Aqmi

L'attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes. Les corps de trois jihadistes ont été retrouvés, sans avoir pu encore être identifiés, selon le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré.

Aqmi a publié la photo de trois membres du commando, âgés tout au plus de 25 ans, en les qualifiant d'"al-Ansari", vocable utilisé pour désigner des combattants autochtones dans la terminologie jihadiste. De nombreux témoignages ont cependant fait état de plus de trois assaillants. Plusieurs témoins ont également évoqué la présence de deux femmes, une thèse écartée par les autorités pour le moment.

Avant de passer à l'attaque, les jihadistes ont prié dans une mosquée près de l'hôtel, selon le ministère de l'Intérieur. La police burkinabé cherche à établir si les jihadistes ont bénéficié de complicités.

Les terroristes avaient fait des repérages

Selon une source au sein de la gendarmerie, les jihadistes avaient réservé une chambre à l'hôtel Splendid, un des hôtels attaqués, et ont donc probablement procédé à des repérages des lieux avant de passer à l'acte.

Les enquêteurs vont aussi passer peigne fin la ou les voitures utilisées par les assaillants, qui ont incendié leurs véhicules "pour brouiller les indices", selon Simon Compaoré.

"C'est de la vraie barbarie. Qu'est ce qui peut conduire à une telle haine, c'est inimaginable", a commenté lundi en découvrant le lieu de l'attaque le président béninois Thomas Boni Yayi, arrivé dans la matinée pour témoigner de la solidarité de l'Afrique de l'Ouest, au Burkina Faso. "Ce n'est pas le Burkina seul qui a été frappé. C'est toute une sous-région (...) La question, aujourd'hui, c'est à qui le tour?", a-t-il déclaré.

Le président burkinabé  Kaboré a lui réitéré sa volonté que les pays travaillent ensemble: "Nous devons mutualiser nos moyens d’information et militaires. Ce sont des phénomènes transfrontaliers qui ne concernent pas que l'Afrique de l'Ouest". "Nous sommes dans une guerre asymétrique. et il faut que nous puissions former notre armée à ce nouveau type de combat", a-t-il conclu.

Le pays ciblé à plusieurs reprises

Côté français, une source militaire a confirmé que les forces spéciales françaises étaient intervenues à l'appel du Burkina à "02H30 et se sont désengagées à 11H00" (heure de Paris, une heure de plus que Ouagadougou).

"Des trous dans la raquette (sécuritaire), il peut en exister. Au Mali le processus politique n'a pas encore abouti, au Burkina ils se relèvent d'un coup d'Etat. Forcément ce sont des périodes de vulnérabilité dont les terroristes peuvent tirer parti", a souligné cette source. "Nous sommes dans une logique permanente d'adaptation. L'adaptation entre +la cuirasse et le boulet+, c'est l'histoire militaire permanente. On doit comprendre que l'adversaire est là de façon durable, militarisée et manœuvrière. A nous d'aller encore plus vite que lui, au côté de nos partenaires africains", a souligné cette source.

Le Burkina, "point d'appui permanent" de l'opération militaire française Barkhane, a déjà été la cible de plusieurs opérations jihadistes ces derniers mois. Pays à majorité musulmane, il a été touché pour la première fois de son histoire par le jihadisme en 2015. Plusieurs attaques se sont produites près de la frontière avec le Mali.

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