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Une Jordanienne révèle le processus de recrutement de Daesh

Le témoignage de la jeune Jordanienne permet de mieux comprendre le processus de recrutement mis en place par Daesh. [AFP / ARCHIVES]

Une Jordanienne a raconté comment elle avait failli être recrutée par Daesh, avant de s'enfuir au dernier moment grâce à l'intervention d'un avocat. Ce, alors qu'elle se trouvait dans une base secrète de l'organisation en Turquie, en compagnie d'autres futures recrues.

La jeune femme, âgée de 25 ans, a raconté être passée par un long processus de recrutement. Durant 14 mois, ses interlocuteurs ont tout fait pour la convaincre de rejoindre les rangs de l'organisation, tentant d'exploiter sa vulnérabilité. Diplômée en psychologie en 2011, elle se trouvait en effet au chômage depuis plusieurs mois. "Ils ont utilisé ma frustration, en me promettant une nouvelle vie, avec une maison et un travail", a-t-elle expliqué aux médias jordaniens.  

Au départ, elle a été contactée via Facebook par une femme originaire de Raqqa, la capitale autoproclamée de l'Etat Islamique, située en Syrie. Son interlocutrice commence alors à lui parler de religion et de Daesh, avant que d'autres militants de l'organisation ne commencent à entrer en contact avec elle.

Un véritable lavage de cerveau

Durant les mois qui suivent, elle reçoit "plus de 200 vidéos de massacres et d'exécutions". "Au bout d'un moment, j'ai commencé à apprécier de voir ces images", a-t-elle raconté. Au total, la jeune femme a reçu plus de 500 messages l'incitant à quitter son pays pour rejoindre Daesh. Les recruteurs lui ont même demandé de tuer son père et son frère au prétexte qu'ils seraient des infidèles, car ils appartiennent à l'armée jordanienne.

Après avoir subi ce qui s'apparente à un véritable lavage de cerveau, la jeune femme reçoit de la part d'une intermédiaire de Daesh une enveloppe contenant 500 dollars et un billet d'avion pour la Turquie. Après avoir fui la Jordanie à l'insu de sa famille, elle se retrouve dans une base secrète de l'organisation terroriste, en compagnie d'une cinquantaine d'autres femmes provenant de différents pays arabes. Là, elle attend d'être envoyée vers l'une des zones contrôlées par Daesh en Syrie et en Irak.

Et la déstabilisation psychologique se poursuit. "Il y avait un très grand écran dans le dortoir, sur lequel nous regardions de vidéos de massacres et des appels à tuer quiconque omettait de prier", a raconté la Jordanienne. Les jeunes femmes sont alors régulièrement déplacées pour des "raisons de sécurité", se rapprochant de plus en plus de la frontière avec la Syrie.

Sauvée par l'intervention d'un avocat

Le salut de la Jordanienne intervient alors grâce à l'action de Mazen Dalaeen. Cet avocat a fait de la lutte contre Daesh son combat personnel après avoir échoué à empêcher son fils, alors âgé de 23 ans, à rejoindre les rangs de l'organisation terroriste. Quelques mois plus tard, en septembre, ce dernier perdait la vie en commettant un attentat suicide en Irak.

Alerté par la famille de la jeune femme candidate au jihad, Mazen Dalaeen a alors contacté cette dernière via les réseaux sociaux. Il commence par lui expliquer que quitter sa maison sans la permission de son père et voyager sans un homme pour l'accompagner violait les principes islamiques, et que cela devait l'amener à s'interroger sur la légitimité de Daesh à représenter l'Islam véritable.

Après de longues discussions, l'avocat convainc la jeune femme qu'elle ne serait pas inquiétée à son retour en Jordanie. Profitant de l'assoupissement des deux femmes qui surveillent son dortoir, cette dernière parvient à s'enfuir pour gagner Istanbul. Elle y rencontre des diplomates jordaniens avertis par l'avocat. Après avoir été interrogée par les services secrets turcs, elle est finalement renvoyée vers la Jordanie. 

"Daesh a une organisation forte, qui lui permet de pénétrer dans l'esprit des jeunes gens et de modifier leur pensée" a expliqué Mazen Dalaeen, dont le combat est loin d'être terminé.

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