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Les talibans afghans diffusent un message attribué au mollah Akhtar Mansour

Photo prise depuis un téléphone portable réalisée par les talibans afghans montrant leur chef Akhtar Mansour, réalisée, le 3 décembre 2015 [HO / AFP/Archives] Photo prise depuis un téléphone portable réalisée par les talibans afghans montrant leur chef Akhtar Mansour, réalisée, le 3 décembre 2015 [HO / AFP/Archives]

Les talibans afghans ont diffusé samedi un message audio attribué à leur chef, le mollah Akhtar Mansour, soutenant que les informations sur sa mort lors d'une fusillade avec ses propres commandants relevaient de la "propagande ennemie".

Ce ficher audio de plus de 16 minutes évoque des "rumeurs" destinées à affaiblir le mouvement islamiste, qui a gagné du terrain ces derniers temps en dépit de ses divisions sur la nomination du mollah Mansour l'été dernier. "J'ai enregistré ce message afin que tout le monde sache que je suis en vie", dit une voix masculine détendue attribuée au mollah Mansour, dans ce fichier envoyé aux médias par un porte-parole des talibans.

Des hauts responsables des services de renseignement afghans et plusieurs sources talibanes avaient affirmé que le mollah Mansour avait été grièvement blessé mardi dans une fusillade lors d'une réunion de cadres de l'insurrection à Kuchlak, près la ville pakistanaise de Quetta. Vendredi, un porte-parole du gouvernement afghan, Sultan Faizi, était allé plus loin, assurant sur Twitter que Mansour n'avait pas survécu aux tirs.

"Je ne me suis battu avec personne, il n'y a eu aucune réunion et je n'ai pas été à Kuchlak depuis des années. Tout ça c'est de la propagande ennemie", ajoute le message. Le chef taliban a pris la succession du charismatique mollah Omar il y a un peu plus de quatre mois.

L'authenticité de la voix sur la bande n'a pas pu être vérifiée de source indépendante mais certains commandants talibans ont estimé qu'il s'agissait bien de celle du mollah Mansour. Sultan Faizi a lui dit ne pas être certain de l'authenticité du message. "Nous ferons notre propre évaluation", écrit-il dans un nouveau tweet. Les dénégations de la rébellion islamiste sur la réalité même de la fusillade ont été accueillies avec scepticisme.

"Divergences profondes"

Le mouvement avait gardé secrète pendant plus de deux ans la mort de son leader historique, le mollah Omar. Son décès, qui remontait à 2013, n'a été officialisé que le 31 juillet 2015. Pendant ce temps, des messages pour la fête de l'Aïd attribués au mollah Omar avaient continué à être diffusés. "Les talibans ont un problème de crédibilité depuis qu'ils ont reconnu avoir caché le décès du mollah Omar", a dit l'analyste militaire Jawed Kohistani.

Quoi qu'il en soit, cet incident semble témoigner de divergences profondes au sein de la rébellion, et risque de compliquer les efforts en cours pour relancer un dialogue entre Kaboul et les talibans, avec l'aide d'Islamabad.

La nomination du mollah Mansour, qui était le numéro deux du chef historique des talibans, a été jugée précipitée par certains, et aussitôt contestée par plusieurs mouvances de la rébellion, dont la famille du mollah Omar et des chefs militaires. Début novembre, une faction dissidente s'est constituée formellement, en se choisissant un chef, le mollah Mohammed Rassoul, qui nie toute légitimité à son rival.

Partisane d'une ligne dure et proche de Daesh, cette dissidence constitue également un défi majeur pour les pourparlers de paix, actuellement suspendus, alors que le mollah Mansour est perçu comme favorable au dialogue avec le gouvernement afghan.

Après une première session historique en juillet au Pakistan, les négociations avaient tourné court avec l'annonce de la mort du mollah Omar. Si le mouvement fondamentaliste est divisé, les talibans ont étendu leur emprise ces derniers mois au-delà de leurs bastions traditionnels ruraux du sud et de l'est afghans.

De plus en plus actifs dans le nord, ils ont frappé un grand coup symbolique fin septembre en conquérant brièvement la ville de Kunduz, verrou stratégique sur la route du Tadjikistan. Chassés du pouvoir à la fin 2001 par une intervention militaire menée par les Etats-Unis, les fondamentalistes talibans mènent depuis une rébellion tenace contre le gouvernement afghan et ses alliés de l'Otan.

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