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Pologne : la justice se prononce sur l'extradition de Roman Polanski aux Etats-Unis

Roman Polanski le 20 mars 2015 à Paris  [Lionel Bonaventure / AFP/Archives] Roman Polanski le 20 mars 2015 à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]

Un tribunal de Cracovie, en Pologne, devrait se prononcer vendredi sur l'extradition aux Etats-Unis du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, dont la présence à l'audience est incertaine.

Un ex-ministre de la Justice et ténor de la droite conservatrice victorieuse des élections législatives en Pologne s'était prononcé la veille en faveur de cette extradition.

"Nous devrions autoriser l'extradition de Polanski. On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d'avoir abusé d'une mineure", a déclaré jeudi aux journalistes Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du parti conservateur catholique et populiste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski.

"La pédophilie est un mal qu'il faut poursuivre", a insisté M. Ziobro. Debut octobre, M. Kaczynski avait déjà dit "rejeter l'idée de gracier quelqu'un, du simple fait qu'il soit un réalisateur éminent, mondialement connu".

Le tribunal de Cracovie, qui instruit la demande d'extradition américaine, devrait annoncer sa décision vendredi à partir de 09H30 locales (08H30 GMT), selon l'avocat du réalisateur, Me Jerzy Stachowicz. Il a dit ne pas savoir si son client assisterait ou non à cette séance du tribunal.

Montage en date du 25 février 2015 de deux portraits d'archives de Samantha Geimer (non daté) et Roman Polanski le 14 octobre 2013 à Paris [Kenzo Tribouillard / Janek Skarz / AFP/Archives]
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Montage en date du 25 février 2015 de deux portraits d'archives de Samantha Geimer (non daté) et Roman Polanski le 14 octobre 2013 à Paris
 
"Un refus d'extradition prononcé par le tribunal sera définitif. En revanche, dans le cas d'un feu vert, nous aurons toujours la possibilité d'en faire appel", et l'ultime décision appartiendra au ministre de la Justice, a précisé Me Stachowicz.

"Si une telle décision doit être prise par le futur ministre de la Justice, quel qu'il soit, il devrait donner son accord à l'extradition", a insisté jeudi M. Ziobro, tandis que le futur gouvernement sera formé par Droit et Justice, qui dispose de la majorité absolue dans le nouveau parlement.

Les Etats-Unis avaient adressé à la Pologne en janvier une demande d'extradition de Roman Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du "Bal des Vampires" et de "Rosemary's Baby".

Aucune mesure préventive

En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure s'était enfui des Etats-Unis avant la lecture du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

La ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d'extradition n'est pas fondée, compte tenu de l'accord passé à l'époque entre le cinéaste et la justice américaine.

Aux termes de cet accord, accepté par le procureur et les avocats de la victime, disent-ils, la peine prévue a été purgée par leur client.

Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d'experts et témoignages réunis lors des procès précédents aux Etats-Unis et en Suisse.

"Je voulais savoir quels documents seront présentés et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient été acceptés", avait déclaré M. Polanski aux journalistes, à la sortie du tribunal.

Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste franco-polonais de 82 ans avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos.

Aucune mesure préventive n'a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer.

Selon la loi polonaise, c'est d'abord un tribunal qui statue sur une demande d'extradition. S'il la refuse, l'affaire est close. S'il l'approuve, la décision finale appartient au ministre de la Justice.

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