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Afghanistan : MSF se retire de Kunduz après le bombardement de son hôpital

Après le bombardement, le président américain a présenté ses condoléances[MSF / AFP]

L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) a évacué son personnel de la ville afghane de Kunduz, au lendemain de la mort de 19 personnes dans le bombardement de son hôpital, qui pourrait être dû à un raid américain.

 

La fermeture du centre de soins de MSF est un coup terrible pour la population civile de Kunduz prise dans les combats entre l'armée afghane et les rebelles talibans pour le contrôle de cette grande ville du nord afghan. C'est le seul établissement capable de soigner les blessures de guerre les plus graves dans le nord-est de l'Afghanistan.

"L'hôpital de MSF n'est plus en état de fonctionner. Les patients qui se trouvent dans un état critique ont été transférés vers d'autres établissements médicaux. Plus aucun employé de MSF ne travaille dans l'hôpital", a déclaré à l'AFP Kate Stegeman, porte-parole de l'ONG en Afghanistan.

"A l'heure actuelle, je ne peux pas vous dire si le centre de traumatologie de Kunduz rouvrira ou pas", a-t-elle ajouté.

La tragédie a très vite viré à la polémique, car l'ONG a affirmé avoir transmis préventivement les coordonnées GPS de son hôpital aux armées afghane et américaine. Or les bombardements se sont poursuivis "pendant plus de 45 minutes" après que l'ONG a averti les armées afghane et américaine que son établissement de Kunduz avait été touché par de premiers tirs. "Les impacts étaient très ciblés, toujours sur le même bâtiment. L'avion est parti, puis il est revenu pour redonner suite à une série d'impacts, exactement sur le même bâtiment", a expliqué le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF, à l'AFP.

 

"Dommages collatéraux" 

Le président américain Barack Obama a présenté ses "plus profondes condoléances" après l'attaque dans laquelle 12 employés de MSF et sept patients, dont trois enfants, ont péri, mais il a dit attendre les résultats de l'enquête "avant de porter un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie". Une prudence sémantique déjà de mise dans la bouche de la mission de l'Otan en Afghanistan, qui compte encore 13.000 soldats, dont 10.000 Américains. L'Alliance atlantique a évoqué des "dommages collatéraux" qui pourraient avoir été engendrés par un raid américain visant des insurgés talibans. Ces derniers se battent depuis lundi contre l'armée afghane pour le contrôle de Kunduz.

Pourtant, l'ONU est vite montée au créneau, qualifiant ce bombardement d'"inexcusable". La frappe aérienne pourrait relever du "crime de guerre" si elle était jugée "délibérée par la justice", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein. Une colère reprise à son compte par MSF. Sa présidente, Meinie Nicolai, a même refusé que le terme de "dommages collatéraux" soit accolé à cette "tragédie".

Selon un responsable américain, l'enquête va porter sur le rôle joué par un avion américain AC-130, un appareil dérivé de l'avion de transport C-130 équipé de plusieurs canons pour mener des opérations d'appui au sol. 

Le général John Campbell, le chef de la mission de l'Otan en Afghanistan et commandant des troupes américaines sur place, "envoie un général à Kunduz pour mener ces investigations", a déclaré un responsable américain à l'AFP.

L'opération visait sans doute "des terroristes armés qui ont attaqué l'hôpital de MSF et l'ont utilisé en tant que base pour attaquer les forces afghanes et les civils", selon le ministère afghan de la Défense.

 

"Aucun coup de feu" 

En Afghanistan, les frappes aériennes de la coalition de l'Otan font l'objet d'une controverse quant aux "dommages collatéraux" qu'elles engendrent. Mais elles se sont avérées capitales dans le soutien apporté par l'Otan à l'armée afghane dans sa contre-offensive pour reprendre Kunduz aux talibans. 

Les insurgés étaient parvenus à s'emparer de la ville en quelques heures seulement lundi, remportant ainsi leur plus grande victoire depuis la chute de leur régime en 2001 et infligeant un grave revers au président Ashraf Ghani. 

Les forces de sécurité afghanes ne leur ont opposé qu'une faible résistance, symptomatique des énormes difficultés qu'elles rencontrent pour contenir les combattants islamistes.

Dimanche, après six jours d'âpres combats, le calme semblait revenu dans la ville "libre de talibans", selon Sayed Sarwar Hussaini, le porte-parole de la police provinciale. "Depuis hier soir (samedi, ndlr), nous n'avons entendu aucun coup de feu, aucune explosion", a témoigné Shir Alam, un commerçant de Kunduz.

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