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L'Europe démunie face aux migrants

Des migrants en provenance de Budapest, arrivent à la gare de Vienne, le 31 août 2015 [PATRICK DOMINGO / AFP]

Face à un afflux massif et continu de migrants, les vingt-huit dirigeants de l’Union européenne peinent à établir une stratégie commune.

 

"Le plus grand défi pour les années à venir." Mardi, à Berlin, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a parfaitement résumé la crise qui touche l’Europe. Allemagne, France, Grèce, Hongrie… Depuis maintenant de longs mois, de nombreux membres de l’Union européenne sont confrontés à une arrivée constante de migrants ­illégaux. Pour la seule journée de lundi, un total record de 2 200 demandeurs d’asile sont arrivés en Bavière. Un autre record a été enregistré à Vienne, en Autriche, où 3 650 migrants ont débarqué en train, en provenance de la capitale hongroise Budapest.
 
Porte d’entrée de nombreux migrants venus des Balkans, la Hongrie n’a pour le moment trouver comme seule solution d’ériger un mur de barbelés le long des 175 kilomètres de frontière qui la sépare de la Serbie. Une solution forcément inadaptée à ce phénomène hors du commun, qui illustre l’incapacité de l’Union à bâtir une stratégie commune.
 
 
Une situation exceptionnelle
 
Selon un récent rapport de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, sur les sept premiers mois de l’année, le nombre de migrants arrivés aux portes de l’UE a atteint environ 340 000, contre 123 500 pour la même période en 2014. Une situation exceptionnelle qui est la conséquence de nombreuses déstabilisations à travers le monde. Ces candidats à l’asile n’ont rien à voir avec la migration «économique» dont l’Europe est traditionnellement la cible.
 
«90 % des migrants sont des Syriens, des Afghans et des Irakiens, explique Louise Carr, coordinatrice du programme ‘Personnes déplacées’ au sein d’Amnesty France. Ils fuient la guerre ou les persécutions et n’ont pas d’autre choix.» Ils sont donc prêts à tout pour atteindre des pays où ils pourront être sécurité.
 
Résultat : les drames se multiplient. Selon les chiffres rendus publics hier par l’Organisation ­internationale pour les migrations, quelque 2 643 personnes ont perdu la vie en Méditerranée depuis le début de l’année. En 2014, sur douze mois, ils n’étaient «que» 3 500. Sans compter ceux qui meurent sur les routes, comme dernièrement en Autriche. Des drames face auxquels les différents gouvernements semblent impuissants.
 

 
Des solutions à l’étude
 
Si certains pays comme la Hongrie ou l’Espagne érigent des murs à leurs frontières, d’autres envisagent des solutions plus adaptées. Mariano Rajoy et Angela Merkel ont insisté mardi sur la nécessité d’une politique migratoire et d’asile commune aux pays de l’UE. Ils ont notamment évoqué la mise en place d’une répartition équitable des candidats à l’asile et l’ouverture de «centres de tri» pour séparer migrants économiques et réfugiés. Leur homologue italien, Matteo Renzi, a lui milité pour la mise en place d’un «droit d’asile européen». Selon le président du Conseil italien, dont le pays est en première ligne dans cette crise, cela permettrait d’intervenir dans les pays d’origine des migrants et de stopper ainsi «les voyages de la mort».
 
Autant de pistes qui seront sur la table le 14 septembre prochain, à Bruxelles, lors de la réunion exceptionnelle des ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne. «Le 14, il faudra une réponse coordonnée de l’UE, estime Louise Carr. Trop longtemps les pays se sont focalisés sur les contrôles aux frontières au lieu de mettre en place une politique d’asile digne de ce nom, maintenant, des vies en dépendent.»

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