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La Grèce ferme ses banques, les Bourses vers un lundi noir

Les négociations sur la dette grecque sont dans l'impasse. [ARIS MESSINIS / AFP]

Les rideaux de fer resteront baissés sur les banques grecques lundi, première journée de contrôle de capitaux décrétée par la Grèce au bord du gouffre financier, alors que les Bourses mondiales se préparaient à un lundi noir, effrayées par la possiblité d'une contagion de la crise.

 

De Tokyo à Hong Kong, les Bourses asiatiques étaient toutes très nettement à la baisse, Hong Kong cédant 3,63% en deuxième partie de séance.

Les Bourses continentales chinoises, qui avaient subi une dégringolade spectaculaire vendredi, dévissaient encore plus, cédant plus de 7%.

En Europe les analystes s'attendaient à de très fortes baisses à l'ouverture à 07H00 GMT, d'environ 5%, sauf en Grèce où la Bourse restera fermée.

Premier signe inquiétant : les taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro, notamment l'Espagne et l'Italie, se tendaient très fortement à l'ouverture sur le marché de la dette, celui de l'Espagne montant par exemple à 2,720% contre 2,150% vendredi.

Le gouvernement grec d'Alexis Tsipras a décidé dimanche de verrouiller son secteur financier pour le préserver d'un effondrement alors que les distributeurs de billets sont pratiquement à sec.

Les retraits aux guichets automatiques seront jusqu'au 6 juillet limités à 60 euros par jour, selon un arrêté sur le contrôle des capitaux publié au journal officiel grec dans la nuit de dimanche à lundi.

Le texte, signé par le président de la République Prokopis Pavlopoulos et M. Tsipras, fait état "du caractère d'extrême urgence et de la nécessité imprévue de protéger le système financier grec et l'économie grecque en raison du manque de liquidité entraîné par la décision de l'Eurogroupe du 27 juin de refuser l'extension de l'accord de prêt à la Grèce".

Les banques resteront fermées jusqu'au 7 juillet, surlendemain du référendum programmé pour le dimanche 5 par le gouvernement grec sur les négociations avec les créanciers du pays.

Ces négociations ont spectaculairement échoué samedi, plongeant l'Europe entière dans le doute et mettant la Grèce sur les rails d'une sortie de la zone euro.

 

Touristes préservés

Les touristes séjournant en Grèce -- le tourisme est un moteur vital de l'économie -- et toute personne possédant une carte de crédit émise dans un pays étranger, ne seront pas concernés par les mesures de limitation des retraits, a indiqué le gouvernement.

Tirant les conséquences de l'émoi provoqué par son annonce de référendum, M. Tsipras était apparu dimanche soir à la télévision pour notamment inviter la population à garder son sang-froid.

M. Tsipras a expliqué que le refus de l'Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro), samedi, de prolonger le programme d'assistance à son pays au-delà du 30 juin "a conduit la BCE à ne pas augmenter la liquidité des banques grecques et a contraint la Banque de Grèce à activer les mesures de fermeture provisoire des banques et de limitation des retraits bancaires".

Le Premier ministre, omettant de citer parmi les causes de cet émoi sa soudaine annonce, dans la nuit de vendredi à samedi, d'un référendum, a assuré d'un ton ferme que "les dépôts des citoyens dans les banques grecques sont absolument garantis", tout comme le versement des salaires et des retraites.

Alexis Tsipras a également dit avoir reformulé dimanche auprès de l'UE et de la BCE la demande de la Grèce d'une prolongation du programme d'aide dont elle bénéficie. Cette fois, la requête a été adressée au "président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu'aux présidents de la BCE, de la Commission et du Parlement européen.

 

Encore des marcges pour négocier

"J'attends leur réponse immédiate à cette requête démocratique de base", a-t-il ajouté dans son allocution télévisée. "Ce sont les seuls qui peuvent le plus rapidement possible, et même ce soir, renverser la décision de l'Eurogroupe et donner la possibilité à la BCE de rétablir le flux des liquidités des banques", a-t-il déclaré.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a estimé lundi qu'il subsistait encore "des marges pour la négociation" entre la Grèce et ses créanciers et annoncé pour la mi-journée de nouvelles "propositions" de Bruxelles.

Dimanche, les créanciers avaient envoyé quelques petits signaux positifs.

D'abord, la Banque centrale européenne, qui a donné un répit à la Grèce en maintenant intact le plafond de fourniture de liquidités d'urgence aux banques grecques, alors qu'on craignait qu'elle leur coupe les vivres.

Le patron de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a, quant à lui, tweeté le texte de la proposition des créanciers "pour l'information du peuple grec", laissant entendre en creux que, si les électeurs approuvent ces propositions, il sera encore temps de s'entendre.

M. Juncker doit donner une conférence de presse lundi à 10H45 GMT et il "fera des propositions" pour tenter d'éviter la sortie de la Grèce de l'euro, a affirmé M. Moscovici.

Quant au FMI, il a fait savoir qu'il restait prêt à "apporter son aide".

 

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