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"Grexit" et conséquences

Le président grec Alexis Tsipras. [YANNIS BEHRAKIS / POOL / AFP]

C’est une journée décisive pour la Grèce et l’Europe. Ce lundi, les chefs d’Etat ou de gouvernement de la zone euro se retrouvent à Bruxelles pour tenter d’éviter à Athènes un défaut de paiement inédit. Si aucun accord n’est trouvé, l’hypothèse d’une sortie de la zone euro, ou "grexit" (contraction de "Grèce" et de "Exit"), referait irrémédiablement surface.

 

Car si les traités européens ne permettent pas à un pays d’abandonner la monnaie unique, le tabou a été plusieurs fois évoqué. "Les risques sont d’une ampleur ­inconnue. Donc, il faut éviter ce scé­nario", a toutefois estimé dimanche Michel Sapin, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Mais les grandes lignes du scénario ont déjà été imaginées.

 

Un véritable coup de grâce pour l’économie grecque

Déjà au plus mal, l’économie grecque aurait du mal à se relever d’une sortie de l’euro. Selon les estimations, cela coûterait sur le long terme 10 % du PIB du pays. Un coût qui pourrait aller jusqu’à 40 ou 50 % du PIB (plus de 10 000 euros par habitant) la première année. Les Grecs, qui importent trois fois plus qu’ils n’exportent, verraient ensuite les prix s’envoler. L’inflation pourrait monter de plus de 30 %.

Le pouvoir d’achat et le niveau de vie, qui a déjà perdu 25 % depuis 2008, chuteraient, en augmentant le chômage. Les habitants les moins aisés, déjà affectés par la baisse des salaires ou des pensions, seraient alors les plus touchés. Les autres, qui détiennent de grosses sommes dans les banques, devraient voir leurs capitaux bloqués. La Banque nationale grecque, elle-même, évoque une "récession profonde".

 

Une nouvelle monnaie pour remplacer l’euro

Conséquence logique de l’abandon de l’euro, la Grèce devrait adopter une nouvelle monnaie. Devant la difficulté de frapper et d’imprimer des drachmes, l’Etat aurait certainement recours aux ­titres de dettes. Appelée "IOU" par les Anglo-Saxons ("I owe you", "Je te dois"), cette nouvelle monnaie serait immédiatement dévaluée, de l’ordre de 50 à 70 %, par rapport à l’euro. Ce qui pousserait les Grecs à tout faire pour les échanger contre des euros, encore en circulation dans le pays pendant un certain temps.

 

Des marchés internationaux pris de panique

Techniquement, les marchés d’actifs ne craignent pas spécialement le «grexit» car ils n’ont plus de "billes" dans l’économie grecque. Mais s’il y a bien quelque chose que les spéculateurs ­redoutent, c’est l’inconnu. Sans visi­bilité, les marchés européens devraient donc chuter violemment, comme lors de la crise asiatique en 1998. Les spéculateurs pourraient décider d’attaquer les dettes des autres pays (Espagne, Italie, etc.), ce qui prolongerait la crise et affolerait un peu plus les Bourses du continent. Seul le marché américain ­serait plus ou moins épargné.

 

Des créanciers qui ne seront pas remboursés

Le défaut de paiement de la Grèce, qui conduirait à sa sortie de l’euro, signifierait pour ses créanciers des dettes non remboursées totalement. Potentiellement, le FMI pourrait par exemple perdre 20 milliards d’euros. La BCE, de son côté, devrait certainement renoncer à 27 milliards d’euros d’obligations grec­ques.

Mais les Etats européens, qui se sont montrés garants d’Athènes lors de ces prêts, seraient également de grands perdants. Selon l’institut de conjoncture allemand IFO, le coût maximal d’un "grexit" pourrait atteindre 59,7 milliards d’euros pour la France, soit environ 1 000 euros par personne.

 

Un risque de contagion aux autres pays en crise

Les autres pays en difficulté, comme le Portugal et l’Espagne, pourraient être à leur tour tentés de sortir de la zone euro pour dévaluer leur monnaie et espérer «booster» leurs exportations. A l’opposé, les investisseurs, échaudés par le cas grec, seraient encore moins enclins à ­injecter de l’argent dans la dette de ces pays-là. Selon l’agence de notation Moody’s, leur ratio de dette/PIB serait amené à augmenter encore. 

 

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