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Scène d'horreur à Tunis

Deux individus armés au moins sont entrés dans le musée Bardo mitoyen au Parlement tunisien.[FETHI BELAID / AFP]

Des hommes en tenue militaire, armés de kalachnikov, ouvrant le feu sur des civils… Cette scène d’horreur, qui ravive de tristes souvenirs, a eu lieu mercredi, vers midi, en plein Tunis. La plupart étaient des touristes qui descendaient de leur bus devant le musée du Bardo, un haut lieu du tourisme local.

 

Les assaillants ont ensuite pourchassé leurs cibles jusqu’à l’in­térieur du bâtiment, tuant 19 personnes, dont deux touristes français. Les forces de l’ordre sont intervenus sur place. Les deux assaillants ont été abattus, et trois "complices" sont toujours recherchés.

Parmi le reste des victimes, on compte des ­Polonais, des Italiens, des Allemands et des Espagnols. Si l’attaque n’avait pas été revendiquée mercredi soir, le ministère tunisien de l’Intérieur a immédiatement évoqué la piste du jihadisme. "J’espère qu’un tel désastre n’arrivera plus", a déploré de son côté le président tunisien, Béji Caïd Essebsi.

 

La marque d’al-Qaida

Berceau des révolutions arabes et ­modèle de transition démocratique, la ­Tunisie apparaît comme une cible de choix pour les jihadistes. Et une telle opération, perpétrée à quelques ­dizaines de mètres du Parlement, n’aurait pas pu réussir sans une préparation poussée.

"Cette attaque porte l’emprunte d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), estime Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes. C’est la seule organisation capable de mener une attaque de ce genre. Elle n’accepte pas l’instauration d’une démocratie en Tunisie, et ambitionne d’y appliquer la charia".

Parmi les organisations jihadistes les plus puissantes en Tunisie figure la brigade Okba Ibn Nafaâ, affiliée à al-Qaida. Basée sur le mont Châambi, à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, cette dernière avait perpétré en juillet l’attaque la plus meurtrière contre l’armée tunisienne, tuant 15 soldats. La piste de Daesh semble moins probable, l’organisation n’étant pas implantée en Tunisie, même si 3 000 Tunisiens l’ont rejointe en Syrie et en Irak.

 

Une cible mûrement réfléchie ?

L’attaque constitue un coup dur pour la Tunisie, alors que le pays était relativement épargné par la montée du jihadisme. Le choix de la cible semble avoir été mûrement réfléchi. Le musée du Bardo est l’un des plus importants du continent africain, et abrite des trésors archéologiques – on ne savait pas hier si des pièces ont été détruites. Quoi qu’il en soit, le gouvernement redouble d’efforts pour convaincre les touristes de ­revenir visiter le pays.

"Prendre pour cible des touristes étrangers multiplie par mille l’impact médiatique de cette attaque, analyse Wassim Nasr. Les jihadistes ont frappé l’économie du pays en plein cœur". Le secteur commençait à peine à se relever après la révolution de 2011 : il a rapporté 1,59 milliard d’euros en 2014, soit 6,4 % de plus qu’en 2013. Et actuellement, il représente près de 7 % du PIB, étant à l’origine de près de 400 000 emplois, soit 12 % de la population active. Au-delà du traumatisme, l’attaque perpétrée devrait donc laisser des traces durables en Tunisie.

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